(Dé)rangée T2

Lorsque la petite voix de Fleur apparaît sous la forme d’une petite fée, la vie de la jeune femme s’améliore drastiquement : nouvelle discipline sportive, nouveau job, nouveau mec. C’était le sujet du tome 1. Greg et Manon reprennent du service avec ce tome 2 de (Dé)rangée, soulevant une question : le bonheur individuel peut-il être total si l’on ne se consacre pas davantage à ses proches ?

(Dé)rangée T2© Greg Blondon-Manon, Bamboo Edition

À l’issue du tome 1 de (Dér)rangée, Fleur s’est reprise en main. C’est devenue une fonceuse, une véritable battante : désormais, place à une alimentation équilibré et à une vie en accord avec ses valeurs. Débarrassée de ses soucis amoureux, elle a obtenu un réel succès dans son nouveau job de journaliste. Toute roule ! Un ensemble de triomphes qu’elle doit à sa petite voix, Line, qui s’est matérialisée, un jour de déprime, sous la forme d’une petite fée. La mission de cette dernière est accomplie, elle a donc radicalement transformé la vie de la jeune femme grâce ses conseils aussi tranchants que, parfois, sarcastiques…

Aussi, c’est fourmillant de nouvelles aspirations que Fleur continue son bonhomme de chemin. Elle enchaîne les articles pour le journal Le Courrier Du Lendemain bercée par les compliments de sa boss et projette même de se lancer dans l’écriture de son premier roman. Pourtant, quelque chose cloche. Avec ce bonheur retrouvé, Line aurait dû repartir dans son monde. Néanmoins, elle est toujours là. Sa mission ne semble pas terminée.

Un bonheur, une forme d’égoïsme?

Avec ce tome 2 de (Dé)rangée, le scénario de Greg Blondin questionne sur la notion du bonheur. À partir de quel moment est-on heureux ? Est-ce simplement parce qu’on a réussi sa vie ? Cette réussite peut-elle être individuelle ? Alors que le premier volume de la série présentait Fleur comme une jeune femme assez peu sûre d’elle, très naïve, particulièrement dans ses histoires amoureuses, avec un fiancé infidèle, ce second épisode montre une jeune femme dont le bonheur flirte avec une légère forme d’égoïsme. Enchaînant les succès, Fleur oublie que certains de ses proches sont peut-être dans la détresse.

À l’image du premier épisode, cet album est divisé en plusieurs chapitres qui reprennent des citations « Feel good » ; Ces phrases, un poil philosophiques, qui ravissent les lectrices et les lecteurs adeptes de ces littératures qui apportent du baume à l’esprit et au cœur.

Monstre hystérique

Au dessin, Manon manie un véritable bâton d’explosif. Elle dynamite avec allégresse les cases, ce qui apporte une sorte de folie furieuse à l’histoire, avec une Fleur survoltée et s’agitant dans tous les sens. On y retrouve la démence et la fureur des animés japonais du début des années 90 tels que Le collège Fou foufou ou Juliette Je t’aime, avec des protagonistes parfois exagérément grands lorsqu’il s’agit d’évoquer la surprise ou le visage déformé lorsqu’il est fâché. Dans le cas de Fleur, elle passe sans transition de jolie jeune femme à monstre hystérique.

Lectrices et lecteurs passeront un bon moment de lecture avec le dytique (Dé)rangée. Les deux volumes se complètent, mais pas forcément parce que le second est l’évidente continuité du premier. La lecture est plus subtile qu’il n’y paraît. Les tomes 1 et 2 évoquent deux sujets complètement différents – la reprise en main et la réussite personnelle pour l’un, l’importance de l’amitié pour l’autre – tout en gardant la cohérence d’une histoire unie et franchement réussie.