Dans l’enfer d’Indianapolis – T1 de Michel Vaillant Légendes

Au lendemain de l’accident mortel d’Ayrton Senna, la presse avait titré : « Le pilote entre dans la légende ». Michel Vaillant n’a pas eu à connaitre ce destin funeste pour mériter ce qualificatif. Le plus célèbre pilote du 9ème art l’est en effet à plus d’un titre. D’abord par son palmarès hors du commun mais aussi car, bénéficiant de la magie de la BD qui l’empêche de vieillir, il a pu participer à toutes les épreuves marquantes du sport automobile. Entrer dans les coulisses des courses les plus mythiques est précisément l’objet de la nouvelle série dérivée « Michel Vaillant Légendes ». Dans l’enfer d’Indianapolis, le tome 1 de cette collection nous emmène ainsi aux fameuses « 500 miles d’Indianapolis ». 

Couverture de l'album Dans l'enfer d'Indianapolis
Couverture de l’album Dans l’enfer d’Indianapolis. © Michel Vaillant – Vincent Dutreuil et Denis Lapière – Dupuis

Nous sommes en 1966, l’ambiance des courses de cette époque était alors beaucoup plus décontractée et les pilotes encore libres de flâner pendant leurs temps libres, loin de l’hyper protection d’aujourd’hui. C’est d’ailleurs durant une pause hors circuit que commence cette histoire. Alors que la pluie s’abat sur la piste, Michel Vaillant et son coéquipier Steve Warson sont témoins d’une tentative de kidnapping sur le parking du bar où ils prennent tranquillement un café. Toujours prompts à secourir les innocents en détresse – surtout lorsqu’il s’agit d’une jolie fille – nos 2 boys scouts sortent la malheureuse de ce mauvais pas. Lorsque celle-ci, Rhona, raconte à Michel et Steve qu’elle est victime de la bande de voyous de son petit ami jaloux, les 2 pilotes se lient d’amitié avec la séduisante rescapée et l’engagent dans leur équipe. Devenue la coqueluche du paddock, la belle Rhona semble avoir bien des secrets à cacher et être particulièrement intéressée par la course qui s’annonce très ouverte avec un nombre de vainqueurs potentiels très important.

Page 3 de l'album Dans l'enfer d'Indianapolis.
Page 3 de l’album Dans l’enfer d’Indianapolis. © Michel Vaillant – Vincent Dutreuil et Denis Lapière – Dupuis

Loin des « Dossiers Michel Vaillant » purement documentaires, c’est donc par la fiction que le scénariste D. Lapière va, à l’aide du plus connu des pilotes de la BD, faire découvrir aux lecteurs les grands moments du sport automobile. Il le fait d’une façon fidèle à la série principale en entrecoupant une intrigue purement imaginaire – qui est Rhona et surtout, que cherche-t-elle ? – de pages explicatives sur le déroulement des 500 miles, des essais qualificatifs jusqu’à la course. Le scénariste place également dans sa narration des repères historiques permettant au néophyte de comprendre le contexte et l’importance de cette année 1966 dans l’épopée des 500 miles. Ces explications, un peu didactiques et parfois accessoires, peuvent toutefois laisser le connaisseur sur sa faim tant cette édition de la plus célèbre des courses américaines comporte de détails importants et d’anecdotes croustillantes. Cependant, par un découpage fluide et très lisible, la petite histoire de Rhona et ses aventures au sein du clan Vaillant s’insère bien dans la grande Histoire, ce qui permet de raconter ces 500 miles 1966 de façon divertissante et parfois même surprenante.

Page 4 de l'album Dans l'enfer d'Indianapolis.
Page 4 de l’album Dans l’enfer d’Indianapolis. © Michel Vaillant – Vincent Dutreuil et Denis Lapière – Dupuis

L’album, dont le cadre ne dépasse que très rarement le paddock d’Indianapolis, est illustré de façon extrêmement épurée par V. Dutreuil. Les décors sont minimaux et les personnages parfois assez éloignés de leur image habituelle même s’ils restent reconnaissables. Le trait léger et ouvert peut décontenancer les fidèles historiques car assez éloigné de celui d’un Graton à qui on a souvent reproché son aspect trop dur, géométrique « tracé à la règle ». On note toutefois un respect de la série et de son histoire à travers la belle couverture très classique et par le clin d’œil à l’album « Champion du Monde » dans une planche où on découvre le circuit d’Indianapolis au volant d’une Vaillante.

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Page 5 de l’album Dans l’enfer d’Indianapolis. © Michel Vaillant – Vincent Dutreuil et Denis Lapière – Dupuis

Au final, ce 1er opus de « Michel Vaillant – Légendes » propose une lecture plaisante mais sans véritable caractère. Cependant, ne boudons pas notre plaisir de retrouver le clan Vaillant tel qu’il était dans les albums mythiques de la série : le frère Jean-Pierre, toujours terre à terre ; le père Henri, gentiment colérique ; le fidèle mécano Joseph ; Steve, le presque frère, toujours cool ; et bien sûr Michel, avec son teint halé des 60’s, son polo rouge et son pantalon bleu. Cette ambiance studieuse mais aussi joyeuse et loin des tracas d’aujourd’hui du « Michel Vaillant » des Trente Glorieuses se retrouve quand même à la lecture de l’album. Rien que pour cela, cela vaut le coup d’œil !

Page 6 de l'album Dans l'enfer d'Indianapolis.
Page 6 de l’album Dans l’enfer d’Indianapolis. © Michel Vaillant – Vincent Dutreuil et Denis Lapière – Dupuis

Chronique écrite par Mathieu DEPIT

Informations sur l’album

  • Scénario : Denis Lapière
  • Dessin : Vincent Dutreuil
  • Couleurs : Vincent Dutreuil
  • Éditeur : Dupuis « Grand public »
  • Date de sortie : 23 septembre 2022
  • Pagination : 64 en couleurs
  • Format : 240 x 320

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