«Interlude » ou une véritable anecdote librement interprétée par Céline Pieters & Célia Ducaju. Le duo belge nous entraîne au milieu des troupes américaines pendant la Seconde Guerre mondiale pour conter une petite histoire, faite de combats et de moments de peur entrecoupés par des pauses musicales synonymes de paix et de joie. Cette bande dessinée se lit tout en écoutant sa bande-son qui rythme le ton du récit.

© Interlude – Dargaud – Céline Pieters et Celia Ducaju

Hiver 1944, la neige recouvre la campagne belge et l’armée américaine qui, en plus d’affronter le froid et la boue, se bat dans un conflit interminable pour la chute du régime nazi. Entre mauvaises nouvelles, batailles et difficiles conditions de vie, les occasions de se distraire sont quasi nulles. Mais, un jour parmi tant d’autre, tombe du ciel un piano Steinway spécialement conçu pour le front et destiné à remonter le moral des troupes. Son nom : le Victory Verticals. Il est de la même couleur vert olive que les uniformes des trois soldats qui vont tout risquer pour qu’il ne tombe pas entre les mains des Allemands. Très résistant, ce piano va à sa façon contribuer à la victoire.

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© Interlude – Dargaud – Céline Pieters et Celia Ducaju

A la fois un récit de guerre et un conte musical

Le titre « Interlude » résume parfaitement cette histoire qui positionne, comme pour marquer la fin de chaque chapitre, des pauses musicales correspondant à de brefs moments de répit et de gaieté qui font s’échapper les soldats de leur condition. Pour accentuer ce sentiment, les scènes de fêtes ou de chants autour du piano ne sont pas enfermées dans des cases mais au contraire se propagent même sur toute la page comme pour effacer la guerre.

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© Interlude – Dargaud – Céline Pieters et Celia Ducaju

Les trois sauveurs du piano se retrouvent ainsi à chanter et danser sur le cultissime « Sing, Sing, Sing » de Luis Prima après avoir fui une offensive allemande et avant de repartir dans la campagne au milieu de carcasses d’avion et de corps démembrés sur les barbelés. Ces interludes offrent de ré-entendre les plus grands standards du jazz, du swing et du plus célèbre classique du folklore américain en plus de cadencer le récit.

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© Interlude – Dargaud – Céline Pieters et Celia Ducaju

Un dessin et des couleurs apaisantes dans Interlude

Le trait tout en douceur est accentué par les casques ronds, les regards joyeux, calmes, compatissants, quelques fois fatalistes et rarement apeurés. Il est en accord avec l’ambiance, les décors blanchis par la neige et les teintes pastels. Même si c’est la guerre, et qu’elle est rappelée ici et là par quelques phrases chocs ou situations, elle n’est pas réellement montrée puisque dans tout l’album nous ne voyons en tout et pour tout qu’un seul tir à la mitraillette, deux explosions et une carcasse d’avion.

Tout est fait pour montrer le bonheur que procure le piano et donner au lecteur un sentiment contrasté avec la réalité de la guerre, même la fin, bien que triste, semble douce. Cette impression est aussi appuyée par les couleurs qui prennent le pas dans la narration sur le dessin dont le trait est simple et imprécis jusqu’à avoir des cases sur un fond uni. Les couleurs froides pastel telles le vert olive de l’uniforme GI et des pianos, le bleu nuit et le blanc de la neige sont omniprésentes à l’exception des scènes de musique ou la chaleur des teintes jaune et rouge accentuent le rôle bienfaiteur du Stenway sur les soldats.

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© Interlude – Dargaud – Céline Pieters et Celia Ducaju

Avec le choix de ce détail historique Céline Pieters a trouvé un excellent sujet de scénario qu’elle traite de manière simple et efficace. « Interlude », en plus de faire découvrir un fait méconnu, offre un moment de lecture agréable par le travail des couleurs de Celia Ducaju et les pauses musicales qui rappellent au lecteur les grands classiques du jazz et du swing américain. Les paroles des chansons sont parfois inversées et modifiées mais c’est probablement volontaire étant donné qu’elles sont chantées de mémoire par les soldats. Il peut être regretté le manque de personnalité des militaires, mais après tout le rôle principal n’est il pas attribué au piano et au bonheur qu’il a procuré sans distinction à tous les soldats qui ont entendu sa musique ?

© Interlude – Dargaud – Céline Pieters et Celia Ducaju

Chronique écrite par : Xavier G.

Informations sur l’album :

  • Scénariste : Céline Pieters
  • Dessin et couleurs : Célia Ducaju
  • Editeur : Dargaud
  • Pagination : 104 pages
  • Date sortie : 23 août 2024

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