D’Or et d’Oreillers
Le lord Adrian Handerson cherche à se marier. Trois sœurs issues de la bourgeoisie et leur servante, Sadima, se rendent au château. La même épreuve attend chaque prétendante pour espérer épouser le lord. D’or et d’Oreillers emprunte ses codes aux contes classiques évoquant La princesse au petit poisou encore Cendrillon, mais va s’orienter au fil du récit, vers une intrigue plus sombre, sensuelle et sanguinolente.
©Rue de Sèvres – D’Or et d’Oreillers – Flore Vesco et Mayalen Goust
Une histoire d’amour et de sorcellerie où l’on apprend ce que les jeunes filles font en secret, la nuit, dans leur lit…
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C’est un lit vertigineux, sur lequel on a empilé une dizaine de matelas. Il trône au centre de la chambre qui accueille les prétendantes de lord Handerson. Le riche héritier a conçu un test pour choisir au mieux sa future épouse : chaque candidate est invitée à passer une nuit chez lui, à Blenkinsop Castle, dans ce lit d’une hauteur invraisemblable. Dormir chez un inconnu, sans parent ni chaperon ? Quoi de plus scandaleux pour une jeune fille de bonne famille ! Malgré tout, Mrs Watkins y envoie ses trois filles, accompagnées d’une femme de chambre. Elles se rendent en tremblant au château. Seule, l’une d’entre elles retiendra l’attention du lord : robuste et vaillante, simple femme de chambre, Sadima n’a pourtant rien d’une princesse !
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D’Or et d’Oreillers revisite avec brio le conte classique de La princesse au petit pois, en y injectant une bonne dose de modernité et de mystère. Contrairement aux candidates précédentes, Sadima refuse de se conformer aux attentes imposées par le Lord. Ce qui commence comme une histoire d’amour prend rapidement une tournure bien plus sombre, flirtant avec le surnaturel. La force du scénario de Flore Vesco, qui adapte son propre roman en BD, réside dans ce renversement des codes du conte de fées.
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Comme dans beaucoup de contes classiques, la sexualité est présente, notamment dans la narration toute en métaphore, pour évoquer l’éveil au désir et à la sexualité avec une grande sensualité. Le récit met en lumière des sujets tels que les rapports de pouvoir, l’emprise, la manipulation, l’émancipation féminine ou encore la quête d’identité, tout en maintenant une tension constante. Cette construction narrative intelligente, passant du charme à l’angoisse, est une véritable réussite.
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Graphiquement splendide !
Après De cape et de mots, D’Or et d’Oreillers est le second roman de Flore Vesco adapté en BD. La dessinatrice Mayalen Goust sublime le récit de l’autrice avec son trait délicat. Les illustrations sont tout simplement époustouflantes ! Chaque page semble être un tableau à part entière. Les tons rouges profonds, les dorés chatoyants et les verts énigmatiques apportent une ambiance gothique et sensuelle. Les décors, en particulier l’intérieur du château et accentue sa personnification. Les couloirs sinueux et les chambres imposantes qui renforcent le caractère oppressant de l’histoire sont richement travaillés.
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La mise en page dynamique, avec ses cases de tailles variées et ses pleines pages saisissantes, joue avec la perception du lecteur. Son dessin casse, avec talent, les codes de la bande dessinée en s’affranchissant des cadres traditionnels, n’hésitant pas à utiliser une double page pour un seul dessin.
©Rue de Sèvres – D’Or et d’Oreillers – Flore Vesco et Mayalen Goust
Flore Vesco et Mayalen Goust ont su conjuguer leurs talents et proposent une belle et étonnante adaptation onirique du conte La princesse au petit pois pour un public d’adolescents et d’adultes aux éditions Rue de Sèvres. Romance, mystère, magie mais aussi une pointe de malaise se mêlent dans ce récit audacieux et visuellement magnifique, où l’on parle d’éveil à la sexualité, de consentement, de violence conjugale, de domination et d’émancipation.
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Une chronique écrite par : Emmanuelle Desseigne
Informations sur l’album :
- Scénario: Flore Vesco
- Dessins et couleurs : Mayalen Goust
- Éditeur : Rue de Sèvres
- Date de sortie : Le 18 septembre 2024
- Pagination : 180 pages en couleurs
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