Six troisième partie : Le serment de Gabaldón

frederic

il y a 2 jours

Un orphelin borgne, un déserteur, une prostituée, un Indien paria, un esclave en fuite et une nonne défroquée. Tels sont les six « héros » de cette série en quatre parties qui revisite le western sans romantisme.

©Dargaud – Six troisième partie : Le serment de Gabaldón – Pelaez et Casado

L’affrontement est devenu inévitable. Rattrapé par son ancien commandant, Quintus Jones va devoir ruser pour sauver sa vie pendant que Kid, l’enfant héritier d’une mine pleine d’or et Tsiishchili, l’Indien, vont consulter un vieux sage qui pourra leur en apprendre plus sur la malédiction de la montagne d’or. Nos six anti-héros vont maintenant devoir faire face à leurs passés.

©Dargaud – Six troisième partie : Le serment de Gabaldón – Pelaez et Casado

Il était une fois dans la mine

Philippe Pelaez devient petit à petit un scénariste qui compte. Il suffit de voir son impressionnante bibliographie pour s’en convaincre. De plus, son actualité est chargée en cette période de rentrée BD. Pas moins de trois albums sont sortis fin août : Intelligences, le deuxième tome de Bruit & de Fureur et donc cette troisième partie de Six. Ces trois histoires dans trois genres et époques différentes prouvent l’éclectisme de cet auteur.

Six est un western mais un western réaliste. Oubliez les légendes sur les gentils cow-boys et les méchants Indiens et dites bonjour aux grands propriétaires terriens racistes et violents qui n’hésiteront pas à mettre leurs filles au couvent parce qu’elles ont eu une relation avec un homme de couleur. En fait ici, seul le dieu Dollar règne.

©Dargaud – Six troisième partie : Le serment de Gabaldón – Pelaez et Casado

Les deux premiers volumes de Six étaient extrêmement efficaces dans leurs narrations ainsi que dans le développement des personnages. Bien qu’il y ait six protagonistes, tous ont leur propre histoire, le plus souvent assez tragique, et tous sont traqués par des hommes auxquels ils ont échappé ou fait du mal. Quintus Jones est un soldat qui a déserté en prenant en otage son cruel colonel. Avant de le relâcher, Jones l’a scalpé et dessiné au couteau un Q majuscule sur son front. Quintus est un homme violent, pas un héros. Il n’y a pas de héros dans l’Ouest. Il n’y a que des hommes.

Ce troisième album continue dans cette veine. La narration suit tous les personnages sans que le lecteur ne soit perdu. Le récit et l’enchaînement des péripéties sont judicieusement racontés. Il est impossible de refermer l’album avant de l’avoir fini.

Le lecteur remarquera une touche de fantastique dans cette histoire qui jusque là était plutôt terre à terre. Cela pourrait le surprendre mais ces passages sont gérés avec compétences et sont prétextes à créer de la tension ainsi que du suspens.

Comme les deux albums précédents, l’histoire se finit sur un cliffhanger qui promet un affrontement final épique pour la quatrième et dernière partie.

©Dargaud – Six troisième partie : Le serment de Gabaldón – Pelaez et Casado

Le bon, la brute et le conquistador

Casado est un dessinateur espagnol qui a déjà travaillé avec Philippe Pelaez sur la série Un peu de tarte aux épinards. Son travail sur Six est assez agréable : le trait est dynamique, les personnages ne sont pas rigides, le lecteur ressent leurs mouvements, le découpage est simple mais moderne et énergique. Le lecteur remarquera dans cet album un flashback durant la période des conquistadors qui est graphiquement plutôt bien mené. Casado s’est bien adapté à cette nouvelle période historique.

Au niveau des couleurs, c’est Casado assisté par Florent Daniel qui en sont les responsables. Ils sont dans la continuité des albums précédents avec en plus un travail intéressant jouant sur le noir de la mine d’or.

Son nom est Six

Avec son scénario bien écrit et rythmé tout en faisant la part belle à de vrais personnages, ce troisième album de Six s’inscrit dans le sillage des deux précédents et promet un final grandiose. Niveau graphique, il y a une persistance dans le dessin et les choix de couleurs. Le flashback situé à l’époque des conquistadors permet un peu de variations dans les décors et les personnages alors que les passages dans la mine sont rendus effrayants par l’utilisation intelligente de la couleur qui suggère le danger tapi dans l’ombre.