Brigantus tome 2 : Le Picte

Suite et fin de ce péplum en deux parties réalisé par Yves H au scénario et Hermann aux pinceaux. Que va devenir Melonius Brigantus, légionnaire romain banni par ses supérieurs ?

©Le Lombard – Brigantus tome 2 : Le Picte – Hermann et Yves H.

Brigantus, légionnaire tout en muscles et violence, est recueilli par le village Picte proche du camp romain. Méfiantes, les autorités locales se demandent quoi en faire alors que la légion romaine pense à attaquer le village sans attendre les renforts.

©Le Lombard – Brigantus tome 2 : Le Picte – Hermann et Yves H.

**« Valhalla rising » en Écosse**

Au fil des albums qu’il a écrits pour son père, Yves H a abordé différents genres et différentes époques : le roman noir et les États-Unis des années 50 (Liens de sang), la science-fiction et la Russie des années 90 (Station 16) ou encore le western avec Sans pardon. Mais, il n’avait jamais tenté l’aventure du Péplum et de la période antique.

©Le Lombard – Brigantus tome 2 : Le Picte – Hermann et Yves H.

Cependant, Brigantus est-il vraiment un Péplum ? Car, à part la période historique et les batailles, le lecteur pourra être surpris par l’absence des habituels jeux du cirque ainsi que des grandes cités antiques.

En fait, l’album fait penser au film « Valhalla rising » (le « guerrier silencieux » en français) réalisé par Nicolas Winding Refn en 2009. Le long métrage montrait un guerrier muet mais redoutable devant survivre sur une terre inconnue avec une population hostile. Et une fois arrivé à la fin de l’album, on pourrait dire la même chose que le visionnage du film : tout ça pour ça !

©Le Lombard – Brigantus tome 2 : Le Picte – Hermann et Yves H.

Depuis le début, Brigantus est décrit comme un personnage qui, toute sa vie durant, n’a connu que les ténèbres. Il croit qu’il finira par trouver la lumière s’il reste fidèle à la légion. Comment ? Pourquoi ? Personne ne le saura jamais car tout cela est à peine évoqué dans des dialogues sans précision supplémentaires. Le lecteur n’a jamais rien vu du passé de Brigantus, de son parcours et donc il est impossible de s’attacher à lui ou de prendre au sérieux sa quête de rédemption.

Il est tout aussi difficile de s’attacher aux autres personnages et à leurs rivalités. Le fils du chef du village Picte, soudainement, pète un câble, décide de trahir son propre père et de former son propre clan. Tout ça pourquoi ? Parce qu’il a vu sa sœur flirter avec Brigantus ! Mouais…

©Le Lombard – Brigantus tome 2 : Le Picte – Hermann et Yves H.

Hermann (pas toujours) à la hauteur

Le dessinateur, entre autre, de Jeremiah n’a plus rien à prouver. Au fil des albums, le maître a fini par gagner le respect du public et de la profession toute entière. Son utilisation toujours impressionnante de la couleur directe qui donne ce côté si particulier aux planches n’est plus à démontrer.

Dans cet album, s’il faut toujours reconnaître la capacité à utiliser à bon escient les couleurs afin de créer une véritable atmosphère (le jeu avec le brouillard est des plus réussi), il faut aussi dire que certaines cases et certains personnages ne sont pas aboutis. En effet, page 14, la seconde case de la planche représentant Brigantus n’est ni à l’avantage du personnage ni du grand maître qu’est Hermann.

Ajoutez à cela un découpage qui, parfois, rend la lecture confuse, en plus de certains personnages se ressemblant tellement qu’on finit par les confondre et un sentiment de déception finit par poindre le bout de son nez.

©Le Lombard – Brigantus tome 2 : Le Picte – Hermann et Yves H.

Un potentiel inutilisé

Sur papier, ce péplum vu par le duo Yves H et Hermann portait un énorme potentiel. Il aurait pu être l’équivalent en bande dessinée de « Gladiator » au cinéma. Mais trop d’éléments sont bancals : comment s’intéresser à la quête pour la paix intérieure d’un personnage dont on ne sait rien sauf ce qu’il veut bien dire ? Comment ressentir quelque chose pour ce jeune Picte pris de jalousie à un point tel qu’il va se retourner contre sa propre famille alors que le personnage est apparu depuis quelques planches ? Comment vibrer pour des batailles, certes sanglantes, mais expédiées en quelques cases et pas toujours bien découpées ? C’est impossible.

Le pire, c’est que même le dessin d’Hermann ne rattrape pas l’affaire. Certaines cases semblent bâclées ou au stade du brouillon et le tout n’est pas aidé par le découpage pas toujours inspiré des auteurs. Un coup de glaive dans l’eau pour Yves H et Hermann.