Hazara Blues

claire

il y a 12 heures

Avec « Hazara Blues », Reza Sahibdad, réalisateur et scénariste, raconte son histoire hors du commun, celle d’un enfant afghan né en Iran qui trouvera la clé de sa liberté grâce au cinéma. Yann Damezin illustre ce propos à la perfection, avec son style reconnaissable entre tous. Un duo qui fonctionne à merveille !

La force des histoires

Les histoires, c’est parfois une question de vie ou de mort. C’est ce que ressent Reza avant son entretien à l’Ofpra, l’organisme public en France chargé de traiter des demandes d’asile. Cet entretien va changer sa vie, il se doit d’être convaincant pour obtenir le statut de réfugié politique en France. Tout a commencé à plusieurs milliers de kilomètres. Reza est né en Iran mais il est en réalité afghan car il appartient à l’ethnie Hazara. Les hazaras représentent un quart de la population afghane mais ne sont bienvenus ni en Afghanistan ni en Iran. L’enfance de Reza va donc être une succession de combats, de moqueries et d’obstacles mis au travers de sa route. C’est la découverte du cinéma – et des films interdits qu’il se procure au marché noir – qui va tracer une voie vers la liberté et lui ouvrir des portes habituellement fermées aux afghans.

Sur plus de 200 pages grand format, plusieurs histoires sont racontées en parallèle, avec des temporalités différentes. Le fil conducteur est l’enfance de Reza, la vie de sa famille, l’emprisonnement de son frère et son périple de Téhéran à Paris, en passant par Kaboul. Autour gravitent le récit de son entretien à l’Ofpra, les discussions entre Reza et Yann pour la création de cette bande dessinée et les explications du contexte politique sous-jacent. Les histoires sont complexes, tout comme l’est la réalité vécue par Reza. Chacune des histoires a un code couleur différent : histoires et couleurs s’entremêlent pour le plus grand bonheur du lecteur.

Un graphisme époustouflant

Les illustrations font penser à un conte oriental. Elles sont le résultat de lignes, de courbes, de points qui se mélangent et créent un univers à part entière. L’impression de plonger dans un autre temps et dans un autre monde se confronte à des histoires pourtant bien réelles et contemporaines. Les dessins sont très évocateurs. Yann Damezin fait preuve d’une inventivité et d’une originalité de haut niveau qui emportent le lecteur dans un magnifique voyage dont il ressort émerveillé. Parfois, les dessins sont encore plus forts que les mots. Mention spéciale pour la couverture avec une impression métallisée en vert et or.

La pertinence, l’authenticité du propos, le graphisme aux petits oignons et le soin apporté à cette bande dessinée font de « Hazara Blues » un petit bijou qui trouvera sa place dans toutes les bibliothèques. Du grand art !

Une chronique écrite par : Claire

Informations sur l’album :