Interview de Christophe Picaud

Après la sortie récente de sa dernière BD L’Île Mystérieuse, nous avons profité de l’occasion pour nous entretenir avec le dessinateur charentais maritime, Christophe Picaud, alors que venait de s’achever le festival Roch’Fort en Bulles pour lequel il avait mis en place une magnifique exposition sur le thème de la BD dans l’Antiquité.

Christophe Picaud
Christophe Picaud – Xavier, Les Amis de la Bande Dessinée

Les Amis de la Bande Dessinée : Bonjour Christophe, merci de nous accueillir dans ton atelier, entouré par les dessins, des BD, ta planche à dessin et ta tablette graphique. Est-ce que tu travailles sur la tablette quelle que soit l’étape de création ou tu dessines en amont de manière traditionnelle ?

Chritophe Picaud : Oui maintenant je travaille sur tablette, mais regarde, là j’ai sorti ma planche de storyboard, de scénario, et j’ai fait un petit croquis. Je le refais après sur ma tablette graphique, en l’améliorant un peu pour que mon scénariste et mon éditeur comprennent.

© Christophe Picaud - Glénat - L'île mystérieuse
© Christophe Picaud – Frédéric Brremaud -Jules Verne – L’Île Mystérieuse – Glénat, 2025 –
Xavier, Les Amis de la Bande Dessinée

Les Amis de la Bande Dessinée : La base reste toujours le crayon ?

Christophe Picaud : Quand je réfléchis, oui. En plus comme sur ces planches, il y a pas mal de recherches, j’étudie beaucoup avant et après, je vois ce que je peux faire.

© Christophe Picaud - Glénat - L'île mystérieuse
© Christophe Picaud – Frédéric Brremaud – Jules Verne – L’Île Mystérieuse – Glénat –
Xavier, Les Amis de la Bande Dessinée

Les Amis de la Bande Dessinée :  Cela va bientôt faire 25 ans que tu as publié ta première BD, Les Larmes du Démon en 2001. Dis nous, quelle est la recette pour durer aussi longtemps dans le milieu de la BD et réussir à en vivre ?

Christophe Picaud : Je pense qu’il faut progresser, ensuite, écouter, mais aussi ne pas écouter ce qu’on te dit, oui c’est compliqué (rire).

Les Amis de la Bande Dessinée : Faire sa propre mayonnaise ?

Christophe Picaud : Oui et puis faire peut être des compromis parce que parfois pour rester et bien il faut en faire.

Couverture Les larmes du démon © Clair de Lune
Christophe Picaud – Les Larmes du Démon – © Clair de Lune

Les Amis de la Bande Dessinée : Savoir sortir de sa zone de confort ?

Christophe Picaud : Oui car, sur mes premiers albums, je faisais tout, mais je n’en vivais pas. Quand je suis allé chez Soleil, il a fallu que je me concentre uniquement sur le dessin et que j’abandonne les parties scénario et couleurs. Mais c’était très bien. Ils voulaient des couleurs sur ordinateur. J’ai dû alors faire de l’encrage que je ne savais pas faire. Donc voilà, faire des compromis et puis dire OK, et là j’ai commencé à en vivre.

Les Amis de la Bande Dessinée : Quels sont tes moments les plus marquants et les plus importants durant ces 25 années ?

Christophe Picaud : Le plus marquant, c’est quand Jean Wacquet (scénariste et directeur général éditorial aux éditions Soleil) m’a téléphoné pour me dire qu’il était intéressé par mon travail. En fait, les moments importants, ce sont souvent des coups de téléphone d’éditeurs pour te dire « j’aimerais bien travailler avec toi ». Je pense que c’est ça. Et puis après, il y a les rencontres avec les auteurs. Quand tu es en festival, il y en a plein.

Lans Sirling tome 1 couverture
CHristophe Picaud – Jean Charles Gaudin – Lans Serling – © Soleil

Les Amis de la Bande Dessinée : D’où l’utilité des festivals.

