Entretien avec Jean David Morvan : femmes de guerre en BD (Madeleine, Ginette, Irena, Simone)

Après un bref échange sur les réseaux sociaux à propos de Madeleine Résistante, nous avons proposé un rendez-vous à Jean David Morvan. L’objectif était de parler de Madeleine Riffaud, mais aussi de ces autres destins de femmes pendant la Seconde Guerre mondiale et dont Jean David a raconté l’histoire en BD avec Simone (Lagrange), Adieu Birkenau (Ginette Kolinka) et Irena (Sendlerowa), tout en nous intéressant à son travail de scénariste.

Jean David Morvan portrait

© Jean David Morvan

Les Amis de la Bande Dessinée : Bonjour Jean David, merci d’accepter cet entretien pour les Amis de la Bande Dessinée et de partager avec eux ton travail. Il y a quelques semaines, le 3e tome de Madeleine Résistante a été publié et, sauf erreur de ma part, j’ai comptabilisé 16 albums sur le thème de la Seconde Guerre mondiale en dix ans depuis celui de de Magnum photo consacré à Capa.

Jean David Morvan : Oh je n’ai jamais compté, mais je ne suis pas bon en maths de toute façon.

Jean David Morvan portrait

© Jean David Morvan

Les Amis de la Bande Dessinée : Oui, le sujet est assez récurrent et la première question, c’est d’où te vient cet intérêt pour cette période de l’Histoire ?

Jean David Morvan : Je n’en sais rien. C’est la réponse la plus bête que je puisse trouver, mais c’est assez juste. Pour le Capa, on travaillait avec Magnum Photo, on cherchait un premier album à faire. Le soixante-dixième anniversaire du débarquement approchant, on s’est dit : « c’est une bonne idée Capa, c’est le fondateur de l’Agence Magnum et c’est le seul qui a fait des photos du débarquement ! donc on a qu’à faire un Capa quoi !!! » C’est aussi la première BD que j’ai faite avec avec Dominique Bertail. Le sujet me passionnait, mais en fait, tous les sujets me passionnent, et c’est parti comme ça.

Robert Capa Morvan + Bertail Omaha Beach, 6 juin 1944 Magnum Photos Aire Libre

© Robert Capa – Jean David Morvan – Dominique Bertail – Magnum Photos – Aire Libre

Après, je pense que tout est parti de Irena. C’est une longue histoire, mais disons que j’ai toujours eu le mot « ghetto » dans ma tête à cause d’une d’une chanson de Bernard Lavilliers* que j’écoutais depuis que j’étais gamin. Il y a eu une expo photos de Hugo Jaeger* sur les ghettos au mémorial de la Shoah, que je suis allé voir, et je l’ai trouvée extraordinaire. Je suis fan de photographie et puis je cherchais une histoire à raconter là-dessus que je ne trouvais pas. Sur Facebook, deux ans plus tard, il y a eu un post sur Irena Sendler* et dont je n’avais jamais entendu parler. Cela m’a passionné et c’est parti comme ça. J’étais frustré de ne pas pouvoir la rencontrer parce qu’elle était morte.

Irena Le ghetto Glénat couverture

© Irena – Jean David Morvan – Tréfouel Séverine – Evrard David – Glénat

Et puis, je suis tombé sur le documentaire « Résistantes » où il y avait Madeleine et je me suis dit : « voilà, là, j’ai vraiment une chance de rencontrer quelqu’un qui a vécu cette période » et je suis allé la voir. Je pense que chaque album en nourrit un autre. Chaque fois, je trouve des anecdotes, des choses et ça se fait naturellement. Je ne réfléchis pas à me dire « tiens, je vais faire un nouveau bouquin sur la Seconde Guerre mondiale ».

Madeleine Résistante Editions Barbier couverture

© Madeleine, Résistante – Madeleine Riffaud – Jean David Morvan – Dominique Bertail – Editions Barbier

Les Amis de la Bande Dessinée : Donc, c’est la même chose pour ces histoires dédiées aux femmes, parce que plus de la moitié de ces albums sur la Seconde Guerre mondiale sont consacrés à des femmes résistantes ou hors du commun.

Jean David Morvan : C’est peut-être parce que l’on a déjà beaucoup parlé des hommes et que c’était intéressant de parler des femmes. Et puis parce qu’il y a un côté je pense moins militaire. Je fais quand même souvent des BD sur la guerre au sens large du terme mais moins souvent sur les militaires que sur des gens qui ne sont pas dans l’armée. Peut-être que c’est ça.

Les Amis de la Bande Dessinée : N’est-ce pas aussi parce qu’avec les femmes, il y a une force émotionnelle plus forte ?

Jean David Morvan : Oui c’est possible, on peut le faire avec des hommes aussi, mais c’est vrai que je suis toujours moins fan des gars en uniforme et puis finalement j’ai toujours aimé écrire des histoires avec des femmes, avec des héroïnes. C’était déjà le cas de Sillage. Et puis, comme Nävis (Sillage) et Madeleine se ressemblent, ça va ensemble. Mais il y avait aussi Naja qui était une tueuse. Je ne sais pas, de toute façon c’est un homme ou une femme.

Les Amis de la Bande Dessinée : Oui bien sûr. Simone et Irena, elles étaient décédées quand tu as raconté leur histoire. Par contre, pour Ginette et Madeleine là, heureusement elles sont encore en vie. Comment cela s’est passé ? Ça a été difficile de les convaincre ? A ta première rencontre, tu étais impressionné ?

