Le Centile d’or – T24 de Largo Winch

Être l’un des hommes les plus riches du monde n’est pas une sinécure et Largo Winch le prouve à longueur d’albums. Sans cesse tiraillé entre la gestion pragmatique de son « Groupe W » et sa volonté humaniste et sociale, le « milliardaire en blue jeans » nous démontre encore une fois dans sa 24ème aventure, « Le centile d’or » qu’être businessman est une activité bien plus physique que ce qu’on ne pourrait le penser !

Couverture de l'album Le Centile d'or
Couverture de l’album Le Centile d’or © Largo Winch – Éric Giacometti et Philippe Francq – Dupuis

L’album précédent, « La frontière de la nuit », avait laissé Largo dans de bien mauvais draps ! Inconscient dans la navette spatiale de Jarod Manskind, un jeune tycoon féru d’espace avec qui il souhaitait trouver un terrain d’entente dans le rachat d’une entreprise, Winch parvient à sortir in extremis du piège qu’une organisation d’écolos radicaux avait tendu aux deux milliardaires. Ceux-ci ne sont pourtant pas tirés d’affaire tant on semble vouloir leur peau de façon acharnée. Pendant ce temps, Simon Ovronnaz, le grand ami de Largo, continue d’enquêter sur une mine d’étain en Indonésie que le chef du Groupe W, averti par un lanceur d’alerte assassiné peu après l’avoir contacté, avait décidé de fermer pour des raisons écologiques et éthiques. Et si les deux affaires étaient liées ? Dans la jungle du « centile d’or » regroupant les entrepreneurs les plus riches du monde, Winch et ses amis vont devoir batailler pour faire éclater une vérité peu ragoutante…

Page 3 de l'album Le Centile d'or
© Largo Winch – Éric Giacometti et Philippe Francq – Dupuis

Une formule qui a fait ses preuves

Suite et fin du diptyque entamé dans « La frontière de la nuit », « Le centile d’or » est construit sur le même modèle que les précédents albums de la série : deux sous-intrigues apparemment indépendantes qui vont se rejoindre et refermer un piège machiavélique sur Largo Winch. En développant un cadre mêlant un sujet économique à l’aventure avec un grand A, les scénaristes Giacometti et Francq restent dans l’univers créé depuis les débuts de cette collection plébiscitée par les lecteurs. Si quelques marronniers du monde de Winch sont toujours là (un héros poursuivi, un peu d’érotisme, un bras de fer entre Winch et les présidents des diverses activités du groupe), les auteurs apportent quelques innovations dans la trame de la série, initiées dans l’opus précédent. Ainsi, Largo diversifie ses activités pour aller vers l’économie verte, il entre, tel Jeff Bezos, dans la course à l’espace et s’entoure de nouveaux personnages appelés à devenir récurrents, comme Lloyd Bancroft, au détriment d’autres, comme Sullivan, incontournable des scénarios de l’époque Van Hamme. Malgré cette volonté de moderniser la série, « Le centile d’or » reste cependant une BD classique à l’intrigue de base purement policière, sans véritables surprises dont le dénouement est anticipable pour le lecteur attentif. Si la lecture est agréable, sans aucun ennui, l’émotion qu’on pouvait ressentir dans les grands albums de la série n’arrive pas à percer dans cette histoire où alternent les habituels rebondissements et coups de chance des héros avant d’arriver à une fin « morale ».

Page 4 de l'album Le Centile d'or
© Largo Winch – Éric Giacometti et Philippe Francq – Dupuis

Du cinéma populaire pour une BD à succès

Cette absence d’émotion peut se ressentir dès la couverture de l’album. Si celle-ci, dans la droite lignée des précédents tomes de la série, est épurée, abstraite, elle résume toutefois l’album en montrant un Largo seul, au regard déterminé, arme à la main, près à en découdre sans aide ni doute face aux bandits à col (ou à robe) blanche. Malgré cela, cette couverture montre aussi l’immense talent de Philippe Francq, qu’on constate tout au long des 46 planches de l’album. Précis, attentif au moindre détail, avec une volonté de privilégier l’action dans une mise en page étudiée et ultra dynamique, le dessinateur sait entraîner le lecteur dans les aventures de son héros. C’est particulièrement vrai dans les premières pages de l’album, très réussies, ainsi que dans la conclusion, rare moment de ce tome 24 où le fan de la série pourra retrouver le Largo romantique qui visitait son antre isolé de Sarjevane. Les couleurs de Bertrand Denoulet et Francq, pleines de punch et très attractives, donnent de la vie à chaque case, renforçant le dynamisme de cet album conçu comme un cinéma du samedi soir : celui qu’on regarde pour se divertir et passer un moment loin des soucis de la semaine.

Page 5 de l'album Le Centile d'or
© Largo Winch – Éric Giacometti et Philippe Francq – Dupuis

« Le centile d’or » clôt ainsi l’aventure spatiale de Largo Winch. Il le fait d’une façon dynamique en privilégiant l’action et en se reposant sur le schéma classique de la série, rassurant pour le lecteur en apportant quelques touches de nouveautés sans renier l’historique d’un univers plébiscité par les masses. Si l’album ne permet pas de renouer avec les formidables réussites de l’ère Van Hamme comme « Business Blues » ou « Dutch Connection », il n’en reste pas moins une BD à placer sans rougir dans sa bibliothèque à côté des autres exploits du milliardaire déjà prêt à repartir à l’aventure !

Page 6 de l'album Le Centile d'or
© Largo Winch – Éric Giacometti et Philippe Francq – Dupuis

Chronique écrite par Mathieu DEPIT

Informations sur l’album Le Centile d’or

  • Scénario : Éric Giacometti
  • Dessin : Philippe Francq
  • Couleurs : Bertrand Denoulet
  • Éditeur : Dupuis « Grand public »
  • Date de sortie : 17 novembre 2023
  • Pagination : 48 en couleurs

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Page 7 du tome 24 de Largo Winch
© Largo Winch – Éric Giacometti et Philippe Francq – Dupuis