Lady S Tome 17 : Au nom du père, du fils et du Samarium
Appelons la Shania… ou plutôt Lady S. Difficile en effet de nommer avec certitude la blonde estonienne (à moins qu’elle ne soit néo-zélandaise ?) adoptée par un riche américain, sans cesse rattrapée par son mystérieux passé… Nous avions laissé cet intrigant personnage en bien mauvaise posture, dans le tome précédent, Missions Suicides. Notre héroïne était en effet au Malawi, en plein cœur d’une mission humanitaire qui tournait mal, entre diplomatie secrète et chasse aux terroristes islamistes. Au nom du père, du fils et du Samarium nous entraîne dans les pas de la jolie blonde qui poursuit sa périlleuse mission.
Pour échapper à son passé et tenter de trouver un sens à une vie qui ne la ménage pas, Lady S avait voulu intégrer une mission humanitaire de livraison de médicaments dans une région sinistrée du Malawi, état africain gouverné par son ami Ndiama. Las ! Elle se trouve aux prises avec Simon, le fils de Ndiama, devenu un sanglant islamiste voulant créer le chaos dans le pays de son père. Mais comme toujours pour Lady S, ses anciennes connaissances se rappellent à elle pour la charger d’une mission ultra secrète et stratégique : le Malawi contient dans ses sous-sols quantité de Samarium, dont les gisements sont convoités par de nombreuses parties. Tiraillée entre la CIA, un mystérieux « Ministère de la Foudre », son ancienne amitié avec Simon et sa volonté de devenir, enfin, une femme libre, Lady S va devoir encore lutter contre tous les maux dans cette aventure qui va la changer profondément.
© Dupuis, Lady S Tome 17, P. Aymond, LF Bollée
La grande et palpitante aventure continue
Décidément, le sort s’acharne sur la jolie Lady S. Heureusement, le personnage a de quoi répondre à un destin capricieux, tant elle déborde de courage, d’inventivité et d’énergie, qualités obligatoires pour un héros ou, en l’occurrence ici, une héroïne de BD d’aventures classiques. C’est précisément en utilisant le cadre traditionnel des bandes dessinées d’action que le scénariste LF. Bollée a ancré sa reprise de Lady S. L’intrigue, commencée dans Missions Suicides, reprend en effet presque tous les marqueurs du classicisme en 9ème art : exotisme, découverte de gisements, amis qui n’en sont pas vraiment, disparition de personnages attachants. Cependant, loin d’être une énième variation de séries de barbouzes qui ont longtemps pullulé sur le paysage bédé, Bollée y apporte non seulement des éléments d’actualité, parfois difficiles à manier, comme le terrorisme islamiste, mais aussi la profondeur d’une héroïne qui utilise les ressources dans lesquelles elle a puisé tout au long d’une existence difficile, tout en voulant être femme et se libérer une fois pour toutes des tourments qui sont continuellement les siens. Pour ce faire, le scénariste intègre dans son histoire des éléments et marqueurs psychologiques et personnels qui nous permettent de nous attacher à un personnage qui a pu, tout au long des albums précédents, paraître un peu fade. Au nom du père, du fils et du Samarium ne nous donne cependant pas la fin de l’intrigue débutée dans le tome précédent qui, rappelons-le, est construit comme un immense flashback après une situation de départ où notre héroïne semblait suivre un destin des plus funestes.
© Dupuis, Lady S Tome 17, P. Aymond, LF Bollée
Une mise en images tirée au cordeau
Philippe Aymond, aux pinceaux de la série depuis son commencement en 2004, réalise une partition parfaite. Son dessin, classique et rassurant, est tout à fait approprié au scénario de cette histoire d’action où les personnages, et notamment le personnage titre, ont toute leur importance. Le dessinateur, usant d’un trait vivant et précis, sans être figé est particulièrement efficace pour montrer au lecteur ce que ressentent ses êtres de papier, notamment lorsqu’ils sont gagnés par la frustration ou la haine. Le découpage et la mise en page de Au nom du père, du fils et du Samarium sont, quant à eux, particulièrement réussis. L’insertion de cases vierges de tout texte, si elle permet de situer l’action sans utiliser les récitatifs, donne aussi à l’album un supplément de peps et de fraîcheur tant certaines pages peuvent parfois être très denses et contenir des dialogues assez volumineux, bien que nécessaires. Les couleurs de M. Versaevel accompagnent avec bonheur le travail d’Aymond. Attractives à l’œil sans être criardes, notamment dans les scènes de désert ; pleines de nuances subtiles lors des passages nocturnes, elles participent pleinement à la beauté visuelle de l’album.
© Dupuis, Lady S Tome 17, P. Aymond, LF Bollée
Au nom du père, du fils et du Samarium continue donc le cycle entamé dans l’opus précédent, sans pour autant le clôturer. L’album, réussi, éveille la curiosité et il tarde déjà au lecteur de découvrir la suite des aventures de Lady S qui, malgré sa volonté d’avoir enfin une vie calme, est prête à en découdre, comme le montre bien la couverture de ce 17ème tome d’une série qui, décidément, gagne en épaisseur.
© Dupuis, Lady S Tome 17, P. Aymond, LF Bollée
Une chronique écrite par : Mathieu Depit
Informations sur l’album :
- Scénario : Laurent-Frédéric Bollée
- Dessins : Philippe Aymond
- Couleurs : Meephe Versaevel
- Editeur : Dupuis
- Date de sortie : 13 septembre 2024
- Pagination : 48 pages en couleurs
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