La collection « Young Adult » de l’éditeur Drakoo s’enrichit d’un nouvel univers original signé Serena Blasco, célèbre pour l’adaptation des Enquêtes d’Enola Holmes (Jungle) et la série Arcana (Drakoo). Avec une couverture acidulée aux décors de conte de fées et aux personnages jeunes et beaux, les Chroniques des Stellaires c’est la promesse d’un voyage pop et léger. Mais derrière la tapisserie inoffensive peut se cacher un ouvrage beaucoup plus riche qu’il n’y parait.
© Les Chroniques des Stellaires – Blasco / Nguyen – Drakoo, 2025
Fils du grand tapissier Melchior, Isidor est loin d’être passionné par son boulot, loin d’être passionnant, de livreur des fameuses et mystérieuses tapisseries de Stellaires. Ces œuvres magiques sont déposées à tous les jeunes la veille de leur dix-huitième anniversaire et leur montre des éléments de leur destin, notamment leur futur entourage, amoureux comme amical. Après une énième bourde, Isidor mélange les six tapisseries qu’il doit livrer en une nuit. Aucune n’arrivera à son destinataire prévu. Ainsi, pour Lita et Alban, va commencer un grand voyage pour y voir plus clair et retrouver leur propre tapisserie.
© Les Chroniques des Stellaires – Blasco / Nguyen – Drakoo, 2025
L’horoscope tissé d’une vie
Après le tarot dans Arcana, Serena Blasco propose un nouveau concept original comme élément central de son récit : les tapisseries des Stellaires. Entourées de mystères, celles-ci montrent de quoi pourrait être fait l’avenir de chacun s’il épouse ce destin, le libre arbitre étant, en effet, toujours maître. La couleur de l’ouvrage détermine la personnalité du jeune afin de le, ou la, guider vers une vocation : Exploratrices, Inspiratrices, Idéalistes, Guérisseuses, Enseignantes, Artisanes, et enfin Stellaires, les plus rares, considérées comme des élues.
© Les Chroniques des Stellaires – Blasco / Nguyen – Drakoo, 2025
La tapisserie est également ornée de portraits associés à des pierres précieuses, comme l’émeraude pour l’être aimé, ou la topaze pour une amitié sincère. Il peut donc arriver qu’il n’y ait aucun visage, annonçant une vie de solitude pouvant pousser la jeune personne dans une profonde tristesse. Alors, évidemment, une interversion de tapisseries peut se révéler dramatique, en orientant une jeune personne vers des choix qui ne sont absolument pas les bons, selon les stellaires du moins.
© Les Chroniques des Stellaires – Blasco / Nguyen – Drakoo, 2025
Un ouvrage complexe mais accessible
L’exposition et la description de l’histoire et du fonctionnement des tapisseries peut paraître un peu forcée, Melchior faisant d’abord la morale à son fils, peu intéressé par l’ouvrage, avant que Lita n’explique chaque élément à sa jeune sœur. Toutefois, la complexité et l’originalité du concept ne laissait que peu de choix à Serena Blasco, qui s’en sort vraiment bien en utilisant l’attitude blasée d’Isidor et les questions pleines de naïveté de la fillette. Certes, l’importance des tapisseries dans les choix de vie des personnages paraît quelque peu exagérée et improbable, mais, en acceptant ce postulat de base, l’ensemble est plutôt bien ficelé.
© Les Chroniques des Stellaires – Blasco / Nguyen – Drakoo, 2025
Comme dans Arcana, Serena Blasco intègre des pages contextuelles à son récit. Dans les Chroniques des Stellaires, celles-ci prennent la forme de publicités pour des livres de développement personnel et d’ésotérisme aux noms aussi évocateurs qu’ironiques, tels que Trop bonne poire pour être une fraise. Ces planches promotionnelles ont aussi un rôle narratif puisqu’elles ont un rapport avec le lien entre deux protagonistes. Une double page textuelle vient également, peu après la moitié de l’album, décrire de façon plus exhaustive les différences entre les sept personnalités. Si elles peuvent un peu sortir le lecteur de l’aventure très rythmée du récit, elles permettent également de mieux appréhender la suite et la fin de l’histoire.
© Les Chroniques des Stellaires – Blasco / Nguyen – Drakoo, 2025
Une belle bande de…
Les quatre personnages principaux représentent différentes réactions possibles face à cette prédestination : l’enthousiasme, l’idéalisation romantique, le scepticisme, et le rejet. Même s’il est quelque peu caricatural, le quatuor de jeunes protagonistes, encore naïfs ou rebelles, est le gros point fort de cette histoire complète, et pas seulement par leur saine remise en question ou leur trop grande acceptation des tapisseries, mais aussi par leurs personnalités hautes en couleurs. Au-delà d’un humour omniprésent, l’intrigue décline également une réflexion morale. Quelle attitude avoir face aux tapisseries ? En effet, si celles-ci montrent un futur possible, il n’existera que si la personne décide de croire l’ouvrage.
© Les Chroniques des Stellaires – Blasco / Nguyen – Drakoo, 2025
L’humour naît généralement des protagonistes, de leurs interactions, leurs conflits, des situations burlesques ou encore des sarcasmes et piques lancées. Le comique de l’album fait généralement mouche et parvient à ne jamais lasser malgré la répétition des thèmes et certains personnages totalement ridicules, du moins en apparence. On peut même noter une jolie référence à Kaamelott. Avec ce ton beaucoup plus léger que celui d’Arcana, Serena Blasco laisse ici le dessin à l’illustratrice Dao Nguyen, dont on avait pu découvrir le travail dans l’album jeunesse Sous les toits de Paris, chez Père Castor. Avec ses personnages super expressifs, son trait doux, des décors riches et ses couleurs chaleureuses, la dessinatrice fait des merveilles avec des planches superbes.
© Les Chroniques des Stellaires – Blasco / Nguyen – Drakoo, 2025
Comédie romantique dans un univers de conte de fées acidulé, les Chroniques des Stellaires est un doux moment de lecture, souvent drôle, évitant la mièvrerie malgré un final quelque peu exagéré. Le talent de créatrice de concepts fantastico-ésotériques forts et originaux de Serena Blasco, mêlé aux dessins et couleurs, pleins de vie, de Dao Nguyen font de ce one shot une jolie surprise faisant la part belle à l’humour sans oublier une réflexion, légère mais maline, sur les choix de vie.
Une chronique écrite par : Cédric « Sedh » Sicard
© Les Chroniques des Stellaires – Blasco / Nguyen – Drakoo, 2025
Informations sur l’album :
- Scénario : Serena Blasco
- Dessin : Dao Nguyen
- Couleurs : Dao Nguyen
- Éditeur : Drakoo
- Date de sortie : Le 28 mai 2025
- Pagination : 80 pages en couleurs
© Les Chroniques des Stellaires – Blasco / Nguyen – Drakoo, 2025
© Les Chroniques des Stellaires – Blasco / Nguyen – Drakoo, 2025