Sauvons Lulu ! – T1 de Rainbow Girls

Avec cette série en petit format qui semble vouloir établir le chaînon manquant entre les mangas et les vraies BD, Dupuis s’adresse aux futur(e)s lecteurtrices de Spirou. On se gardera de chercher dans le scénario de Carbone ou dans le dessin de Canac tout second degré, et toute finesse littéraire. Cette série gentillette et somme toute inoffensive est calibrée pour son public cible, exclusivement.

Couverture de Sauvons Lulu
© Rainbow Girls – Carbone et Hélène Canac – Dupuis

Gwenaëlle, Lisa et Mélanie sont vos typiques collégiennes qui doivent occasionnellement travailler ensemble. Quand nous les rencontrons, c’est chez Gwen qu’elles se retrouvent pour leur exposé de biologie. Mais une fois arrivées, une cruelle absence se fait ressentir : Lulu, la grande sœur de Gwen, est introuvable, au contraire de son ordinateur portable et son iPhone, qui ne la quittent pourtant jamais. Panique à bord. Les filles vont développer des trésors d’investigation pour retrouver sa trace.

Planche 5 de Sauvons Lulu
© Rainbow Girls – Carbone et Hélène Canac – Dupuis

Tout d’abord, précisons une chose : si les héros du journal de Spirou sont à destination d’un public large, à l’instar d’un glorieux collègue pour enfants de « 7 à 77 ans », ici, aucune ambiguïté. C’est un album jeunesse. Exclusivement.

Planche 6 de Sauvons Lulu
© Rainbow Girls – Carbone et Hélène Canac – Dupuis

L’histoire, au demeurant linéaire et bien ficelée, suit une trame bien connue (quelque part entre Fantômette et les Légendaires), contient ce qu’il faut d’éléments fantastiques (super pouvoirs, savant fou, animaux qui parlent…) de mystère et d’action. Dialoguée dans un style brut, sans fioriture, certains diraient réaliste voire moderne (les plus bienveillants) ou cliché (les autres), l’histoire en est immédiatement accessible à des jeunes potentiellement réfractaires aux moindres fioritures stylistiques. Les personnages, ensuite, sont propices à une identification immédiate du jeune lecteur (majoritairement lectrice, ne nous voilons pas la face), en tant que fans de shopping englués à leurs appareils mobiles connectés.

Planche 7 de Sauvons Lulu
© Rainbow Girls – Carbone et Hélène Canac – Dupuis

Les dessins, eux, remplissent totalement le cahier des charges : un trait (faussement) naïf d’une grande lisibilité, des couleurs assez girly, franches et peu nuancées, un découpage vif et rythmé, un format et une pagination offrant un bon compromis entre manga et album traditionnel… tout pour plaire à un public jeune, en transition entre Petit Poilu et les séries ado-adultes.

Planche 8 de Sauvons Lulu
© Rainbow Girls – Carbone et Hélène Canac – Dupuis

Somme toute inoffensive, cette petite série fantastique a de quoi séduire le jeune public, surtout féminin – où en est-on du « dégenrage », au fait ? – même si l’on peut déplorer l’utilisation un peu trop évidente de recettes éculées, signe d’un calibrage plus commercial qu’artistique.

Planche 9 de T1 de Rainbow Girls
© Rainbow Girls – Carbone et Hélène Canac – Dupuis

Chronique écrite par Philippe BARRE

Informations sur l’album

  • Scénario : Carbone
  • Dessin : Hélène Canac
  • Éditeur : Dupuis « Jeunesse »
  • Date de sortie : 9 avril 2021
  • Pagination : 104 en couleurs
  • Format : 160 x 200

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