Tu ne marcheras jamais seule

emmanuelle

il y a 2 mois

Après Je suis au-delà de la mort et Constellation, L’homme étoilé confirme son talent de raconteur d’histoires avec Tu ne marcheras jamais seule aux éditions du Lombard, un récit touchant qui propose une réflexion sur la solitude.

Éditrice à succès en pleine écriture de son premier roman, Clémentine partage son existence entre Simon, un homme à la carrière flamboyante qui lui permet de vivre dans le cadre enchanteur d’un palace parisien et son travail. Surtout, elle s’apprête à donner naissance à leur premier enfant. Pourtant, une ombre se glisse dans ce décor presque trop parfait. Accaparé par son travail, Simon est souvent absent, elle le sent s’éloigner, faisant naître un sentiment de vide qu’elle peine à comprendre.

“Souviens-toi: « You’ll never walk alone »”

L’homme étoilé, c’est cet homme venu du Grand nord de la France (Bruxelles !) d’1,93 mètre, poilu, barbu et tatoué ! Sur son coude gauche, apparaissent en effet trois grandes étoiles qui lui ont donné ce majestueux surnom. Avant d’être auteur de BD, il est infirmier en soins palliatifs. Après avoir abordé le thème du deuil avec son regard de soignant dans des récits autobiographiques, il continue de l’explorer avec Tu ne marcheras jamais seul. Cet album peut se voir comme le dernier volet d’un triptyque consacré à ce sujet, mais peut aussi se lire séparément. Alors que Clémentine voit Simon s’éloigner et qu’elle se sent de plus en plus seule, elle cherche à comprendre les raisons de cette absence. Elle se heurte à un vide qu’elle peine à comprendre. Les personnages, avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs attentes et leurs défaillances provoquent de l’empathie.

« Ne me quitte pas. Il faut oublier. Tout peut s’oublier. »

Les planches sont fluides et graphiquement dynamiques, avec de grandes cases très aérées. Les illustrations rondes, vivantes et touchantes transmettent les émotions d’avantage que les mots. Les dialogues peu nombreux, vont à l’essentiel et produisent une atmosphère bien particulière, dans un album très musical bercé par le son des Jacksons, de Nina Simone et de Jacques Brel. Les couleurs douces et chaudes d’Hélia, la coloriste, contrastent avec la solitude et le mal-être croissant de Clémentine. Pour bien cerner la complicité et l’amour qui lient Clémentine et Simon, l’auteur recourt à des flashbacks où leur passé se dévoile en couleur sépia, couleur ici de la nostalgie.

L’Homme étoilé livre une belle histoire, pleine de silences et d’émotions, d’humanité et de tendresse dans la veine de ses récits précédents. Avec l’histoire de Clémentine, il propose une réflexion sur le déni mais aussi sur l’amour qui subsiste malgré tout avec délicatesse et sensibilité.