Christophe Picaud : Oui, franchement tu rencontres des gens incroyables ! Comme dernièrement au festival de Roch’Fort en Bulles avec Serge Letendre, c’était génial ! Tu manges, tu discutes avec des gens, on parle de scénario, de mise en scène, parce que je ne fais pas de scénarios mais je fais quand même pas mal de mise en scène. Donc c’était marrant de parler de ça avec lui, c’était top ! Et puis avec les lecteurs et ceux qui font les festivals, les passionnés, c’est génial !

Les Amis de la Bande Dessinée : Tu parlais des Larmes du Démon que tu avais réalisé en auteur complet. Depuis, tu n’as jamais refait de scénario. Cela s’est imposé naturellement ou est-ce parce que finalement tu ne te sentais pas à l’aise de le faire ?

Christophe Picaud : Franchement, J’adore faire ça. Au début j’ai voulu faire de la BD pour vraiment raconter mes histoires. Et puis comme je te l’expliquais, quand tu veux commencer à en vivre, il faut peut-être que tu fasses des compromis. Mais j’ai appris et j’apprends beaucoup de choses avec les autres scénaristes. Ils ont une façon de travailler très différente, donc ça t’apporte énormément. Peut-être qu’un jour, un éditeur voudra bien mettre en avant mes créations, mes scénarios… Pour l’instant ce n’est pas encore arrivé, mais je ne manque pas de travail et c’est l’essentiel.

Les Amis de la Bande Dessinée : Depuis Lans Sirling, tu as illustré exclusivement des adaptations ou des récits historiques. Ce n’est pas un peu frustrant en terme de création de toujours se rattacher à quelque chose de déjà existant ?

Christophe Picaud : Je n’y avais pas trop pensé mais c’est vrai. Lorsque j’ai pensé faire de la BD je n’imaginais pas que j’allais faire autant d’adaptations de livres. Ils sont tellement différents en plus. En même temps, quand tu vois des films et du cinéma, il y en a beaucoup ! Enfin tu amènes quand même ta patte. Quand j’ai commencé, par l’Assassin Royal, qui à un véritable univers, Robin Hobb, elle n’explique pas trop, il y a peu de description des personnages ou des lieux. Son roman laisse la place a une grande part de créativité.

Après j’ai fait Rouletabille, c’était intéressant car il y avait eu très peu d’adaptations et souvent pas à la même époque. Et puis j’adore les costumes et les décors, donc ça me plaisait bien.

Couverture L'assassin royal volume 6 © Soleil
Christophe Picaud – Jean Charles Gaudin – Clerjeaud Jean Luc – Robin Hobb
– L’Assassin Royal – © Soleil

Les Amis de la Bande Dessinée : Évidemment nous ne pouvons pas faire l’impasse sur le Retour à Lemberg. Comment t’es-tu retrouvé dans cette histoire ? Il a eu un beau succès médiatique et peut-être à l’international aujourd’hui ?

Christophe Picaud : Oui elle va sortir en espagnol. En anglais il y a des problèmes de droit, mais ça va arriver. Je vais t’expliquer comment j’y suis arrivé. J’ai reçu appel de Thierry Joor, l’un des directeurs éditoriaux de chez Delcourt, et il m’explique que je lui avais envoyé un book et là, pendant qu’il me parlait, je me disais « mais je lui ai jamais envoyé de book ! »  Je ne comprennais pas ! Et puis, ça m’est revenu,  j’ai compris que c’était Jean Waquet, mon ancien directeur éditorial de chez Soleil. Je lui avais envoyé un book quand on avait arrêté de travailler ensemble. Il l’avait fait passer à des connaissances et des collègues du groupe. Voilà, « merci Jean ».

C’est parti comme ça, des planches d’essai que j’avais fait avec Jean-Charles Gaudin sur 14-18 et un projet perso dans New York ont plu à Thierry Joor. En voyant le noir et blanc et qu’au niveau des costumes ça allait bien, il m’a dit « ah, j’aimerais, si tu pouvais te servir de ces planches, ça serait dans ce style-là ». Moi j’ai trouvé ça impressionnant qu’on m’offre ça. Et puis c’est aussi parce que j’avais déjà participé à des albums avec des recherches historiques. Je sais pas si tu te souviens des BD sur la Gironde, sur la Charente-Maritime et la Rochelle. Une BD comme Rouletabille tu as des recherches mais si tu te trompes c’est moins grave, c’est surtout de l’aventure, mais là, la moindre chose est importante, j’ai dû vraiment faire attention à ce que je faisais.

