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Plus loin qu’ailleurs

Après Musée et Yellow Cab, Chabouté, toujours en fin observateur, propose un voyage hors du commun et invite ses lecteurs à poser un regard nouveau sur leur quotidien. Prenons un peu de recul et observons d’un œil nouveau ce qui nous entoure à l’image d’Alexandre, le voyageur immobile.

©Vents d’Ouest –Plus loin qu’ailleurs – Chabouté – 2025

Veilleur de nuit dans un parking souterrain, Alexandre n’a jamais vu son quartier de jour. Le jour, il en voit même rarement la lumière. Sa vie sociale semble se résumer aux quelques banalités échangées avec son collègue au moment de la relève. Mais Alexandre prépare avec assiduité et minutie un trek en Alaska. Malheureusement, le jour du départ, au comptoir de l’aéroport, il apprend que l’agence organisatrice a fait faillite et que le voyage est annulé !

©Vents d’Ouest –Plus loin qu’ailleurs – Chabouté – 2025

Partir en restant

Alors que ses rêves de grands espaces s’envolent, qu’il se foule la cheville en tombant dans l’escalator de l’aéroport, Alexandre pourrait rentrer chez lui et reprendre sa vie où il l’avait laissé. Mais il décide de contrecarrer le sort et prend une chambre dans un hôtel en face de chez lui. Il choisit de suivre son Manuel du randonneur en s’adaptant à son environnement : son quartier ! Les béquilles remplacent les bâtons de marche, son attelle les chaussures de randonnée et les recommandations de la conduite à tenir face aux bêtes sauvages lui seront très utiles pour amadouer un SDF revêche qui ne veut pas partager son banc.

©Vents d’Ouest –Plus loin qu’ailleurs – Chabouté – 2025


A l’instar de la scène du Cercle des poètes disparus, où le professeur monte sur son bureau devant ses élèves ébahis pour les inciter à changer de point de vue, Alexandre va transformer son désir de voyage, de découverte d’un ailleurs lointain, en passionnante exploration d’un environnement auquel il n’avait jamais vraiment prêté attention.

©Vents d’Ouest –Plus loin qu’ailleurs – Chabouté – 2025

« Pensée du jour : se dépoussiérer les yeux »

Alexandre tient un carnet de voyage dans lequel il consigne toutes ses expériences, toutes ses observations. Avec une économie de mot mais une belle inventivité, Chabouté raconte une vraie aventure poétique et mélancolique. Son trait caractéristique, porté par un magnifique noir et blanc et un encrage qui joue avec le clair-obscur nous fait entrer dans la tête de son héros. Les dialogues sont rares, mais pertinents et les regards de ses personnages d’une grande expressivité. Des touches de couleurs monochromes apparaissent çà et là, au gré des observations d’Alexandre, comme un révélateur d’extraordinaire dans l’ordinaire.

Avec Plus loin qu’ailleurs, Chabouté nous offre un savoureux voyage, un voyage juste un peu plus loin qu’ailleurs. Il semble vouloir nous redonner ce que nous ne nous accordons pas assez : le temps de rêver, le temps de regarder réellement les lieux et les personnes croisés chaque jour, afin  d’explorer, de découvrir et de sublimer notre quotidien.

Une chronique écrite par : Emmanuelle Desseigne

Informations sur l’album :

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