Adieu Birkenau - Madeleine, Résistante Albin Michel

© Adieu Birkenau – Ginette Kolinka – Victor Matet – Jean David Morvan – Cesc – Efa – Sole Roger – Ribeiro Raphael – Albin Michel

Jean David Morvan : Avec Madeleine, oui, j’étais impressionné, surtout après le premier coup de fil, elle m’avait quand même envoyé bouler mais bon, c’est son caractère, je le sais maintenant. Madeleine il faut faire partie du cercle. C’est sans doute pour ça qu’elle est très revêche dès le départ. Mais dès qu’elle m’a invité à venir chez elle au deuxième coup de fil, ça s’est hyper bien passé tout de suite, on s’est vraiment très bien entendu, il n’y avait pas de question d’âge, comme des amis, c’était direct et immédiat. Avec Madeleine, si ça marche, ça va tout seul. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde

Avec Ginette aussi, mais Ginette c’est un peu différent parce que l’idée vient de Victor Matet*. Je travaillais sur Magnum Génération avec sa sœur qui était chez Magnum comme iconographe. Il la connaissait bien, il avait déjà fait des documentaires avec elle et Il avait envie d’en faire aussi une BD. Donc j’ai rencontré tout de suite Ginette, d’abord à Drancy, au mémorial où elle faisait une intervention devant environ 200 profs , c’était impressionnant. Deux jours plus tard, on partait à Birkenau, à peine trois semaines après qu’on ait eu l’idée de faire ce projet !!! Cela s’est passé très vite et Ginette, c’est Ginette !!! Cela se passe bien avec tout le monde, elle  est géniale, elle est gentille, elle est drôle, elle est accueillante. C’est ça qui est très fort d’ailleurs, tout le monde est bienvenu avec Ginette.

Portrait de Ginette Kolinka BD Adieu Birkenau chez Albin Michel

© Adieu Birkenau – Ginette Kolinka – Victor Matet – Jean David Morvan – Cesc – Efa – Sole Roger – Ribeiro Raphael – Albin Michel

Mais bon, les deux sont absolument géniales. Je connais mieux Madeleine que Ginette car j’habite chez elle quand même deux jours par semaine, mais les deux sont extraordinaires.

Les Amis de la Bande Dessinée : Et pour l’écriture ça s’est passé comment ? Elles se sont impliquées ? Elles ont demandé un droit de regard ou elles te font totalement confiance ?

Jean David Morvan : Ginette, on aurait pu le faire sans elle. Quand on lui a demandé si elle voulait bien qu’on fasse une BD, elle a dit : « De toute façon vous faites ce que vous voulez, moi j’ai rien à dire ! » Donc on a décidé de la faire avec elle. On est allé à Birkenau avec Ginette, et on a passé du temps à lui poser des questions. Ce voyage et tout ce qu’on a enregistré, c’était déjà largement suffisant pour la BD. Et puis elle a lu la BD. Je sais qu’elle était émue car quand elle a revu son père et sa famille elle a dit : « C’est la première fois que je les revois ». C’est vrai qu’elle ne les avait jamais revus parce qu’il n’y a pas eu de fiction. Oui, c’était assez émouvant pour elle. Après, la BD, c’est une des choses parmi tout ce qu’elle fait pour témoigner. Ce n’était pas le plus important sans doute au départ pour elle, mais elle s’est aperçue qu’elle marchait très bien car elle faisait plein de dédicaces et beaucoup de gamins découvraient son histoire et après tout, c’est son but de s’adresser à eux pour qu’ils ressentent les choses. Donc elle est très contente.

Photo de Ginette Kolinka, Birkenau

© Ginette Kolinka – Victor Matet – Jean David Morvan

Les Amis de la BD : Les BD dédiées à Madeleine et Ginette sont très différentes. Ginette est très didactique, plus faite pour les enfants alors que Madeleine est plutôt autobiographique.

Jean David Morvan : Oui, avec Ginette, on emmène les gens pied à pied, mais c’est ce qu’on voulait. Je suis content d’entendre ça parce que narrativement c’est compliqué. Madeleine je dirais, c’est linéaire, mais là c’était très complexe à monter car il fallait faire des allers-retours en permanence entre les deux périodes et que personne ne s’y trompe. Tout le monde a l’impression que c’est facile, moi je trouve ça génial mais on fait un métier complexe.

Les Amis de la BD : Même les dessins semblent plus destinés aux enfants chez Ginette par rapport à Madeleine, le travail est complètement différent. Qu’est-ce qui a justifié ces choix dans la manière de raconter?

Jean David Morvan : Les deux ont le même but mais avec une manière différente. Avec Adieu Birkenau quand on est allé avec elle à Birkenau en octobre 2020, elle a dit sur place que ce serait son dernier voyage, qu’elle était fatiguée. On ne s’y attendait pas en partant et donc là, on s’est dit que l’on avait une matière de structure narrative incroyable. On allait raconter son premier et son dernier voyage, ce qui est assez exceptionnel. A partir de là il fallait entremêler les deux périodes. Moi ça m’intéressait, et je voulais absolument le faire parce que je trouvais qu’il n’y avait pas ça dans le pourtant très bon livre de Marion Ruggieri* qui s’appelle Retour à Birkeneau. On ne voyait pas la Ginette d’aujourd’hui qui explosait à la télé, qui était formidable. Même quand je ne la connaissais pas encore, je l’avais vue chez Ruquier, je la trouvais excellente, très drôle. C’est ce que j’ai dit à Victor, « mais moi je veux absolument qu’on connaisse la Ginette d’aujourd’hui et qu’on la ressente, que ce ne soit pas un être immatériel qui soit envoyé en camp, qu’on parle de l’unicité de chaque personne, de ce que chaque personne a vécu à travers elle ».