Retour à Lemberg © Delcourt
Christophe Picaud – Philippe Sands – Jean CHristophe Camus
– Retour à Lemberg – © Editions Delcourt

Les Amis de la Bande Déssinée : Combien de temps as-tu travaillé sur le Retour à Lemberg ?

Christophe Picaud : 27 mois de travail pour 260 planches soit 10 planches par mois. Normalement on en fait cinq. Même si ce n’est pas tout à fait les mêmes planches, c’est quand même des planches.

Les Amis de la Bande Dessinée : Ce qui explique le choix graphique parfois minimaliste.

Christophe Picaud : Oui, il fallait, parce sinon tu ne t’en sors pas. Tu fais ta scène, puis après vite derrière tu fais un décor, pour montrer où tu es, pour essayer de perdre le moins de temps possible et y arriver. En fait le challenge c’était de réussir à être constant pendant 27 mois. A un moment je me suis un peu essoufflé, mais c’est là que les éditions du Cygne m’ont dit : « tiens, est-ce que ça te plairait de faire 5–6 planches sur Saint-Martin ? » Tu sais, Saint-Martin qui déchire son manteau pour donner à l’impôt. C’est arrivé au bon moment parce que je saturais sur Le retour à Lemberg, c’était un sujet dur avec des passages horribles et sur la longueur cela commençait à me peser.

Retour à Lemberg © Delcourt
Christophe Picaud – Philippe Sands – Jean CHristophe Camus
– Retour à Lemberg – © Editions Delcourt

Les Amis de la Bande Dessinée : Donc ta nouvelle actualité t’as permis de revenir à quelque chose de plus léger, l’adaptation du roman de Jules Verne avec Frédéric Brremaud. Là aussi, un gros morceau parce que c’est quand même un roman de 800 pages qu’il a fallu adapter en 64. Au niveau du découpage et des choix, ça n’a pas dû être évident.

Christophe Picaud : Oui on a préféré le faire en un tome parce qu’on avait déjà fait ensemble le dyptique Le Capitaine de 15 ans et le deuxième tome, les gens avaient eu du mal à le trouver. Là en plus l’histoire est davantage connue. Nous en avons discuté et on s’est dit que tout le côté survie dans l’île, qui représente une bonne partie du roman, pratiquement la moitié, les lecteurs attendent moins cela aujourd’hui, ils connaissent. Donc nous avons fait le choix d’en faire 2-3 planches et puis de s’axer surtout sur le côté de cette présence mystérieuse et des aspects action et aventure de l’histoire.

Page d'essai Capitaine de 15 ans Vents d'Ouest
Page d’essai Capitaine de 15 ans – Christophe Picaud – Frédéric Brremaud – Hamo – Jules Verne – © Vents d’Ouest – Xavier, Les Amis de la Bande Dessinée

Les Amis de la Bande Dessinée : Étant donné l’importance de l’œuvre et le condensé qu’il a fallu faire, tu as pu prendre du plaisir au niveau de la narration du dessin ?

Christophe Picaud : On voit beaucoup de choses. Mais ce qui est bien c’est que c’est vraiment ancré sur les cinq, enfin avec le chien ça fait six finalement. Mais c’est un personnage, après avec le singe ça fait sept. J’essayais souvent de les mettre pratiquement tous à l’image, je trouvais ça amusant, tu as toujours leur regard par rapport à ce qui se passe. Je voulais que l’on soit au maximum en empathie avec eux. Et puis Frédéric, il a cette façon d’écrire, de faire pas mal d’humour, je trouve que ça marche bien.

Les Amis de la Bande Dessinée : Comment s’est fait le choix de la ligne claire ?

