Rap Incident le T21 de Game Over

Le petit barbare le plus célèbre de la bande dessinée revient dans un nouvel opus intitulé Rap Incident, pour célébrer une nouvelle fois, l’échec sous toutes ses formes en y déployant ses plus belles lettres de noblesse. Le trio Midam, Adam et Benz, associé à Ben BK pour la couleur, signe un album hilarant mais vraisemblablement sans surprise : la princesse n’est pas près de franchir le petit panneau de signalisation « exit » !

Couverture de Rap Incident — © Game Over – Midam – Dupuis

Dérivé du nom moins célèbre Kid Paddle – les deux séries alimentent encore très régulièrement le Journal du Spirou – le petit barbare enchaîne une nouvelle fois des missions toujours plus périlleuses avec comme objectif final de secourir une princesse un brin maladroite – certain diront “franchement stupide”. Pour réussir sa mission et vaincre les nombreux Blorks qui parsèment son chemin, notre petit héros dispose de nombreuses potions magiques ou armes supposées lui faciliter la tâche. Or, si la bravoure ou le courage ne lui manquent pas, on ne s’improvise pas sauveur de personnalités royales sans un minimum de préparation. Et lorsque la princesse à secourir est aussi maladroite que notre va-t-en-guerre, cela n’aide pas. Qu’il se transforme, qu’il se dissimule de ses ennemis ou qu’il tente une ruse immanquable – tout du moins en théorie – chaque tentative est soldée par un échec bien souvent visualisé par la déflagration des corps, parfois à quelques centimètres de la sortie ! Même lorsqu’une séquence se conclut d’un tendre baiser entre les deux protagonistes, elle ne signifie pas forcément une fin heureuse et victorieuse.

Page 3 de Rap Incident — © Game Over – Midam – Dupuis

Rap incident est le 4e album depuis le retour de Midam et de son équipe chez Dupuis, après une longue incursion aux “éditions de la concurrence”, mais bien le 21e tome de la série publiée depuis 2004. D’un album à l’autre, et depuis bientôt deux décennies, la recette du succès est immuable : le lecteur se gausse de l’insuccès et du naufrage de chaque tentative. Elle se termine invariablement par des corps en bouillie, des têtes tranchées, des membres arrachés, ou des ventres transpercés. Et, si ce ne sont pas les Blorks (pas si stupides qu’il n’y paraît) ou le petit barbare lui-même qui s’automutile involontairement, ce dernier peut compter sur une amoureuse qui justifie pleinement l’expression “avec de tels amis pas besoin d’ennemis”.

Page 4 de Rap Incident — © Game Over – Midam – Dupuis

Le dessin reste efficace, souvent minimaliste. Ici, et comme toujours, priorité à l’action et aux quelques accessoires qui facilitent la compréhension de l’histoire. Peu de bulles (surtout pas de dialogues) et on ne s’encombre que très rarement de dessiner des décors fouillés. En quelques informations, judicieusement placées dans les cases, le lecteur comprend aisément le contexte de l’aventure.

Page 5 de Rap Incident — © Game Over – Midam – Dupuis

Game Over, c’est de l’humour tout public enrobé d’un petit côté “gore” qui déclenche une légère indignation teintée d’un rictus retenu, entre petit dégoût et l’envie d’imploser (très franchement) de rire. Prière de ne pas étaler ses organes dans toute la pièce !

Chaque nouvelle partie nous embarque dans un nouveau décor et une nouvelle aventure. Pour le lecteur, il ne reste qu’une question à se poser : non pas de savoir comment se terminera l’histoire (mal, forcément) mais plutôt de deviner, lors de l’épilogue, lequel des personnages sera soumis à une mort affreuse avant de “restarter” la prochaine partie.