Sept albums en cinq ans. Giovanni Di Gregorio et Alessandro Barbucci entretiennent un rythme plutôt soutenu avec Les Sœurs Grémillet. Si les deux auteurs nous ont habitué à une série poétique qui explore les secrets de famille, ce nouvel opus ajoute une dimension fantasy qui colle parfaitement à l’univers dans lequel évoluent habituellement les trois adolescentes de la série.
Sarah, Cassiopée et Lucille sont trois sœurs avec des caractères bien trempés, et très différents. Ce qui ne les empêche pas d’être unies. Cette indéfectible union a été matérialisée par le club des 3 sœurs qu’elles ont fondées il y a quelques années devant le Dragon, une petite statue du parc de la commune où elles habitent. Or en cherchant de l’inspiration pour le sujet d’un concours de nouvelles à laquelle elle participe, la cadette de la fratrie, Cassiopée, s’aperçoit que le monument n’est plus sur son socle. C’est une nouvelle affaire qui débute pour le trio d’enquêtrices. Les adolescentes décident de retrouver ce dragon qui fut un élément fondateur de leur club. Cassiopée y trouve là de la matière pour écrire son histoire, avec comme point de départ trois jeunes aventurières élues qui se voient confier, par le monarque de leur pays, la recherche du Dragon d’or, un animal sacré qui protège ce royaume imaginaire.
Entre réalité et fiction, Di Gregorio et Barbucci imaginent une double quête qui oscille entre la poésie habituelle à laquelle ils ont habitué leurs lectrices et leurs lecteurs, et un récit alternatif qui bascule dans la fantasy. Deux histoires pour le prix d’une !
Des défauts qui deviennent des qualités
Comme pour chacun des opus de la série, les deux auteurs mettent en lumière les divergences de caractères entre les trois adolescentes. Sarah la sportive, Cassiopée la romantique et Lucille l’amoureuse des animaux. Ainsi, entre les moments consacrés à la recherche du Dragon, les sœurs vivent également leur propre histoire personnelle. Compétition d’unihockey pour l’aînée, l’écriture d’une nouvelle pour la cadette, pendant que la benjamine s’investit dans un refuge pour animaux. Trouvant de l’inspiration dans la réalité, Cassiopée se sert des forces des membres du trio afin de leur donner des pouvoirs magiques en vue de sauver le royaume imaginaire qu’elle développe.
Le scénario de Di Gregorio glisse aisément entre les deux univers, tout en développant des arcs narratifs cohérents entre eux. Dans la réalité, Sarah se révèle une compétitrice hors pair, quoiqu’un peu arrogante, alors que dans le monde parallèle son insolence lui sert à devenir une combattante brillante pour se débarrasser des créatures les plus effrayantes. Depuis les débuts de la série, chaque album est une vraie mine d’or pour en apprendre à chaque fois davantage sur les trois héroïnes.
Un récit onirique
Comme toujours, le dessin de Barbucci illumine le récit. On y retrouve son savoir-faire habituel qui permet de se situer aisément dans la temporalité du récit ou encore dans les lieux foulés par les trois sœurs. Ainsi, que cela soit dans la librairie fréquentée par Cassiopée, la salle de sport des compétitions sportives de Sarah ou encore les décors extérieurs dans lesquels évolue Lucille. Chaque endroit est un univers unique disposant de ses propres ambiances lumineuses. Ajoutons encore les atmosphères particulières de la partie du récit se déroulant dans le royaume imaginaire. Là, les couleurs et les lumières deviennent mystérieuses, parfaitement accordées à l’onirisme du récit, entre pouvoirs magiques et quêtes dangereuses. Ici, les cases s’arrondissent de manière à se différencier du récit principal ancré, lui, dans la réalité.
Di Gregorio et Barbucci avaient habitué leur lectorat à naviguer entre récit poétique et exploration psychologique des différents membres de la famille Gremillet. Par le passé, on y a découvert la grand-mère, ou encore des albums consacrés au père et à la mère des trois sœurs. Avec cette aventure orientée heroic fantasy, les deux auteurs font évoluer de fort belle manière une série qui s’installe dans la durée. Elle offre de vrais moments de détente ponctués d’instants de réflexion sur la famille, la solidarité et l’abnégation pour mener à bien des projets, sans craindre l’échec et ses conséquences.
Une chronique écrite par : Bruce Rennes
Informations sur l’album :
- Scénario : Giovanni Di Gregorio
- Dessin : Alessandro Barbucci
- Couleur : Alessandro Barbucci
- Éditeur : Dupuis
- Date de sortie : Le 24 avril 2025
- Pagination : 72 pages en couleurs