Avec cette rupture narrative, c’est très complexe de passer dans les époques et pourtant, tout le monde le lit simplement. C’est la réussite des scénaristes en quelque sorte d’arriver à faire un truc qui semble simple alors qu’à créer, c’est hyper complexe. Donc effectivement elle est plus basée sur elle qui raconte son histoire, donc c’est plus didactique. Après, il fallait essayer d’injecter de l’émotion. Mais c’est facile avec Ginette, elle nous a même fait rire à Birkenau !!! On avait un personnage extraordinaire qui permettait de faire une BD qu’on n’avait jamais lue sur les camps de concentration. C’est pas non plus le grand guignol de La Vie est Belle*et c’est pas non plus le fils de Saul* où on est toujours avec le personnage et où il faut imaginer car on ne voit presque rien, c’est très dur. Adieu Birkenau c’est entre les deux.

© Adieu Birkenau – Ginette Kolinka – Victor Matet – Jean David Morvan – Cesc – Efa – Sole Roger -Ribeiro Raphael – Albin Michel

Quant à Madeleine, elle est beaucoup plus impliquée finalement que Ginette. On me demande souvent si Madeleine, c’est vraiment ma coscénariste, je réponds que c’est plutôt l’inverse, c’est moi son coscénariste. C’est moi qui fais le scénario mais avant, elle me raconte et on en parle très longtemps. Et puis surtout, comme elle est aveugle, je lui relis tout le scénario avec les dialogues, je lui raconte tout ce qui se passe dans les cases. Quand on a le story-board on recommence, quand on a les pages finies je recommence et à chaque étape c’est pareil. Par exemple sur le tome 2 j’ai du lui lire l’album 16 fois et à chaque fois elle me dit « Tiens, on pourrait faire comme ça », «  Tiens on pourrait faire ci » et je lui dis « ah oui tient ce serait bien ça nous permettrait de rajouter cette scène » et puis « de mettre un petit dialogue ». C’est un vrai travail permanent avec Madeleine. Elle est vraiment dedans.

Jean David Morvau - Madeleine Riffaud - Dominique Bertail

© Jean-David Morvan – Madeleine Riffaud – Dominique Bertail

Les Amis de la BD : Oui et puis, elle est du métier de l’écriture.

Jean David Morvan : c’est exactement son métier. Moi j’ai écrit beaucoup de BD mais par rapport à ce que Madeleine a écrit dans sa vie, je reste un gamin mais oui son métier c’est de raconter les histoires des autres.

Elle a vécu tellement d’aventures, et elle les a racontées tellement bien que l’on est vraiment sur un pied d’égalité. Enfin non, parce qu’elle est plus forte que moi, mais voilà, on se comprend, on connaît la narration. Je ne pensais pas du tout faire cette structure-là quand j’ai commencé avec elle. Je pensais faire plus comme elle raconte, d’une manière organique. Je pense toujours à l’exemple de la rose : la rose de son grand-père qui nous amène après la guerre à la rose des huards qui nous amène à la rose de Hô Chi Minh* qu’elle a rencontrée, au poème sur les roses de Reiner Maria Rilk* dont elle a pris le nom pour être résistante. Partir d’un élément pour raconter toute sa vie et finalement toute l’histoire de France de la seconde partie du 20e siècle. Un peu à l’exemple de Il était une fois en France*, avec des allers-retours dans le temps.

Et puis, quand Dominique Bertail est arrivé, Il m’a dit « en fait moi, je rêve depuis toujours de créer un héros ou une héroïne avec un côté un peu Tintin et donc je pense que ce serait bien de le faire de manière linéaire ». Je pense que si on fait une BD à plusieurs, l’idée c’est de travailler avec les envies de tous, donc j’ai bouleversé mon plan, mais avec plaisir, parce que c’était une bonne idée. On a commencé par Madeleine gamine et on évolue dans le temps. Il y a des petits flash-backs mais on n’y fait pas trop attention, à priori on est toujours avec Madeleine dans cette BD. A part quelques exceptions comme dans le 2, on la quitte un peu parce que on suit son copain Picpus. Dans le 3 aussi à un moment on est chez ses parents et à un autre on est avec ses copains, mais à priori la caméra est toujours avec elle.

Madeleine Résistante éditions Barbier

© Madeleine, Résistante – Madeleine Riffaud – Jean David Morvan – Dominique Bertail – Editions Barbier

On a choisi cette construction et évidemment, ça prend de la place mais la force que ça a, c’est qu’on ne fait pas de la « BD Wikipédia ». C’est-à-dire quand le texte prend le pas sur l’image et que l’image n’est qu’un commentaire du texte. C’est quand même assez courant et assez casse bonbons en BD en ce moment, parce que c’est facile en fait à faire, honnêtement c’est le degré 0 de la bande dessinée. Mais nous, avec Dominique, on a essayé de prendre tout ce qu’on avait appris en faisant de la BD de genre, western, science-fiction, etc., enfin ce qu’on a appris en grandissant dans ce métier et finalement l’autobiographie de Madeleine avec toutes ces techniques, toutes ces manières de raconter, du coup ça devient une BD de genre mais qui est aussi du témoignage et finalement, la manière de raconter par le texte est aussi important que la manière de raconter par l’image. Avec Dominique, on est les outils de Madeleine et on est très fier de l’être pour faire sa toute première autobiographie.

