Oscar et la Dame Rose

Vendu à plus de dix millions d’exemplaires, Oscar et la Dame Rose d’Eric Emmanuel Schmitt (L’Enfant de Noé, Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran), est l’un des romans épistolaires les plus étudiés au collège ou au lycée. C’est aussi l’un des plus émouvants selon ceux qui ont eu la chance de lire l’œuvre de l’auteur d’un bout à l’autre. Aujourd’hui, il s’offre une nouvelle jeunesse sous la forme d’un roman graphique, grâce à Valérie Vernay (Roses, La mémoire de l’eau) et Vincent Zabus (Le Monde de Sophie, Nos vies Partagées). Ceux-ci n’adaptent pas seulement un livre connu, mais ils vont aussi en écrire une suite.

Oscar et la Dame Rose Albin Michel couverture

Oscar et la dame rose relate le séjour à l’hôpital d’Oscar, jeune garçon atteint d’une leucémie. Alors qu’il apprend une très mauvaise nouvelle, Mamie Rose, une des bénévoles qui visite les enfants hospitalisés, lui propose d’écrire à Dieu et de lui raconter chacune de ses journées. Car Oscar sait qu’il va mourir, et il va retranscrire chacune des journées qui lui restent à vivre comme si il s’agissait de dix ans. Quelques années plus tard, Mamie Rose décide de relire les lettres d’Oscar… avec Oscar ! En effet, le fantôme de celui-ci apparaît à ses côtés pour rejouer chacun de ses écrits.

Oscar et la Dame Rose Albin Michel planche 6

Des décors offrant une nouvelle dimension au texte

Le cadre de l’histoire est moins sévère que dans l’œuvre originale : au lieu de se trouver dans un hôpital aux murs froids, les personnages se situent dans la demeure chaleureuse de Mamie Rose et dans les décors magnifiques qui l’entourent. Pourtant, les péripéties n’en sont pas moins poignantes. En effet, par rapport au roman, la bande dessinée explore moins en détail chaque sujet abordé. Mais les images ajoutent une nouvelle dimension au récit, rendant le texte tout aussi émouvant que sous la plume d’Éric-Emmanuel Schmitt.

Oscar et la Dame Rose Albin Michel planche

Quand les souvenirs des protagonistes prennent un visage connu pour le lecteur

Les traits ronds de Valérie Vernay rappellent ceux de Sempé. Cela crée une ressemblance entre Oscar et le Petit Nicolas, leur conférant une similitude qui fait ressortir le côté polisson du jeune garçon. De plus, ce style de dessin permet aux souvenirs de Mamie Rose d’atteindre l’imaginaire collectif des lecteurs, et d’ainsi être parlants au plus grand nombre. Par contre, aucun signe sur son visage ne montre qu’Oscar est malade : dans ce livre, c’est plutôt Mamie Rose qui est fatiguée, renforçant l’idée que cette fois c’est son histoire à elle qui se joue.

Oscar et la Dame Rose Albin Michel planche 16

Des dialogues toujours très percutants

Les dialogues donnent une force au récit. En effet, ceux-ci sont ingénieusement retranscrits, faisant un mix parfait des lettres de l’œuvre originale tout en y ajoutant les nouvelles interactions entre tous les protagonistes. Ces échanges mettent surtout en avant Mamie Rose et le fantôme d’Oscar qui discutent de leurs souvenirs communs et du temps présent. Et comme dirait Oscar « la reconstitution du souvenir en décor naturel, c’est vachement plus bucolique que les murs blancs de l’hôpital… »

Oscar et la Dame Rose Albin Michel planche 33

Contrairement à ce que les lecteurs pourraient penser, la bande dessinée ne remplace pas le roman. Cette représentation d’Oscar et la Dame rose est un magnifique complément de l’œuvre originale, sans la supplanter. Pour être sûr de bien comprendre l’histoire, la lecture du texte d’Éric-Emmanuel Schmitt est nécessaire. Ce roman graphique peut être considéré comme le tome deux d’un diptyque. Après une telle lecture, chacun est en droit de se demander si d’autres textes du Cycle de l’Invisible, dont fait partie Oscar et la Dame rose, vont être aussi joliment revisités.