Le jour du dépassement est un concept écologique qui donne la date, calculée par l’ONG Global Footprint Network, à partir de laquelle l’humanité a consommé l’ensemble des ressources naturelles que la planète est capable de produire en un an pour régénérer ses consommations ou absorber les déchets produits. Dans cette BD d’Owen D. Pomery importée d’outre-Manche par les éditions Sarbacane, c’est le nom du moment où l’alcanite sera totalement épuisée et que les bonds dans l’espace ne seront plus possibles. Les planètes se retrouveront isolées les unes des autres. En attendant cet instant fatidique, des extracteurs se lancent dans un dangereux commerce, consistant à récupérer l’alcanite utilisable dans de vieux vaisseaux naufragés.
©Sarbacane – Le jour du dépassement – Owen D. Pomery – 2025
« On n’est pas dans un conte de fées. On essaie juste de s’accrocher alors que tout s’effondre. »
En compagnie de Mallic, une pieuvre intelligente, les humaines Ada et Haika sont des exploratrices. Elles sillonnent la galaxie à la recherche d’anciens vaisseaux abandonnés ou crashés, pour essayer de dénicher quelques grammes d’alcanite, ce minerai rare qui permet de faire des sauts interstellaires, et dont la pénurie devient inquiétante pour le développement de l’humanité. Cette activité leur permet de survivre tant bien que mal dans un univers où les inégalités sociales ne font qu’augmenter.
©Sarbacane – Le jour du dépassement – Owen D. Pomery – 2025
L’auteur plante un décor de science-fiction pour son récit et pose des problématiques contemporaines autour du trafic criminel de migrants considérés comme des marchandises ou encore des ressources vitales qui s’épuisent ici à l’échelle de l’univers. Cette ambiance de fin d’une ère laisse entrevoir une société qui se désorganise, où les plus puissants tentent de jouer leurs dernières cartes pour empocher le plus de bénéfices possibles avant que tout s’écroule.
©Sarbacane – Le jour du dépassement – Owen D. Pomery – 2025
« La route la plus rapide est celle qu’on n’a pas encore prise »
Les éditions Sarbacane publient le premier album traduit en français d’Owen D. Pomery, illustrateur anglais avec une formation professionnelle et académique en architecture, ce qui se retrouve dans le décorum crédible. Les vaisseaux, les panoramas, les perspectives spatiales, les décors technologiques et les architectures sont convaincantes et fourmillent de détails intéressants qui contribuent à immerger le lecteur dans l’univers de la BD.
©Sarbacane – Le jour du dépassement – Owen D. Pomery – 2025
En revanche, le dessin devient minimaliste quand il s’agit des personnages. Le trait devient naïf et nuit à l’expression des personnages. Les scènes d’actions, quant à elles, manquent un peu de crédibilité et semblent un peu figées. Le récit est développé comme un début de saga. L’album, pourtant présenté comme one shot, se termine sur une fin très ouverte, déstabilisante et frustrante.
©Sarbacane – Le jour du dépassement – Owen D. Pomery – 2025
L’album se découpe en quatre chapitres d’une vingtaine de pages, matérialisés non pas par des chiffres, mais par un procédé visuel ingénieux de barres, comparable au témoin de nos batteries de téléphone portable. Ada et Haika qui font face aux profiteurs, pilleurs et passeurs de migrants sans scrupules, sont de vraies héroïnes fortes et courageuses. Leur quête de ressources, qui résonne avec l’épuisement de nos propres énergies fossiles, laisse cependant un petit goût d’inachevé.
Une chronique écrite par : Emmanuelle DESSEIGNE
Informations sur l’album :
- Scénario : Owen D. Pomery
- Dessin : Owen D. Pomery
- Couleurs : Owen D. Pomery
- Éditeur : Sarbacane
- Date de sortie : 4 juin 2025
- Pagination : 112 pages en couleurs
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