Christophe Picaud : Ce n’est pas le plus simple mais je voulais me rapprocher de ce qu’avait fait Hamo (Deux Ans de Vacances), être dans un style un petit peu moins adulte. Il m’a fallu faire moins de petits traits, les gommer, aller à l’essentiel. Ça m’a pris un petit peu de temps pour que j’y arrive, et j’ai fait confiance aussi au coloriste. Heureusement c’était Hamo qui a amené quand même une belle palette de couleurs pour le capitaine de 15 ans. Pour L’Île Mystérieuse c’est moi qui les ai faites donc c’était moins compliqué parce que dans la lecture du dessin je savais exactement ce que je devais faire. Cela me permet par moments de dessiner juste ce qu’il faut et après je peaufine, je mets les volumes, toute l’épaisseur ou la profondeur avec les couleurs.

L'île mystérieuse planche © Glénat
Christophe Picaud – Frédéric Brremaud – Jules Verne – L’Île Mystérieuse -© Glénat

Les Amis de La Bande Dessinée : La BD est quand même très fidèle à Jules Verne, sauf un détail, Harbert qui devient une fille. Vous n’avez pas eu peur de trahir l’œuvre et de recevoir des critiques?

Christophe Picaud : L’idée vient de moi. Je ne pense pas que Fred l’aurait fait. Mais je ne me voyais pas faire une BD qu’avec des personnages masculins. Avant de lui demander je suis allé voir ce qui s’était fait comme adaptation et j’ai vu que souvent  il y avait des femmes mais cela avait rarement du sens. Donc j’ai vérifié pour être sûr et j’ai vu qu’il y avait pas mal de filles qui s’étaient engagées pour faire la guerre de sécession. Alors je me suis dit : pourquoi Harbert ne serait pas une jeune fille, une femme protégée par Bonaventure ? Il n’y avait pas de raison que ça ne soit pas crédible, et puis au final ça passe très bien. Elle devient dans la BD le personnage auquel on s’identifie, je pense. En plus je trouve que ça porte un intérêt parce que comme on ne sait pas exactement combien de temps ils restent sur l’île, un, deux, trois ans ?… Elle devient ce marqueur de temporalité en montrant son évolution ou on la voit devenir une jeune femme à la fin. C’est aussi l’avantage des adaptations, cela nous donne un peu de liberté.

L'île mystérieuse planche © Glénat
Christophe Picaud – Frédéric Brremaud – Jules Verne – L’Île Mystérieuse – © Glénat

Les Amis de la Bande Dessinée : Dans ce type d’adaptation, devoir aller à l’essentiel ce n’est pas un peu frustrant ?

Christophe Picaud : Oui peut être, je ne sais pas, mais il faut s’adapter, ce sont des contraintes sympas en fait. On nous dit « vous avez un gros bouquin de 800 pages, adaptez-le en 64 planches »… oui, c’est une contrainte, mais je pense qu’il s’est bien débrouillé. Après ce n’est pas moi qui fais le découpage. Mais il faut le mettre en dessin quand même et il doit dire beaucoup de choses.

Les Amis de la Bande Dessinée : Et donc pour Jules Verne comme pour Rouletabille, il y a d’autres albums de prévu ?

Christophe Picaud : Je ne sais pas quand précisément mais on va sûrement signer ce mois-ci Les Tribulations d’Un Chinois en Chine.  Pour Le Capitaine de 15 ans,  et l’Île Mystérieuse, tout le monde connaît un peu l’histoire. Pour Les Tribulations d’Un Chinois en Chine, finalement on connaît davantage l’adaptation en film qui, franchement, est assez fidèle, même si ça ne se passe pas du tout à cette époque-là, et que ce n’est pas un Européen mais un Chinois, à part ça, c’était pas mal et assez drôle en même temps.

Les Amis de La Bande Dessinée : Ça sera en un seul tome aussi ?

Christophe Picaud : Oui, en un seul tome et ce sera amusant. C’est vraiment agréable à faire, on a plein d’idées déjà. Ça va être étonnant. Et puis il y aura beaucoup d’action et de décors, la Chine, Pékin, Canton, on va même jusqu’à la muraille de Chine, ça va être génial.

Les Amis de la Bande Dessinée : Toujours avec une aussi belle couverture en hommage au reliures Hetzel ?

Christophe Picaud : ah oui !

Les Amis de la Bande Dessinée : C’est dommage que ce choix n’ait pas été fait pour les albums précédents, non ?