Madeleine Résistante Editions Barbier, planche de l'album

© Madeleine, Résistante – Madeleine Riffaud – Jean David Morvan – Dominique Bertail – Editions Barbier

Les Amis de la Bande Dessinée : N’y-a-t-il pas un trop grand regret qu‘elle ne puisse pas voir le résultat final ?

Jean David Morvan : C’est terrible. Mais bon, en même temps c’est gentil parce que elle nous fait une confiance complètement folle. C’est vraiment génial.

Les Amis de la Bande Dessinée : A l’écoute de son témoignage et des horreurs impensables qu’elle à vécues, comment tu réagis quand tu les entends pour la première fois ? ça doit être compliqué ?

Jean David Morvan : Avec Madeleine ça dure des heures, c’est ça qui est bien, mais je ne sais pas, elle m’a raconté cela tellement de fois maintenant.. Sans doute les premières fois, c’était terrible. Quand je suis allé la voir, je ne connaissais pas 10% de sa vie. Tout ce qu’elle me racontait était fou. Mais quand elle me raconte ça, ce qu’elle fait très bien, j’ai d’abord beaucoup d’empathie pour elle, mais surtout j’imagine tout de suite comment je vais pouvoir le mettre en BD. J’ai toujours ce petit décalage d’auteur entre guillemets qui me permet d’atténuer un peu la réception de ces scènes. C’est sans doute une protection et je prends tout de suite la distance en me disant « voilà, si je suis lecteur, qu’est ce qui me touchera le plus ? ». Je réfléchis beaucoup à ça en tant que scénariste et comment donner du rythme, où je vais mettre la scène, comment vais-je la retravailler. Donc quand je l’entends, je l’écoute, mais c’est vrai que tout ça me met un peu à l’écart. Et Madeleine, quand elle raconte, elle est totalement dedans ! Elle revient à cette époque-là et donc en vrai, c’est pour elle que c’est très dur. D’oser raconter aujourd’hui ce qu’elle a vécu, voilà un deuxième courage !!!

Madeleine Résistante Editions Barbier planche de l'album

© Madeleine, Résistante – Madeleine Riffaud – Jean David Morvan – Dominique Bertail – Editions Barbier

Les Amis de la Bande Dessinée : Ces femmes sont toutes très différentes de par leur histoire, leur origine, mais quel est leur point commun pour arriver à se transcender comme ça ? La chance, le courage, … ?

Jean David Morvan : La chance est là mais Ginette m’avait dit ça une fois : « moi j’ai eu de la chance donc je ne mérite pas tous les honneurs qui me sont faits aujourd’hui. Je suis là parce que j’ai eu de la chance ». Le courage il est là, mais c’est juste aussi parce qu’elles l’ont vécu. Des fois on vit des choses, des fois par dépit, des fois par malchance, des fois par courage, on ne choisit pas la vie qu’on a, ça nous tombe dessus, surtout à cette période. Évidemment, elle dit qu’elle n’a pas eu de courage à survivre, que ça s’est passé comme ça et on peut l’entendre, par contre le courage qu’elle a, c’est de s’être plongée dedans et de témoigner. Et finalement de le revivre en permanence en fait, c’est plus ça le courage.

Madeleine, elle n’a pas fait ça non plus par courage. Je pense qu’elle a fait tout ça parce que c’était son caractère et qu’il fallait qu’elle le fasse. Ginette, elle a vécu tous ces événements, elle s’en est sortie, elle aurait très bien pu se dire comme plein d’autres, « oui, c’est bon, j’ai déjà vécu ça, j’en peux plus parce que c’est trop dur de revoir ma famille, tous mes copains morts tout ce qui s’est passé », mais aujourd’hui, toutes les deux, elles ont enfourché le témoignage.

Portrait de Madeleine Riffaud

© Madeleine Riffaud – Jean David Morvan

Les Amis de la Bande dessinée : Qu’est-ce qui les pousse au fond aujourd’hui à raconter tout cela ?

Jean David Morvan : Pour moi, c’est sûr, c’est le besoin de raconter aux gens la vérité sur une période dans tous ses détails pour que cela ne recommence pas. Mais il y a aussi un côté un peu nihiliste dans tout ça. Elles savent très bien que ça recommence partout dans le monde peut-être moins fort, mais justement elles utilisent leur voix pour montrer ce que c’est réellement. Et c’est pour ça qu’il fallait faire les scènes de torture dans le tome 3, que l’on comprenne ce que c’est vraiment, c’est pas juste dire « ah ben on a été torturé » mais plutôt voilà comment sa ce se passe et comment on vit ça ? Et ça, c’était très important .

Les Amis de la Bande Dessinée : Est-ce qu’il y a des des questions que tu n’as pas osé leur poser ou des moments de leur histoire que tu n’as pas raconté car cela semblait trop dur ou à ne pas dire ?

Jean David Morvan : Il y a des choses que je n’ai pas racontées, bien que ce soient des bonnes scènes mais je trouve qu’elles ne s’intégraient pas bien dans le récit ou que ça prenait trop de place. On a toujours des scènes inédites qu’on pourra réutiliser un jour en flash-back. pourquoi pas, j’ai préféré ne pas les mettre pour garder du rythme. Mon métier, c’est aussi de trouver le bon rythme de lecture, et puis au bout d’un moment il fallait finir et je voulais pas rajouter 20 pages non plus.

