Petit à petit Mark Eacersall commence à se faire une réputation dans le milieu de la bande dessinée. Après GoSt 111, Tananarive, Cristal 417 ou encore À mourir entre les bras de ma nourrice, le scénariste continue sur la voie du polar avec Calle Málaga, dessiné par le débutant James Blondel.

Calle Málaga Grand Angle couverture

©Grand Angle – Calle Málaga – Eacersall et Blondel

Dans une station balnéaire déserte située sur la route menant à Málaga, Saïd, un criminel en fuite, passe le temps comme il peut. Un jour, un nouveau résident, lui aussi français, prend la chambre à côté de celle de Saïd. Une amitié va se former entre les deux hommes.

Calle Málaga Grand Angle planche 7

©Grand Angle – Calle Málaga – Eacersall et Blondel

Un polar intime et contemplatif

Les lecteurs du précédent album de Mark Eacersall, À mourir entre les bras de ma nourrice, se souviennent du côté terre-à-terre, réaliste mais aussi du rythme grandement maîtrisé de cet album. Il comptait, certes, plus de 100 pages sans pour autant provoquer l’ennui tellement les péripéties s’enchaînaient comme une mécanique bien huilée. Et bien c’est tout l’inverse ici ! Si, le côté réaliste est toujours bien présent, le rythme est bien différent. Le scénariste voulait un côté plus contemplatif et intime à cette histoire de bandit en cavale. Il le dit lui-même dans le dossier de presse : « C’est évident dès la première séquence. J’aime ce genre de récits silencieux, qui sollicitent notre imaginaire, qui peuvent rendre le lecteur plus attentif ». 

Le rythme de l’histoire est différent mais fonctionne bien. En effet, Calle Málaga fait 70 pages mais s’arrête au bon moment : lorsqu’il n’a plus rien à dire. Il aura tout de même pris le temps d’installer son atmosphère et son contraste : raconter une histoire noire qui se déroule dans un lieu inondé de lumière. Cela rappellera aux amateurs de cinéma le début du Parrain : Don Corleone règle ses « affaires » dans les ténèbres de son bureau avant de poser fièrement en plein soleil sur la photo de famille. Saïd n’a pas d’ « affaires » à régler, il se terre au fond de son appartement sans lumière et tente d’avoir l’air aussi normal que possible lorsqu’il s’expose à la lumière du jour.

Le seul regret que le lecteur pourrait formuler, c’est l’absence d’une scène d’action qui aurait marqué les esprits comme par exemple un course-poursuite dans les montagnes. 

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©Grand Angle – Calle Málaga – Eacersall et Blondel

La vie gâchée de James Blondel

Parallèlement à son travail en tant qu’illustrateur et coloriste, James Blondel a suivi des études de biologie à Rouen. Il est maintenant professeur de SVT et c’est Mark Eacersall qui l’a convaincu de se lancer dans l’aventure BD ! « D’une certaine façon, j’ai foutu sa vie en l’air ! Il venait juste d’entamer sa carrière de professeur de SVT et m’a clairement dit qu’il ne comptait pas changer de voie, surtout après avoir fait 5 ans d’études… Pour le convaincre, j’ai surtout écrit ce scénario sur mesure ». 

Le nouveau venu peut être fier de son travail sur cet album. Par moments, le lecteur a l’impression de lire un album de Brüno (Tyler Cross) même si Blondel n’en a pas encore la maîtrise et la précision. Le même lecteur sentira aussi les influences de la bande dessinée américaine, surtout pour les décors intérieurs, et japonaise (pour le design de certains personnages).        

Au niveau des couleurs, Blondel a choisi de travailler les contrastes entre les intérieurs sombres et les extérieurs lumineux. Le résultat est plutôt réussi et participe grandement à créer l’atmosphère intimiste voulue par le scénariste.

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©Grand Angle – Calle Málaga – Eacersall et Blondel

Un paradoxe Calle Málaga ?

Calle Málaga est un album recommandable : un bon scénario qui s’arrête quand il le faut, des dessins et couleurs au service de l’histoire.

Et pourtant, il y a un paradoxe avec cet album. Ce paradoxe tient à sa nature : Mark Eacersall voulait un polar intime et contemplatif lié à ses souvenirs de vacances dans des stations balnéaires vides. Il l’a fait mais comme expliqué plus haut, il manque un moment fort en plus du twist de fin qui marquerait la mémoire du lecteur. Car en l’état, il n’y a pas une case ou une scène qui resterait dans la mémoire du lecteur. L’album risque donc d’être vite oublié et ce serait dommage parce qu’il ne mérite pas ce sort.

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©Grand Angle – Calle Málaga – Eacersall et Blondel

Une chronique écrite par : Frédéric P.

Informations sur l’album :

  • Scénario : Mark Eacersall 
  • Dessins : James Blondel
  • Couleurs : James Blondel
  • Éditeur : Grand Angle
  • Date de sortie : Le 26 février 2025
  • Pagination : 70 pages en couleurs

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