Dadji, de Dakar à Djibouti

Élodie Arrault et Joël Alessandra aiment profondément l’Afrique. Quand deux passionnés se rencontrent, cela débouche sur un livre empreint d’une grande sensibilité relatant un voyage captivant,de plus de 8000 km, le long de la grande initiative verte panafricaine.

dadji de dakar à djibouti
© Futuropolis – Dadji, de Dakar à Djibouti – Élodie Arrault et Joël Alessandra

Aventurière, sportive accomplie mais surtout passionnée par la nature et l’écologie, au point d’en faire son cheval de bataille, Élodie Arrault a découvert l’Afrique il y a plus de 30 ans. À l’époque, elle a accompagné son prince charmant qui effectuait son service militaire au Sénégal. Dans ce pays, le couple s’est aimé et aurait souhaité s’y installer plus durablement. Mais, une partie du continent africain est construite sur une instabilité politique chronique. Les deux amoureux s’installent alors en France. Trois enfants et un divorce plus tard, ce qui apparaissait tout d’abord comme un bouleversement, constitue finalement un nouveau cap pour la jeune femme. Elle entreprend une formation en oléiculture et débute une pratique intensive du sport. Élodie se construit petit à petit une nouvelle vie qui l’amène à traverser la Sibérie puis à revenir sur le continent Africain pour le compte de différentes ONG.

© Futuropolis – Dadji, de Dakar à Djibouti – Élodie Arrault et Joël Alessandra

À 50 ans, forte de ses expériences personnelles et professionnelles, elle imagine un nouveau voyage. En 2022, elle décide de rencontrer les acteurs et les actrices qui s’investissent dans la mise en place d’une initiative innovante, « La Grande Muraille Verte ». Ce projet d’une envergure exceptionnelle vise à planter des arbres sur une bande de 15 kilomètres de large en traversant pas moins de 11 pays. Environ 100 millions d’hectares sont à restaurer, soit presque deux fois la France métropolitaine. À terme, outre la création d’emploi, ses initiateurs cherchent également à séquestrer 250 millions de tonnes de CO2 grâce à la végétation. L’ extraordinaire périple de l’aventurière converge doucement vers une ode à la mobilité douce puisqu’elle choisit de voyager à vélo, à pied et à dos de chameau pour entreprendre sa grande traversée.

Un récit intimiste

Dès les premières pages de Dadji, Élodie Arrault se dévoile aux lectrices et aux lecteurs. Ce récit à la première personne est intimiste et n’élude aucun des obstacles qui ont jalonné le parcours de l’écologiste-aventurière. Elle aborde le décès de sa maman, la maladie de sa fille et la difficulté de son couple comme autant d’événements constitutifs de son caractère et de sa destinée. En outre, elle a soif de rencontres et surtout une envie incommensurable de comprendre les caractéristiques de cette Grande Muraille Verte. Toutefois, cette inébranlable envie de connaissance s’entremêle avec une forme de quête intérieure propre à ce type de voyage engagé.

© Futuropolis – Dadji, de Dakar à Djibouti – Élodie Arrault et Joël Alessandra

Tout au long de l’album, Élodie Arrault convie son lectorat à mieux comprendre les enjeux de cette incroyable initiative panafricaine, distillant ici et là quelques graines propices à une sensibilisation efficace. Elle présente les initiatives locales qui fonctionnent sans pour autant passer sous silence celles qui échouent.

© Futuropolis – Dadji, de Dakar à Djibouti – Élodie Arrault et Joël Alessandra

Aquarelle de voyage dans Dadji, de Dakar à Djibouti

Pour suivre le voyage d’Élodie Arrault et surtout pour en garder une trace qui prend la forme d’un cahier de voyage pris, presque sur le vif, qui de mieux placé que le dessinateur Joël Alessandra ? L’aquarelliste marseillais est un grand voyageur, fasciné par l’Afrique. Il a promené ses pinceaux sur l’ensemble du continent. En outre, il retrouve un autre de ses thèmes de prédilection, celui de valoriser des personnalités qui le touchent, notamment les femmes (Voir l’album La Force des femmes). Son trait est reconnaissable et, une nouvelle fois, l’artiste nous touche au cœur ! Il sublime non seulement le récit de l’héroïne principale de l’album, mais apporte également une forme de tendresse et de respect envers tous les personnages rencontrés au cours de ce périple. Surtout, il valorise également l’un des protagonistes les plus discrets, mais les plus importants de tout le récit : la nature ! Entre la narratrice et le dessinateur, la connexion est totale. Le duo embarque les lectrices et les lecteurs à la découverte qui débute le long d’une mangrove sénégalaise pour se terminer aux abords d’une mangrove djiboutienne. Le parcours d’Élodie est parsemé d’arbres emblématiques. Là, le carnet de voyage se métamorphose en ouvrage sur l’arboriculture. On y découvre, en double page, de magnifiques aquarelles de Baobab, Manguier ou autres Palmiers. Chaque dessin est complété de textes qui relèvent l’importance de l’arbre dans le contexte africain et de la nécessité de le protéger.

La Grande Muraille Verte est un défi écologique long de plus de 8 000 km. L’idée émerge en 2002 lors d’une journée mondiale contre la désertification. Les populations les plus défavorisées sont celles qui polluent le moins et pourtant, sont celles qui subissent le plus les effets du dérèglement climatique. À travers cette épopée, il convient de se laisser guider afin de découvrir ces initiatives qui germent, ici et là, à la manière des petits graines semées par Élodie Arrault tout au long de son parcours. Les pays du Nord et du Sud se doivent une assistance mutuelle dans cette lutte écologique, qui a dépassé le stade de l’urgence, pour développer une muraille verte, porteuse d’espoir malgré des contextes locaux et internationaux toujours plus tendus. Toutefois, c’est définitivement la seule barrière qui mérite d’être érigée car celle-ci ne sépare pas les peuples, mais bien au contraire, les rapproche dans un même élan d’humanité.

Une chronique écrite par : Bruce Rennes

Informations sur l’album Dadji, de Dakar à Djibouti

  • Récit : Élodie Arrault
  • Dessin : Joël Alessandra
  • Couleurs : Joël Alessandra
  • Éditeur : Futuropolis
  • Date de sortie : Le 2 avril 2025
  • Pagination : 244 pages en couleurs

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