Sinon au niveau des questions que je pose à Madeleine comme à Ginette, Il n’y a rien que je ne pose pas, on est vraiment dans une relation où je peux tout demander, je suis là pour ça. Elle le savent et c’est ce qu’on fait. Après c’est dur. C’est vrai qu’avec les tortures de la Gestapo rue des Saussaies, on y a quand même passé des mois, donc à un moment elle m’a dit « mais sors moi de la rue des Saussaies ». Là, je me suis bien rendu compte qu’elle y était dans sa tête à chaque fois qu’on en parlait, il était temps qu’on passe à autre chose et qu’on avance dans le scénario. Mais c’était tellement important que je voulais beaucoup de détails, donc on est allé loin, mais des fois ça venait d’elle-même, donc elle l’a fait comme un travail mais un travail qui fait du mal, c’est comme ça ?

Madeleine Résistante Editions Barbier, planche

© Madeleine, Résistante – Madeleine Riffaud – Jean David Morvan – Dominique Bertail – Editions Barbier

Les Amis de la Bande Dessinée : Outre le témoignage, tu as fait un travail de recherche, de vérification ou tu te bases uniquement sur leurs souvenirs ?

Jean David Morvan : Oui, toute façon historiquement, je suis obligé d’aller chercher les costumes, les lieux, à quoi ça ressemblait, comment c’était plausiblement ? C’est un travail que je fais en permanence, c’est ce qui prend le plus de temps. Je commence à travailler sur La peau de chagrin de Balzac, et bien toute la journée d’hier j’ai cherché des infos sur Paris 1830 que je connais bien mais comme le dessinateur n’est pas français je vais chercher un maximum d’informations. Il faut que je lui sorte toute la documentation.

Pour Adieu Birkenau on a tout fait pour savoir comment était précisément le camp. Où sont les grillages, quelle vue elle a si elle marchait dans cet axe-là ou dans un autre. par exemple j’ai cherché longtemps quel instrument ils utilisaient pour faire les tatouages, ça m’a pris du temps mais pour moi, c’est très important. Tout est dans le détail. On a hyper travaillé pour être le plus réaliste et le plus précis possible par rapport à cette période et au camps. Dans la BD, je lui fais dire quand elle arrive avec les enfants parce que, elle, elle ne me l’a jamais dit, mais je suis toujours atterré de voir dans des documentaires, des films ou des BD, les gens qui entrent au portail de Birkenau, avec le rail, et puis après ils ont le portail « Arbeit Macht Frei. » Mais ce n’est pas le même camps en fait, c’est à 3 km ça n’a rien avoir.

Adieu Birkenau Ginette Kolinka planche

© Adieu Birkenau – Ginette Kolinka – Victor Matet – Jean David Morvan – Cesc – Efa – Sole Roger – Ribeiro Raphael – Albin Michel

Raconter des histoires aussi fortes, sur des lieux aussi emblématiques et ne même pas y être allé ou ne même pas savoir à quoi ça ressemble, c’est ridicule. C’est vrai qu’il y a des choses, on ne les trouvera jamais ou on passe à côté de certaines, on ne le fait pas exprès. Dans le premier tome de Madeleine, elle nous avait dit que le Mec qui l’avait violée était dans la milice. On s’est rendu compte une fois édité que la milice n’était pas encore créée à ce moment-là et que possiblement le gars était au SOL* qui est l’ancêtre de la milice, donc on l’a mis dans la 2e édition, on a changé. Ce sont des choses qui arrivent et il faut accepter que l’on peut se tromper mais on peut toujours corriger. Ce n’est pas très grave et puis elle avait raison. La vie est toujours plus complexe qu’une bande dessinée. Ce mec, elle l’a connu très longtemps même après la guerre. Donc elle savait très bien qu’il était dans la milice mais sauf qu’à cette période-là, il y était pas encore mais pour elle, il était un milicien, évidemment.

Les Amis de la Bande dessinée : Qu’est-ce qui a justifié le choix de faire la BD sur Madeleine en bichromie ? D’ailleurs c’est tellement réussi qu’aujourd’hui on ne peut pas l’imaginer autrement.

Jean David Morvan : Oui c’est vrai c’est bizarre, pour moi c’est pareil. D’ailleurs Dominique, il avait fait pour Casemat une couverture couleur parce que les gens du magazine pensaient que c’était mieux parce qu’ils n’avaient jamais de couverture « noir et blanc » entre guillemets ou bleue. Il a fait un dessin en couleur qui est pourtant proche des Bleus mais on ne reconnaissait même pas que c’était Madeleine Résistante donc c’est devenu une marque de fabrique. En fait, Dominique a pas mal de manières de justifier ce bleu là mais je pense que la vérité, c’est qu’il avait envie de le faire en bleu et c’est très bien comme ça.

J’avais peur au début parce que on avait besoin que le tome 1 se vende un peu parce que on a tous besoin que le tome 1 se vende un peu. On ne voulait pas aller voir Madeleine en lui disant «le tome 1 s’est planté donc Madeleine, on s’arrête-là, on ne fera pas la suite de la BD ».  Ça, c’était inadmissible. J’avais eu cette pression là de dire « Il faut que ça marche un peu, parce que il faut continuer ». Avec Dominique, on avait déjà très envie de raconter l’après-guerre, la vie de reporter de guerre de Madeleine mais pour ça, ça amenait un tome 4. Bon, là on pensait faire une trilogie mais a rajouté un tome sur la guerre puisqu’on avait beaucoup de matière. J’avais peur que ces couleurs ne soient pas assez entre guillemets « commerciales », mais Dominique m’a convaincu en disant « mais regarde le nombre d’albums en noir et blanc qui marchent ».

