Carcajou

Eldiablo au scénario et Djilian Deroche au dessin proposent un western original avec l’album Carcajou. Ils nous offrent plus de 200 pages d’aventures et d’intrigues dans le Grand Nord canadien de la fin du XIXe siècle.

Dès les premières pages, le décor est installé : nous sommes à la fin du XIXe siècle dans l’état canadien d’Alberta. Nous faisons la connaissance de Gus, un prospecteur d’or qui achète un immense lopin de terre à flanc de colline, dans un coin sauvage. Il se retrouve à affronter les éléments et des animaux hostiles, en l’occurrence un carcajou, dans un combat à mort qui lui vaudra son surnom.

Pression et machinations

Carcajou va vivre en ermite sur sa colline à côté de la ville de Sinnergulch. Et à Sinnergulch, le patron, c’est Jay Foxton. Sa famille a bâti sa fortune sur l’extraction du pétrole. Son entreprise assure la prospérité de toute la ville ce qui lui assure le pouvoir et la fidélité sans faille du maire et du shériff. Gus Carcajou sans le savoir, vit sur un trésor d’hydrocarbures. Il devient un vrai problème pour un Foxton guidé par l’appât du gain, l’orgueil et la toute-puissance.

On croise dans ce récit des personnages aux profils psychologiques marqués, servis par des dialogues vifs et percutants. Eldiablo nous accroche avec une intrigue finement ciselée, une tension narrative qui va crescendo et qui nous tient en haleine jusqu’à la dernière case, l’ultime rebondissement !

Un graphisme stylisé qui nous immerge dans une nature canadienne dense

Grâce à un découpage réussi, Djilian Deroche multiplie les détails, nous immerge totalement dans les vastes paysages canadiens principalement enneigés. Son trait simple mais vif, qui n’est pas sans rappeler celui de Christophe Blain, rend les personnages très expressifs. Le tout est rehaussé par un choix de couleurs chaudes efficaces. Mention spéciale à la couverture qui, elle, est tout en camaïeu de bleus.

Cette BD haletante, réservée à un public ado et adulte, déroule adroitement son scénario servi par des personnages loin d’être manichéens dans cette fin de XIXème qui marque le début de l’installation des puits de pétrole, un or noir qui rapporte encore plus que le jaune des chercheurs d’or. Cette ambiance à huis-clos, à hauteur du microcosme du village de Sinnergulch où l’isolation donne l’illusion de ne dépendre d’aucune loi, accentue la tension narrative. Tout en respectant les codes du western, Carcajou offre un récit passionnant et marque son originalité avec des touches fantastiques.