Christophe Picaud : Oui on a été surpris d’ailleurs, parce que moi j’avais fait la couverture par rapport aux albums précédents, qui ne sont pas du tout pareil, le titre n’est pas au même endroit, bref. Et puis là, ils nous envoient ça. C’est génial parce que je pense que ça faisait longtemps que Frédéric voulait quelque chose comme ça. Et puis je trouve qu’il y a un joli petit côté moderne. Ils vont aussi faire un coffret pour les deux Capitaine de 15 ans avec ce style-là, d’Hetzel. C’est joli, ils nous l’ont montré déjà, c’est franchement très chouette.

L'île mystérieuse couverture © Glénat
Christophe Picaud – Frédéric Brremaud – Jules Vernes – L’Île Mystérieuse – ©Glénat

Les Amis de la Bande Dessinée : Et Rouletabille, parce qu’il y a de quoi faire au moins 7 ou 8 aventures ?

Christophe Picaud : Y’a rien pour l’instant. On voulait faire les tournois surtout, on avait bien travaillé là-dessus avec Jean-Charles Gaudin, mais après il faut que les ventes suivent ?

Une aventure de Rouletabille © Soleil
Christophe Picaud – Jean Charles Gaudin – Joël Odone – Gaston Leroux – Une aventure de Rouletabille : Le Parfum de la Dame en Noir – © Soleil

Les Amis de la Bande Dessinée : J’ai entendu dire aussi que tu es sur un nouveau gros projet ?

Christophe Picaud : Oui, je suis en train de faire l’adaptation d’un livre avec la même équipe que Retour à Lemberg. Ça s’appelle « Down with a System » de Serj Tankian. Serj Tankian est chanteur dans un groupe de métal américain d’origine arménienne et il est militant pour la cause, donc ça parlera aussi du génocide arménien. Ce livre c’est son histoire que l’on est en train d’adapter en BD. Ce sera dans le même style que Retour à Lemberg, mais pas uniquement en noir et blanc car je leur ai proposé aussi des gris.

C’est très intéressant parce qu’il y a ce coté militant dans son récit pour faire avancer la cause arménienne. Je viens de terminer toute la partie avec son grand-père où il raconte le génocide, lui il avait 5-6 ans mais il s’en souvient très très bien. Cela traite aussi de l’intégration des immigrés car Serj est né au Liban et au moment de la guerre, sa  famille a émigré aux États-Unis. C’est là-bas que va naître son militantisme, quand il s’est dit que ça serait bien de l’incorporer dans la chanson parce que tout vient de là en fait. J’en suis là, quand ils sont en train de créer le groupe avec Daron Malakian qui est le guitariste et qu’ils commencent à écrire.

System of a Down à quand même été premier des « charts » en 2001, au moment du 11 septembre. C’est vraiment intéressant car il y a des moments sérieux d’Histoire mais il y a aussi des moments plus légers ou l’on souffle quand cela parle de la création du groupe et de musique.

Dow With the System © Nouveau Monde
Down With The System – Serj Tankian – © Nouveau Monde

Les Amis de la Bande Dessinée : Il va faire combien de pages ?

Christophe Picaud :  200.

Les Amis de la Bande Dessinée : Tu pourras le dédicacer pour le Roch’Fort en Bulles 2027 ?

Christophe Picaud : Oui j’espère, normalement c’est bon. J’en suis à 60 pages, après je ne sais pas trop comment cela ça va se passer avec Les Tribulations que je vais probablement faire en parallèle.

Les Amis de la Bande Dessinée : Donc tu parlais de Rochefort-en-Bulle, c’est une association dont tu fais partie, dans laquelle tu es très impliqué ?

Christophe Picaud : Ah oui, oui !! Ils sont venus me chercher dès la première édition, je m’en souviens bien, il y a 17 ans, il y a toute une équipe.

Les Amis de la bande dessinée : Et comment s’est passée cette 17ème édition qui vient de se terminer ?

Christophe Picaud : C’était génial, C’est vrai que c’était une très bonne édition. Et puis il y a des nouveaux qui arrivent et qui amènent un petit peu d’énergie, c’est important aussi car au bout d’un moment il y a toujours une routine qui s’installe donc c’est bien.

Les Amis de la Bande Dessinée : Il y a peu de festivals qui tiennent aussi longtemps, c’est quoi la recette?

