Harry Dickson tome 3 : Le vampire aux yeux rouges

Les malédictions et les légendes sont des épées de Damoclès qui menacent à tous les instants de s’abattre sur des individus qui, par naissance ou malchance, en sont les victimes désignées. Mais, lorsque les tourments qu’elles engendrent sèment la panique et déclenchent les meurtres les plus effrayants, il faut un esprit plus affûté que les autres pour les stopper. Harry Dickson, le fameux « Sherlock Holmes américain », est tout indiqué pour résoudre ces effrayantes situations.

©Dupuis, 2025 – Harry Dickson tome 3 : Le vampire aux yeux rouges – Jean Ray – Catacchio, Headline, Vergari

Au terme d’une longue course poursuite l’ayant mené jusqu’en Allemagne, le détective Harry Dickson est parvenu à mettre hors d’état de nuire Ebenezer Grump, tueur sadique surnommé « le vampire aux yeux rouges ». A l’appel de la police teutonne, Dickson et son disciple Tom se rendent dans la ville d’Hildesheim où le criminel va être guillotiné. Grump développe en effet une attitude étrange depuis son incarcération. Alors qu’il a développé une rare intelligence lorsqu’il commettait ses affreux forfaits et ce durant de nombreux mois, le meurtrier s’est fait arrêter presque bêtement. De plus, à l’approche de son exécution, il supplie Dickson de mourir et de n’obtenir aucune grâce de dernière minute. De quoi a-t-il peur ? Est-il le jouet d’une intelligence supérieure cachée dans l’ombre ? Est-il bien le « vampire aux yeux rouges » ? Au pays des châteaux lugubres et hantés, Harry Dickson va devoir retrousser les manches de son Trench-Coat pour enquêter jusqu’aux frontières du réel.

©Dupuis, 2025 – Harry Dickson tome 3 : Le vampire aux yeux rouges – Jean Ray – Catacchio, Headline, Vergari

Les ingrédients, les condiments, le twist acidulé : tout y est !

Les différentes séries reprenant Harry Dickson ont en commun de reprendre les intrigues du créateur du « détective de l’étrange », Jean Ray. Le vampire aux yeux rouges, adapté par Doug Headline et Luana Vergari est ainsi fidèle au climat des histoires de l’écrivain belge. On trouve ainsi dans ce troisième opus de cette nouvelle collection tous les éléments d’une bonne fiction populaire « pulp » flirtant avec le fantastique avec pour unique volonté de distraire le lecteur par une ambiance inquiétante. Au fil des pages de la bande dessinée, on découvre ainsi des petites villes allemandes aux maisons inquiétantes, des campagnes glauques à souhait emplies de châteaux vides à réputation lugubre, une famille maléfique qui engendre de folles rumeurs, des individus bizarres, un meurtrier sanglant cherchant à être guillotiné et l’ombre d’un vampire démoniaque ! Autant dire que les auteurs n’ont pas eu peur d’incorporer tous les aliments clichés d’une histoire policière fantastique un peu gore afin de créer une bonne soupe de fiction populaire ! Headline et Vergari développent leur recette de fort belle manière en divisant l’histoire en chapitres aux titres bien trouvés, construisent le scénario comme un récit raconté par des récitatifs bien écrits et pas trop encombrants et maîtrisent savamment la progression de l’intrigue avec un découpage bien senti pour propager le mystère… Hélas, comme (quasiment) toujours avec Harry Dickson, le dernier quart de l’histoire tombe à plat, le héros découvrant le pot aux roses et la clé du mystère sans qu’on comprenne vraiment pourquoi et comment, et nous explique les choses avec flegme et calme, comme s’il connaissait depuis le début le mystère du vampire aux yeux rouges…

©Dupuis, 2025 – Harry Dickson tome 3 : Le vampire aux yeux rouges – Jean Ray – Catacchio, Headline, Vergari

L’ombre des fascicules

L’angoisse et l’atmosphère d’une fiction populaire sont certes soulignées par le talent des scénaristes, mais doivent être aussi soutenues par le dessinateur. A ce jeu-là, Onofrio Catacchio marque incontestablement des points. L’italien utilise en effet un style sobre, sans aucune fioriture ni aucun artifice et répond au cahier des charges de la simplicité efficace. Les décors, trains, voitures ou représentations d’intérieur sont ainsi autant clichés que le scénario, et, en conséquence, renforcent le climat étrange de l’histoire. Les personnages sont eux aussi conçus pour être ultra représentatifs de ce qu’ils sont : Harry Dickson est grand, large d’épaules au visage osseux, quand les méchants ou « êtres venus d’ailleurs » (ou supposés tels) sont d’affreux et lugubres personnages aux yeux de fous. Le dessin de Catacchio, s’il ne prétend pas être une œuvre d’art, rappelle celui des fascicules d’antan achetés par les écoliers chez le buraliste du coin. En ce sens, il sert parfaitement l’histoire. Il est en cela bien aidé par le coloriste Hiroyuki Ooshima, parfaitement à son aise pour représenter les ambiances mystérieuses nocturnes de la campagne allemande ou bien encore les nombreuses scènes de pluie. Les gris, bleus, vert clair de la palette de l’artiste sont visuellement au top et permettent au lecteur de s’imprégner dans l’histoire sans difficultés. Dommage que la couverture, avec sa grande plage de blanc, ne soit pas représentative de ce travail !

©Dupuis, 2025 – Harry Dickson tome 3 : Le vampire aux yeux rouges – Jean Ray – Catacchio, Headline, Vergari

Le vampire aux yeux rouges développe les thématiques et références connues et aimées par les amateurs de fiction policière se mêlant au surnaturel et devrait être apprécié des amateurs de Jean Ray, le « Lovecraft du nord ». Les auteurs surfent habilement sur la vague tracée par cet auteur classique en adaptant son œuvre avec ses qualités et ses défauts. Ils nous préviennent que le « Sherlock Holmes américain » reviendra bientôt dans une nouvelle enquête qui, par son titre, sera sans doute tirée du même tonneau : « La résurrection de la Gorgone ». Tout un programme !