Habemus Bastard tome 2 : Un cœur sous une soutane

Avec Habemus Bastard, l’être nécessaire, Sylvain Vallée et Jacky Schartzmann ont donné naissance à Lucien, un homme de main à la morale discutable et au goût du travail bien fait. Mais une faute professionnelle le contraint à improviser. Il se fait passer pour le neveu de son patron, Philippe, qu’il vient de tuer accidentellement, et se réfugie, déguisé en curé de campagne, dans le fin fond du Jura. Évidemment, cette situation donne lieu à des scènes cocasses et inimaginables pour un prêtre. Comment tout cela pourra-t-il finir ? C’est la réponse qu’apportent les auteurs dans Habemus Bastard, Un cœur sous une soutane.

©Dargaud – Jacky Schwartzmann – Sylvain Vallée

Dans ce second tome, Lucien interprète toujours son rôle du prêtre Philippe de façon très personnelle, non sans humour, et sans craintes de choquer ses paroissiens avec son parler bien ciselé. Le soucis c’est qu’une cavale, cela coûte cher, il a donc joué de ses qualités de gangster pour prendre le contrôle et réorganiser un petit trafic juteux de drogue. Lucien n’oublie pas pour autant d’assouvir son amour de la chair dans le confessionnal avec une fidèle qui prend plaisir à lui avouer ses pêchés. Malheureusement, pour un truand, même s’il est prêtre, la tranquillité ne dure jamais très longtemps. Il y aura toujours un gendarme fouineur, ou un cadavre déterré qui réveillera l’animosité d’une bande rivale. La soutane ne suffira probablement pas a arrêter toutes les balles, il faudra au moins un miracle.

Habemus Bastard tome 2 Dargaud planche 14

©Dargaud – Jacky Schwartzmann – Sylvain Vallée

Moins d’humour et plus d’action

Le tome 1 d’Habemus Bastard était axé sur la présentation des personnages, la mise en place de l’histoire et le comique de situation créé par l’union des deux et renforcé par le parlé décapant et blasphématoire de Lucien. Le rythme était calme à l’image de la nécessité pour l’homme de main de se faire discret.

Habemus Bastard tome 2 Dargaud planche 16

©Dargaud – Jacky Schwartzmann – Sylvain Vallée

Dans ce second opus, l’humour et les punchlines de Lucien sont toujours présents, mais la tranquillité laisse progressivement sa place à l’action qui va monter crescendo jusqu’à la fin. Le faux curé va découvrir que les bénéfices se divisent au fur et à mesure que les emmerdements se multiplient. Ainsi, le petit escroc, dont il a pris le trafic de drogue en main pour financer sa cavale et son train de vie, réclame sa part du gâteau, la pseudo amoureuse éplorée de Philippe vient réclamer son dédommagement, un flic s’intéresse de trop près à ses affaires, l’oncle de Philippe ne peut pas laisser la mort de son neveu impunie et une vieille affaire avec des gitans vient compliquer le tout. Autant dire que les balles vont pleuvoir à un point ou le temps de rire sera passé.

Les traits des visages se tendent, les regards se font plus noirs et graves, les sourires sont narquois et au final, comme dans tout bon polar, le calme d’une messe précède la tempête du règlement de compte dont le combat final s’amorce au son des cloches de la fin de l’office.

Habemus Bastard tome 2 Dargaud planche 24

©Dargaud – Jacky Schwartzmann – Sylvain Vallée

Le duo Sylvain Vallée, Jacky Schwartzmann nous livre une histoire dans une ambiance polar aussi drôle qu’originale. Les dialogues et l’humour noir avec des expressions ou réflexions qui font mouche rappellent avec plaisir ceux de Lautner ou d’Audiard. Les dessins réalistes et le trait expressif de Sylvain Vallée nous font croire que l’on regarde un film et le découpage et la mise en page accompagnent parfaitement le rythme du récit. Une duologie à savourer sans modération et dont on apprécie le coté immoral.