Coboye

Si Cédille, Le Monde Dans les Mains, premier livre de Cécile, rend déjà les lecteurs nostalgiques de leurs années d’enfance, Coboye envoie des émotions encore plus fortes et plus réelles. En effet, ce recueil d’illustrations, qui rappelle les albums photos familiaux, regroupe les frasques de Cécile (dessinatrice de Amy pour la Vie, Lulu et Fred et le Livre de Piik), qui livre ses souvenirs dans une magnifique autobiographie aux couleurs vives.

Quel enfant n’a pas rempli les poches de ses pantalons de mille trésors plus ou moins vivants ? Qui n’a pas essayé d’attraper sauterelles et têtards ? Et quel polisson ne raconte pas avoir organisé une course d’escargots ? Pas Cécile en tout cas. Cette petite fille aux idées rocambolesques s’imagine cowboy de l’Est sauvage, se rend coupable de détournement d’objets ou, pire, de tentative de trafic d’allumettes, de pétards et autres « chouinegomes », lui valant maints regards noirs de sa mère, qu’elle surnomme « Shérif » dans ses jeux d’enfant.

Plus qu’une BD, un album de souvenirs

Au fil des planches, le lecteur a l’impression que tout est en vrac. En effet, les images qui se succèdent page après page n’ont aucun lien entre elles : Cécile agence ses propres souvenirs tels qu’ils arrivent, comme lorsque chacun se plonge dans son propre passé. Mais cette disposition atypique fait ressortir avec plus de force le côté « album photos » du livre, et le format BD permet d’y insérer des phylactères qui redonnent vie à ces souvenirs. Et comme dans tout album photos, des légendes racontent, avec poésie et humour décalé, ce que manigance la jeune fille. À chaque page, le lecteur n’a qu’une hâte : découvrir une nouvelle bêtise du Coboye, et c’est chacune de ces choses, qui, combinées, fait tout le charme de cet album.

Prendre vie au travers de l’aquarelle

Ce livre n’est autre qu’un voyage au cœur d’une galerie de tableaux aux couleurs luxuriantes. Sur chaque page, un nouvel autoportrait de la jeune fille dépeint un caractère casse-cou et un brin chenapan. Chaque saynète est travaillée à l’aquarelle, dans de jolies teintes vives. Les images semblent s’animer au rythme des bêtises du « Coboye », et il n’est pas rare de percevoir le bruit de la pluie ou du vent tant les vignettes sont immersives aussi bien par le travail des dessins que celui, sublime, des couleurs.

Souvenir souvenir

Grâce à Coboye, Cécile livre un bout d’elle-même, et si ces souvenirs sont personnels, tout le monde pourra s’y retrouver. Ainsi, chacun peut se reconnaître au travers de son avatar, ce qui rend la lecture du livre encore plus prenante. Elle arrive à communiquer avec force au lecteur une partie de sa nostalgie, le faisant lui aussi replonger au fin fond de sa mémoire. Et si certaines images restent sans texte, c’est pour mieux profiter d’instants de silence afin de se remémorer le chemin parcouru depuis cet âge tendre.

La mise en dessins de ses souvenirs d’enfance rappellera de manière touchante aux lecteurs leurs propres gaffes, bêtises et leurs jeux d’enfants. Cécile met tant de sensibilité dans ses histoires qu’il est très facile de s’y identifier. Vivement d’autres ouvrages dans ce style poétique et coloré.