Christophe Picaud : Pour un bon festival, je pense que c’est l’amitié qu’il peut y avoir entre tous les gens qui font le festival. En plus ce sont des gens très très différents, qui n’ont pas du tout les mêmes idées souvent, franchement, même à l’extrême. Et ça fonctionne, parce qu’il y a la BD qui est là pour les réunir. Et puis toujours avoir l’envie d’inviter des auteurs, de rencontrer des gens et puis faire des histoires.

Christophe Picaud
Christophe Picaud – Xavier – Roch’Fort en Bulles

Les Amis de la Bande Dessinée : Les auteurs en dédicace, qu’en est-il de leur statut ? C’est toujours compliqué de faire valoir ses droits à la rémunération.

Christophe Picaud : Il y a eu une bonne idée à un moment, c’était de payer les auteurs. Parce que c’est vrai que ce n’est pas toujours évident, alors certes on fait la promotion du bouquin, tout ça c’est normal, faut le faire. Mais le problème c’est que la plupart des auteurs sont payés pour faire la BD et après il n’y a pas de droits d’auteur. Donc finalement, quand on va faire des festivals, on ne touche rien. Donc oui on rencontre les lecteurs et puis on parle avec les copains, mais cela nous prend le plus souvent le samedi et le dimanche au détriment de la famille. Sans compter qu’avec le voyage A/R en plus de la fatigue, le vendredi et le lundi on n’est pas opérationnel. Si comme moi tu bosses le samedi, on arrive vite à 3 ou 4 jours de travail perdu. On se demande franchement pourquoi on va le faire. Donc c’était plus un dédommagement de notre temps perdu par rapport à notre travail. Bon il est réduit, il faut faire avec.

Les Amis de la Bande Dessinée : Comme tu vas bientôt dessiner les tribulations, un petit portrait chinois pour finir.

Si tu était un héros de BD ?

Christophe Picaud : Red Dust. Hermann. Grâce à Roch’Fort en Bulles j’ai pu discuter avec lui, dédicacer à côté de lui, alors là c’était le bonheur.

Les Amis de la Bande Dessinée : Que lis-tu en ce moment comme BD ou livre?

Christophe Picaud : Je lis une anthologie pour me déconnecter complètement la tête sur le compte numérique de la bibliothèque, c’est celle de Daredevil. Ça part des tous premiers Daredevil jusqu’à maintenant. Actuellement je suis dans les 80’s à lire ceux de Franck Miller, c’est vachement bien. C’est drôle de voir l’évolution des dessins et des histoires. Avant j’avais fait Les Quatre Fantastiques.

Les Amis de la Bande Dessinée : Et la BD que tu as faite toi, de laquelle es-tu le plus fier ?

Christophe Picaud : Retour à Lemberg, et les prochaines bien sûr.

Les Amis de la Bande Dessinée : Soleil, Delcourt, Glénat, Petit à Petit, Vent d’Ouest, Le Signe,… laquelle est la meilleure?

Christophe Picaud : Ah la meilleure ! La question qui tue ! Non, la moins catastrophique. Je plasante. Cela c’est toujours assez bien passé. Mais c’est toujours pareil, malheureusement c’est les ventes qui priment, c’est tout, dès que tu ne vends plus, c’est triste, c’est la vie.

Les Amis de la Bande Dessinée : Giraud ou Franquin?

Christophe Picaud : Oh là c’est dur, mais enfin c’est quand même Giraud, parce que Moebius, mais Franquin j’aime, j’adore, mais franchement, là Moebius il y a un génie, mais Franquin aussi, mais Moebius le génie de la science-fiction, du fantastique, de tout ce que tu fais.

Les Amis de la Bande Dessinée : Un dernier mot pour les lecteurs, si tu as quelque chose à leur dire?

Christophe Picaud : A très vite sur les festivals, on discutera en tête à tête.

Les Amis de la Bande Dessinée : Merci beaucoup Christophe et à très bientôt.

L'île mystérieuse © Glénat
Christophe Picaud – Frédéric Brremaud – Jules Verne – L’Île Mystérieuse – © Glénat

Propos recueillis par : Xavier

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