L’Ombre rouge – T11 de Buck Danny Classic
Avec son apparence purement militaire, d’homme costaud fait pour l’uniforme et avec sa mèche blonde absolument impeccable en toute situation, Buck Danny a ce qu’on appelle un physique de cinéma. C’est précisément autour des projecteurs et des bobines que tourne l’intrigue de « L’ombre rouge », nouvelle aventure de la collection « Buck Danny Classic ».
1947. Buck Danny, encore « seulement » major de l’US Air Force, est en permission lorsque son ami Sonny Tuckson lui propose de rejoindre le tournage du dernier film produit par Howard Hughes, pour effectuer des cascades aériennes. Les scènes sont filmées dans la « Vallée de la mort » et l’ambiance n’est pas au beau fixe. Dès le premier soir, Buck, Sonny et leur compère Tumbler apprennent qu’un mystérieux corbeau surnommé « L’ombre rouge » menace l’équipe du film. Très vite, des sabotages surviennent et blessent Tumbler qui va devoir rester immobilisé sur un lit d’hôpital. Alerté par la CIA, Buck comprend qu’un espion russe s’est introduit dans le milieu du cinéma et que son objectif serait de découvrir les secrets nucléaires des USA. Y a-t-il un rapport avec l’actrice principale du film de Hughes, Ava Warner, dont le comportement intrigue depuis le début du tournage ? Buck et Sonny vont devoir prendre les rôles de justiciers et relever le gant pour, encore une fois, sauver la patrie !
Une histoire façon « cinéma de papa »
C’est donc dans l’immédiat d’après-guerre que nous retrouvons Buck Danny et ses inséparables ailiers Tuckson et Tumbler. L’intrigue proposée par les scénaristes Zumbiehl et Marniquet colle parfaitement à l’époque, puisqu’elle tourne autour d’un mystérieux espion russe, des débuts de la guerre froide, et de la bombe atomique, arme encore très récente et véritable enjeu géopolitique.
L’intrigue de L’ombre rouge, en prenant pour toile de fond le cinéma hollywoodien, symbole du « rêve américain », montre les valeurs fondamentales de l’Amérique d’alors, comme il se doit dans un scénario de Buck Danny. Cependant, l’histoire permet aussi au lecteur d’apercevoir la face plus sombre des USA, puisqu’on peut deviner, dans le discours des agents de la CIA, le début du Maccarthysme qui va frapper le nouveau monde jusqu’à la fin des années 50. Les deux scénaristes émaillent le récit de références ultra classiques, tels les motards rappelant L’équipée sauvage, la foule devant les cinémas projetant Red River, ou les espions en chapeau, imperméables et gants, dans la plus pure lignée des films noirs américains des années 40 et 50, sans compter, bien sûr, la présence de la légende Howard Hughes, le fameux Aviator.
On notera aussi des références à la BD classique, comme la curieuse ressemblance entre L’ombre rouge, insensible aux balles lorsqu’il est traqué par le héros vertueux sur un quai brumeux, avec une certaine Marque Jaune londonienne…
Un classique à toute épreuve
Le dessin de Le Bras, réaliste et classique, embrasse parfaitement l’histoire. Comme le scénario, il montre des marqueurs connus aux lecteurs et s’immerge tout à fait dans l’époque. Les personnages principaux sont très ressemblants, les avions sont très bien réalisés, sans se perdre dans des détails, les voitures d’époque sentent bon le Hollywood de James Dean et Marlon Brando. A la manière d’une série B façon « Ciné-Club » du dimanche soir, les gros plans sont très présents et les décors réduits à leur portion congrue, peu fouillés et parfois répétitifs, comme si l’histoire, se passant pourtant réellement dans la vallée de la mort, était reproduite dans un studio californien. Même si cela n’entrave en rien la lecture, cela donne parfois une impression de cases vides, qui ne sied pas vraiment au grand format de l’album, composé de planches à trois bandes. La couverture, en revanche, est très réussie. Elle résume à elle seule, avec la présence de motards en cuir, d’un avion superbement croqué et des fameuses lettres « Hollywoodland », l’ambiance de la BD et attire l’œil par ses superbes couleurs. Ces couleurs, justement, sont un des points forts de l’album. Romanazzi et Formaggio arrivent à restituer l’atmosphère et la chaleur d’un Technicolor traditionnel, ce qui est tout à fait adéquat pour un Buck Danny Classic, qui plus est pour un opus se situant dans le milieu du cinéma.
L’ombre rouge s’inscrit donc, par son scénario et son dessin, parfaitement dans la collection Buck Danny Classic. Le lecteur y trouvera les éléments lui permettant de s’immerger immédiatement dans une lecture classique, lui permettant de retrouver Buck et ses amis, dans une aventure digne de la franchise. Gageons que Charlier et Hubinon, salués dans une dédicace en début d’album, n’auraient pas renié cet épisode de la longue saga de l’aviateur blond, qu’ils ont créée. Ces deux légendes de la BD partis trop tôt auraient eu 100 ans cette année. Happy birthday and thanks for everything, kids !
Chronique écrite par Mathieu DEPIT
Informations sur l’album
- Scénario : Frédéric Zumbiehl et Frédéric Marniquet
- Dessin : André Le Bras
- Couleurs : Ketty Formaggio et Valeria Tenaga Romanazzi
- Éditeur : Dupuis « Zéphyr »
- Date de sortie : 19 avril 2024
- Pagination : 46 en couleurs
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