Madeleine Résistante, Editions Barbier

© Madeleine, Résistante – Madeleine Riffaud – Jean David Morvan – Dominique Bertail – Editions Barbier

Et Dominique pensait, à raison, que les gens allaient se créer leurs propres couleurs à partir de ça et c’est assez juste. Et Dominique, il a réussi cette manière de poser cette couleur qui fait qu’il ne la pose pas, c’est pas de la mise en couleur traditionnelle, en fait, il fait un boulot de chef opérateur de films. Il place ses lumières et tout répond à la lumière, à l’endroit d’où vient la lumière. cela crée des ambiances incroyables. Tout mis ensemble fait que ça marche bien, on est quand même en train d’arriver aux 100 000 ventes du premier tome et sur Ginette on est quasi à 100 000 aussi, donc c’est vraiment exceptionnel. Vraiment, je les remercie les deux mamies les plus Rock N’roll de France et pas que financièrement, émotionnellement aussi surtout.

Les Amis de la Bande Dessinée : A la lecture on la ressent cette émotion, chacune à des manières différentes et on ressent aussi leur personnalité.

Jean David Morvan : Voilà, c’est ça. C’était vraiment important parce que c’est ce que je dis souvent, « l’avantage avec la la Seconde Guerre mondiale, c’est que le contexte est posé, on sait qui sont les méchants ». Je fais quand même de la contextualisation quand il y a besoin pour comprendre l’histoire, mais on peut creuser la personnalité des gens. Cela permet de montrer qu’ils sont tous différents, que ce soit Simone, Ginette, Iréna, Missac, Madeleine. ils ont pris le même événement dans la tronche et ils ont tous réagi d’une manière différente et ça c’est important.

Les Amis de la Bande Dessinée : Pour Madeleine, il me semblait que c’était prévu en 3 tomes et tu m’annonces qu’il y en a un 4ème en préparation ?

Jean David Morvan : En fait au tout début, c’était prévu en 3 albums, c’était en 2019, quand on a signé le premier contrat, mais en fait non. Je pense que c’est le journaliste qui est très sympa mais qui a dû ressortir un vieux dossier de presse et qui a dit que c’était en 3. Donc tout le monde a dit « c’est le dernier tome ». On s’est dit on ne va pas perdre de temps à démentir c’est pas grave, mais non on avait prévu depuis longtemps que ce serait plus qu’une trilogie.

Bertail Morvan Riffaud Madeleine, résistante 3 : les nouilles à la tomate Aire Libre

© Madeleine, Résistante – Madeleine Riffaud – Jean David Morvan – Dominique Bertail – Editions Barbier

Il y a beaucoup à raconter, sa vie de journaliste, le Vietnam, la guerre d’Algérie, je pense que cela fera 7, 8, 9 tomes, on verra, je ne veux plus rien dire de définitif mais ça va être génial, et tout aussi passionnant. Et puis surtout, il y a des retours vers la résistance, ses copains résistants seront toujours dans sa vie sauf maintenant puisqu’ils sont morts, mais on y revient toujours donc on ne sera jamais hors sujet, parce que il ne faut surtout pas l’être. C’est ce que je n’ai pas voulu faire avec Iréna, en m’arrêtant au tome 5, ne pas faire l’album de trop. ça parlait d’Iréna et les enfants du ghetto et des déportés et il fallait que je reste sur ce sujet-là. J’avais commencé à trop raconter son histoire avec l’Union soviétique. Donc j’ai essayé de garder ça, l’émotion et la force narrative jusqu’au bout. L’album de trop ça gâche toute une série donc c’est pareil sur Madeleine, il faudra y faire attention.

Les Amis de la Bande Dessinée : Que va t’il se passer dans le 4ème tome ?

Jean David Morvan : On reste sur la libération de Paris. Le début, c’est la continuité de la bagarre contre la milice des nazis dans le dix-neuvième arrondissement où elle est chef de groupe. Après, c’est une mission secrète qui donnera son nom à l’album qui s’appellera l’Ange Exterminateur. Ce qui change un peu des Nouilles à la Tomate. C’est marrant, ça fait des titres un peu différents. Après il y a la grosse partie consacrée à la bataille de la République où il y a eu tellement de morts et qui est la dernière grosse bataille de la libération de Paris à laquelle elle a participé. Donc voilà. Puis ça finira le 26 août après le passage de De Gaulle. Donc c’est un album qui se passe sur 3 jours.

Madeleine, Résistante Editions Barbier

© Madeleine, Résistante – Madeleine Riffaud – Jean David Morvan – Dominique Bertail – Editions Barbier

Les Amis de la Bande Dessinée :  Il y a le dernier tome de Simone aussi qui doit paraître ?

Jean David Morvan : Oui, on est en train de le commencer avec David Evrard, j’ai écrit les 16 premières pages. Il sortira l’année prochaine normalement.

Morvan Evrard BenBK Simone Glénat couverture

SIMONE – Jean David Morvan – Evrard David – Ben Bk – Glénat

On a fini aussi le tome 2 des Amis de Spirou.

Les Amis de la Bande Dessinée : Cool ! Il y a d’autres projets ? Un retour à la SF ?

Il y a l’adaptation de Kessel* l’Armée des Ombres qui était géniale à faire, ça sort en octobre donc je suis content qu’on m’ait proposé de faire ça, j’ai sauté sur l’occasion.

L'armée des ombres Philéas couverture

© L’armée des Ombres – Joseph Kessel – Jean David Morvan – Moynot Emmanuel – Lacou Benoit – Philéas

Après, il y a les adaptations de Burroughs*, je suis en train d’écrire le tome 2 de la Princesse de Mars, il y a au Cœur de la Terre, et puis il y a le Tarzan dont j’avais proposé à Corbeyran de faire la moitié avec moi, qui va sortir bientôt.

