Watership Down

Monsieur Toussaint Louverture publie dans une édition très soignée, l’adaptation graphique de Watership down, un classique de la littérature anglaise écrit par Richard Adams en 1972. Cette version se révèle être une belle occasion de réunir nouveaux lecteurs et fans de longue date.

Watership Down Monsieur Toussaint Louverture couverture

Évoquant des thèmes épiques, ce récit raconte les aventures d’un groupe de lapins qui tente d’échapper à la destruction de leur garenne. En quête d’un nouveau foyer, ils débutent alors une véritable Odyssée pour débusquer un endroit où démarrer une nouvelle vie. Leur voyage sera semé d’embûches jusqu’à la terre promise qui se trouvera être sur le mont de Watership Down, dans le Hampshire, en Angleterre.

Watership Down Monsieur Toussaint Louvertur planche

La vie à hauteur de trèfles

Le scénario de cette adaptation est signé James Sturm. Il a parfaitement su s’emparer de l’écriture vivante et cinématographique de Richard Adams qui met en scène une société de lapins, et plus particulièrement deux personnages, Fyveer et Hazel. Le premier a une prémonition : la colonie est en danger, ils doivent fuir. Le chef de leur clan refuse de les écouter et de fuir face à un danger qui n’est pas avéré. Hazel va alors regrouper les lapins qui croient à ce mauvais pressentiment et ensemble, ils prendront la clef des champs afin de tenter de recréer leur propre communauté. Si les lapins restent, dans ce récit, des animaux sauvages, ils vivent dans des sociétés complexes, très hiérarchisées, ce qui les rend profondément humains.

Au-delà d’une épopée pleine de rebondissement, ce récit animalier se lit comme un miroir de notre société avec une réflexion sur l’exil, l’émigration, la lutte des classes mais aussi sur la solidarité, le courage et le libre arbitre. Oscillant entre aventure et mythologie lapine, le scénario est maîtrisé et offre un bon équilibre entre tension narrative, espoir et poésie.

Collines verdoyantes et menaces terrifiantes dans Watership down

Joe Sutphin, illustrateur américain connu pour son style détaillé, est parvenu à donner une nouvelle vie à cette épopée pleine d’émotions, pétrie d’humanité et de bestialité. Malgré un dessin rond aux jolies teintes pastel qui n’est pas sans rappeler l’univers de Beatrix Potter, l’ouvrage n’est pas destiné à la jeunesse. Le dessinateur parvient à restituer la profondeur des personnages animaliers qui ont chacun leur nom et leur caractère. La tension et le suspense sont palpables à travers des scènes d’action et de violents combats, dans une nature magnifiquement mise en lumière à l’encre et au crayon graphite par un trait délicat.

Monsieur Toussaint Louverture est une maison d’édition qui s’efforce de publier peu de livres mais de les éditer de la façon la plus aboutie possible. Et c’est bien le cas ici. Le choix du papier et le soin apporté à la couverture, bordée de dorure, font de cet album un très bel objet.

Du suspense, des rebondissements et des personnages auxquels on s’attache, tous les ingrédients sont réunis pour une histoire haletante et prenante. Sa sortie aux États-Unis a d’ailleurs été particulièrement remarquée puisque l’album a remporté le Prix Eisner (l’équivalent des Oscars pour les comics) de la meilleure adaptation. À noter qu’un glossaire de langue « lapine » est glissé à l’intérieur de l’album. Richard Adams a, en effet, inventé un vocabulaire spécifique pour ce récit. Cette belle adaptation, fidèle à l’esprit du roman, reste en mémoire longtemps après la dernière page refermée.

Une chronique écrite par : Emmanuelle Desseigne

Informations sur l’album :