Tokyo Mystery Café tome 2 : Les Ombres du Jimbocho

Le Tokyo Mystery Café est de retour pour une nouvelle enquête déjantée ! Après le monde des « idols », cette seconde histoire complète emmène le trio dans les coulisses de l’édition des magazines de manga.

Tokyo Mystery Café tome 2 Dupuis couverture

Un tueur en série a fait des ravages dans un magazine de prépublication de manga dans le quartier de Jimbocho. Non pas parmi les auteurs ou les éditeurs, mais à l’intérieur même des œuvres : un personnage mystérieux est apparu dans chaque série pour abattre son protagoniste. Voilà une affaire parfaite pour le Tokyo Mystery Café !

Tokyo Mystery Café tome 2 Dupuis planche

La mort en deux dimensions

De prime abord, cette seconde enquête du Tokyo Mystery Café pourrait sembler anodine, voire futile. On parle ici, en effet, de la mort de personnages de manga, donc imaginaires. On se rend toutefois très vite compte, notamment grâce à ‘intelligence de la narration, de toute l’ampleur du désastre que ça représenterait pour toute une économie et, surtout, pour ceux qui la font vivre. La mort des protagonistes principaux de toutes les séries d’un magazine de prépublication sont assassinés, cela signifie tout simplement la fin de l’ensemble des séries dudit journal.

L’impact sur le lectorat serait également énorme, vu l’amour que portent les amateurs de manga à leurs héros préférés. Ici réside le seul (petit) défaut que l’on pourrait faire à ce second tome : la réaction du lectorat est rapidement évoquée lors d’une scène mais ne semble pas réellement importante. On imagine facilement les émeutes si, dans notre monde, tous les héros du Jump disparaissaient en même temps… Heureusement, le suspense distillé tout au long d’une intrigue riche en révélations et rebondissements, tous très bien amenés, ainsi que la sympathie que dégagent le trio de protagonistes rend la lecture de l’aventure passionnante.

Welcome to Jimbocho

L’Atelier Sentô, duo composé de Cécile Brun et Olivier Pichard, puise dans ses voyages au Japon pour immerger les lecteurs au cœur de l’histoire. Car au-delà de l’enquête et de la comédie, l’album regorge d’informations sur le fonctionnement des magazines de prépublication, mais aussi sur tout le quartier de Jimbocho, de ses librairies à sa gastronomie. Et, comme si cela ne suffisait pas, les auteurs ont agrémenté leur livre d’un dossier thématique passionnant.

Dès sa première aventure, l’une des grandes forces de Tokyo Mystery Café résidait dans la construction de ses trois acteurs principaux : Nahel le français qui rêve d’être mangaka malgré sa maladresse, Soba le fillette geek très mystérieuse et le Patron, au centre de cet épisode. Trois tempéraments, trois histoires très différentes qui se dévoilent petit à petit, les rendant de plus en plus attachants.

Le meilleur des deux mondes

Le style graphique de l’Atelier Sentô se perfectionne de livre en livre, entre leur culture européenne et leur amour du manga. Les inspirations de chacun de ses univers se mêlent à la perfection dans une mise en scène plutôt franco-belge mais avec un dessin plus typé japonais. Le design des personnages est, à ce titre, une grande réussite, chaque acteur étant très bien caractérisé et reconnaissable. Entre le charisme indéniable de certains, comme le Patron, Soba ou la mystérieuse Nami, et l’aspect d’une banalité à la fois réaliste mais, également, utile au scénario d’autres, à commencer par Nahel bien sûr, mais aussi le mangaka Kobayashi ou le sympathique Fujita.

C’est de nouveau aussi par les décors que l’Atelier Sentô impressionne. Des paysages urbains aux intérieurs, qu’ils soient typiques ou modernes, le travail de précision du duo rend le récit tout de suite immersif. Le lecteur est plongé au cœur de la capitale nippone dès les premières cases et la colorisation toute à l’aquarelle des planches est tout simplement somptueuse, tirant le meilleur de cette technique à l’ambiance si particulière.

La seconde enquête du Tokyo Mystery Café confirme tout le bien qu’on pouvait penser du premier tome. Savant mélange d’enquête captivante et d’humour presque burlesque, tout en construisant des personnages dont la profondeur est de plus en plus évidente, la série se permet en plus un aspect documentaire très appréciable. Apprendre en s’amusant, ou, plutôt, découvrir en s’amusant semblerait être le mantra de l’Atelier Sentô.

Une chronique écrite par : Cédric « Sedh » Sicard