Ce que je cherche quand même aujourd’hui, c’est trouver et faire des BD qui donnent envie aux éditeurs de les promouvoir et de les faire connaître car j’ai fait trop de BD ou à la fin, malgré les promesses qu’on nous faisait, l’album est juste posé dans la librairie et il ne se passe rien à part une dédicace et trois festivals, mais ce n’est pas ça qui fait connaître les albums. Donc c’est aussi une question de sujet. La SF j’adore en faire, mais en ce moment je suis plus vers autre chose. Mais ce n’est pas très différent parce que quand je faisais des BD de SF, si on parle de Sillage même la Mandiguerre qui est oubliée aujourd’hui et qui était une sorte de Première Guerre mondiale dans l’espace, je me suis beaucoup servi de l’Histoire pour raconter. Donc en fait j’ai toujours raconté ça.

Les Amis de la Bande Dessinée : Oui comme avec Au Cœur de la Terre

Jean David Morvan : Oui c’est ça. J’ai toujours travaillé sur des personnages qui étaient résistants. Je ne m’en étais pas rendu compte, avant de travailler avec Madeleine. Mais après, quand j’ai fait une rétrospective, je me suis rendu compte que j’ai toujours fait des gens qui se battaient contre un système oppressif, Je n’ai jamais fait de super héros comme superman ou Batman qui sauvent le monde. C’est marrant de regarder dans le rétroviseur.

Les Amis de la Bande Dessinée : Avec tous ces projets et réalisations simultanées tous aussi différents les uns que les autres, comment tu gères tout cela et jongles entre les scenarios ?

Jean David Morvan :  Soit j’ai fait ça et ça a forgé mon caractère, soit, plus probablement, mon cerveau est fait pour que je fasse ce genre de choses. Ça fonctionne par petites cases que j’ouvre et que je ferme donc ce n’est pas très compliqué.  Dès fois si, mais c’est moins pire que d’être à la mine donc ça va, je suis content de ce métier. Et j’ai toujours une raison très personnelle de faire chacun des albums. J’ai la chance de n’avoir quasi pas fait d’albums de commande que je n’avais pas envie de faire, donc je sais pourquoi je fais les albums. Cela ne se voit pas forcément, mais ça m’aide émotionnellement à venir sur chaque bouquin et à ne pas les confondre donc c’est pas très compliqué, c’est la manière de fonctionner normale de mon cerveau.

Aujourd’hui, je fais beaucoup moins d’albums qu’avant, j’ai beaucoup à faire. Mais il y a des époques où j’en écrivais vraiment beaucoup, je crois qu’une année j’ai sorti 27 albums, c’était complètement fou, ça veut pas dire que j’en avais écrit 27 dans l’année, mais avec les retards des dessinateurs, il en est sorti 27. C’est vraiment trop, maintenant j’en fais allez 7, 8 dans l’année, c’est déjà pas mal.

Les Amis de la Bande Dessinée : C’est la deuxième fois que tu réponds à une interview pour les Amis de la Bande Dessinée. Est-ce que tu aurais un un message pour la communauté et ceux qui la font vivre ?

Jean David Morvan : Oui, je suis ami de la bande dessinée, la BD m’a suivi toute ma vie, c’est hyper important et formateur. J’ai appris plein de choses en lisant les 7 Vies de l’Epervier et je continue de lire en moyenne entre 4 à 5 BD par jour donc oui, je peux dire que je suis un ami de la bande dessinée.

Je dirais bravo, moi ça me va très bien. Après, comme dans toute communauté, il y a des gens qui sont un peu sectaires, ou il y a des gens qui flambent un peu, mais ce n’est pas gênant. Je pense que dans l’ensemble ce qui compte c’est d’être réuni par une passion. Et ça c’est génial. Même si l’on n’a pas la même vision du monde, la même opinion politique et bien ce n’est pas grave parce qu’on peut quand même se réunir sur un sujet et je trouve ça pas mal en terme d’humanité. Voilà.

Et le plus important c’est de faire les choses sérieusement, mais sans se prendre au sérieux.

Les Amis de la Bande Dessinée :  Et bien une dernière petite chose avant de te remercier sincèrement pour nous avoir donné de ton temps, je crois que demain tu vois Madeleine ?

Jean David Morvan :  Oui demain il y a un évènement génial, c’est à la SCAM*, qui est la société des auteurs et qui a refait son bâtiment entièrement. Ils ont décidé de faire une salle de rencontre et de l’appeler la salle Madeleine Riffaud. L’inauguration est demain. Ils ont choisi Madeleine à l’unanimité pour honorer son courage, son travail dans le journalisme et tout ça. C’est très émouvant et je suis très content d’aller à l’inauguration, Je suis toujours un peu avec elle finalement. Et puis du 26 septembre au 02 novembre il y a une Expo Dominique Bertail à la Galerie Barbier à Paris consacrée à Madeleine Résistante et il y a aussi une exposition qui tourne sur toute la France depuis le tome 1 qui retrace son parcours de vie et que vous pouvez voir en ce moment à Quimper et Châteauroux et qu’il est possible de solliciter (delville@dupuis.fr).

Affiche de l'exposition Madeleine, Résistante Galerie Barbier

© Madeleine, Résistante – Madeleine Riffaud – Jean David Morvan – Dominique Bertail – Editions Barbier – Galerie Barbier

Les Amis de la Bande Dessinée : Un énorme merci pour toutes tes réponses et de nous avoir aussi bien parlé de Madeleine, Ginette, Simone, Iréna et toutes ces femmes extraordinaires et de ton métier de scénariste . Nous serions honoré que tu transmettes notre bonjour à Madeleine et que tu la remercies de son travail pour nous rappeler que la liberté est un bien fragile, qu’il faut lutter pour la préserver et que l’on peut survivre à tout. Encore merci.

