Le dernier vol de Dan Cooper

En s’appropriant une des plus célèbres énigmes criminelles contemporaines, le scénariste Jean-Luc Cornette développe une réflexion certes intéressante mais qui manque d’originalité.

Le dernier vol de Dan Cooper Glénat couverture

©Glénat – Le dernier vol de Dan Cooper – Jean-Luc Cornette et Renaud Garreta

Le 24 novembre 1971, un certain Dan Cooper prend un billet d’avion à Portland pour se rendre à Seattle. Pendant le vol, il dévoile à une hôtesse qu’il a une bombe dans sa mallette. Cooper demande 200 000$, quatre parachutes et le détournement de l’avion vers Mexico. Une fois arrivé à Seattle, ses exigences acceptées par les autorités, l’avion vidé de ses passagers et reparti pour le Mexique, le pirate de l’air prend un parachute ainsi que la rançon, ouvre la trappe arrière de l’appareil, saute de nuit en plein orage et disparaît. Depuis, Dan Cooper est l’homme le plus recherché des USA.

Le dernier vol de Dan Cooper Glénat planche 6

©Glénat – Le dernier vol de Dan Cooper – Jean-Luc Cornette et Renaud Garreta

Dans la peau de Dan Cooper

Plutôt que de raconter l’histoire de ce détournement d’avion rentré dans l’histoire judiciaire, Jean-Luc Cornette (Central Park) décide de se mettre dans la peau du fameux Dan Cooper.

Voilà une des vertus de la fiction : les auteurs sont libres d’imaginer toute sorte de choses avec les mots magiques « et si »… D’autant plus que l’énigme, n’ayant pas été resolue, offre toute liberté à l’auteur pour expliquer comment Dan s’en est sorti. Il ne s’en prive pas en imaginant une complice et de nombreuses péripéties. Parce que finalement pourquoi pas ?

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©Glénat – Le dernier vol de Dan Cooper – Jean-Luc Cornette et Renaud Garreta

Les professeurs qui enseignent l’art du scénario répètent à leurs élèves : « il n’y a pas de mauvaises idées, il n’y a que des mauvais traitements ». Avoir une idée, c’est une chose, la développer d’une manière originale et plaisante en est une autre. C’est le souci avec le scénario de Cornette : s’il est grisant de découvrir cette résolution fictive de l’aventure de Dan Cooper, les situations décrites sont finalement classiques et déjà vues. Le rythme de l’histoire est maîtrisé et le lecteur ne s’ennuie jamais mais paradoxalement, il est difficile de s’attacher aux personnages. C’est là un autre manque de l’album : qui est vraiment Dan Cooper ? Pourquoi a-t-il réalisé ce vol ? Comment a-t-il mis au point son plan ? Il y avait l’espace pour répondre à ces questions. Les personnages ne sont pas très développés et donc en restent au stade de la caricature. Qui est Dan Cooper ? Une espèce d’Arsène Lupin américain, un homme plus malin que tout le monde y compris le FBI. Il faudra se contenter de cette description imprécise.

Le dernier vol de Dan Cooper Glénat planche 16

©Glénat – Le dernier vol de Dan Cooper – Jean-Luc Cornette et Renaud Garreta

Renaud Garreta fait une pause du Moto GP

Renaud Garreta peut s’enorgueillir d’un joli palmarès : sur un scénario de Fabien Nury, il a dessiné la série le Maître de Benson Gate (qui malheureusement restera à jamais incomplète), un Tanguy et Laverdure et plusieurs albums autours du sport automobile, notamment le Moto GP. Dans cet album son trait se veut réaliste et sur certaines cases, cela fonctionne plutôt bien mais sur la majorité des planches, le lecteur peut ressentir des soucis de proportion ainsi que la rigidité des personnages. Le découpage, lisible mais fort classique, associé à une colorisation qui colle tout juste au scénario, donne un résultat très terne. Même les passages ensoleillés à Mexico semblent manquer de vie et de couleurs.

Le dernier vol de Dan Cooper Glénat planche 27

©Glénat – Le dernier vol de Dan Cooper – Jean-Luc Cornette et Renaud Garreta

Une bonne idée ne fait pas un bon album

Sur le papier, cette résolution fictive de l’énigme Dan Cooper pouvait être une bonne idée. Mais cela ne suffit pas à faire une bonne histoire avec des personnages crédibles. Ce dernier vol de Dan Cooper fait en sorte que le lecteur garde l’album en main jusqu’à la fin mais ne lui apporte rien.

Au niveau graphique, le réalisme de Garreta manque de précision pour être réellement convaincant et les couleurs semblent être plus fonctionnelles que créatrices d’ambiances.

Une chronique écrite par : Frédéric P.

Informations sur l’album :

  • Scénario : Jean-Luc Cornette
  • Dessins : Renaud Garreta
  • Couleurs : Cyril Saint-Blancat
  • Éditeur : Glénat
  • Date de sortie : Le 18 juin 2025
  • Pagination : 82 pages en couleurs   

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