Jean Denis Morvan : Oui, j’ai de nombreux bonjour à lui délivrer tous les jours, merci à toi je retourne écrire un peu de BD pour changer, bonne journée à bientôt.

© Madeleine Riffaud – Jean David Morvan

© Ginette Kolinka – Jean David Morvan

© Simone Lagrange – Jean David Morvan

© Iréna Sendlerowa – Jean David Morvan

© Salon Madeleine Riffaud à la SCAM – Madeleine Riffaud – Jean David Morvan – SCAM

© Madeleine Résistante – Madeleine Riffaud – Jean David Morvan – Dominique Bertail – Editions Barbier – Galerie Barbier

Propos recueillis par : Xavier G.

Bernard Lavilliers* : Auteur-compositeur-interprètes français reconnu pour son mélange des style de musique reggae, salsa et bossa nova. Stand the Ghetto est issu de l’album O’Gringo édité en 1980.

Hugo Jaeger*: Ancien photographe personnel d’Adolf Hitler de 1936 à 1945 qui a aussi immortalisé les divers évènements criminels de la politique du régime Nazi pendant la guerre civile espagnole, l’invasion de la Pologne, la destruction de Varsovie, les prisonniers de guerre, le ghetto de Varsovie, la persécution des Juifs pendant l’holocauste. De plus, il a été l’un des rares à utiliser les techniques de photographie en couleur et en particulier l’Agfacolor inventé en 1936.

Irina Sendler* : Militante polonaise qui sauva 2500 enfants juifs du ghetto de Varsovie durant la seconde guerre mondiale.

Victor Matet* : Journaliste à France Info qui après plusieurs reportages et interviews pour Radio France consacrés à la Shoah et à Ginette Kolinka, dont un documentaire de 50 minutes, a collaboré avec Jean Denis Morvan au scénario de la BD Adieu Birkenau.

Marion Ruggierri* : Journaliste (france Inter, Europe 1, Magazine Elle,..) et écrivaine. Elle a écrit et publié avec Ginette Kolinka retour à Birkenau en 2019 aux éditions Grasset.

La Vie est Belle* : Film italien de 1997 de et avec Roberto Benigni qui est déporté avec son fils et qui, pour éviter l’horreur, lui fait croire que les occupations dans le camp sont un jeu pour son anniversaire pour gagner un char d’assaut. Ce film fût récompensé de nombreux prix dont le Grand Prix du Festival de Cannes et trois Oscars.

Le fils de Saul* : film dramatique hongrois de Laszlo Nemes qui montre deux journées de la vie de Saul Auslander, prisonnier juif hongrois à Auschwitz, qui appartient à un groupe isolé des autres. Tout en attendant sa propre exécution à tout moment, il est forcé de contribuer à la crémation des victimes de l’extermination de masse.

Il était une fois en France* : Série fiction de bande dessinée de Sylvain Vallée et Fabien Nury édité entre 2007 et 2012 en 6 volumes. C’est l’histoire d’un ferrailleur juif roumain devenu l’un des hommes les plus riches de France en étant à la fois proche de la Gestapo et principal pourvoyeur de fonds pour la résistance.

SOL* : Service d’Ordre Légionnaire crée en 1941 par Joseph Darnand, vétéran de la Première Guerre mondiale et volontaire dans la seconde. Activité d’extrême droite, son organisation obtient le soutient de ministres et réunit un effectif de 15000 hommes. Elle devint la milice supplétive de la Gestapo en accord avec Philippe Pétain et Pierre Laval. Son chef opérationnel, Joseph Darnand prête sa fidélité à Hitler et deviendra responsable du maintien de l’ordre et secrétaire d’Etat à l’intérieur de la France occupée. Tortures, répressions sanglantes, cours martiales sommaires, participation à la Shoah en France, exécutions, massacres, délations, rafles. A la fin de la guerre, certains partirent en Allemagne, d’autres furent arrêtés, exécutés sur la place publique, condamnés à mort ou jugés et emprisonnés.

Joseph Kessel * : Romancier, journaliste correspondant de guerre, résistant, scénariste, aviateur et académicien français né en 1898 et mort en 1979. auteur notamment de Belle de Jour, Le Lion, du Chant des Partisans et l’Armée des Ombres.

Edgar Rice Burrougths : Romancier, américain né en 1875 et mort en 1950. On lui doit en science fiction le cycle « Mars » qui met en scène John Carter et bien évidemment Tarzan qui fît sa fortune. Il a aussi écrit des Western, romans policier et a œuvré dans le fantasy.

SCAM* : Société Civile des Auteurs Multimédia. Elles rassemble des auteurs d’entretiens et de commentaires, des écrivains, traducteurs, journaliste, scénaristes, … dans le domaine audiovisuel, cinématographique, littéraire, web, photographique, dessin, …

Ho chi minh* :  Il a joué un rôle important dans l’indépendance de son pays et il a été le premier président de la république démocratique du Vietnam en 1930. Il fût une figure importante de l’anticolonialisme et du communisme dans le monde différent de celui de l’ex-URSS et de la Chine .

Reiner Maria Rilk* : Ecrivain autrichien né en 1875 à Prague et mort en 1926 en Suisse. Poète lyrique, il a beaucoup écrit en français. Il est aussi auteur de romans, nouvelles et pièces de théâtre.

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