Une jeune fille habillée de noir arpente les toits en pleine nuit pour perpétrer des vols demandant rigueur et aptitude physique… Alors, « Fille(s) d’aujourd’hui, enfant(s) de la forme… » ? Cassiopée, la nouvelle héroïne des éditions Dupuis, règle effectivement son pas sur ceux des fameuses Cat’s eyes… Et force est de constater que, comme celles de ses prédécesseures, sa vie n’est pas de tout repos dans Collège, cabrioles et cambriole, le premier tome de ses aventures.
©Dupuis – Cassiopée tome 1 : Collège, cabrioles et cambriole – Amélie Sarn et Luisa Russo
Cassiopée est une collégienne qui vient de revenir à Paris, la ville où elle a passé sa prime enfance. L’adolescente a, malgré son jeune âge, un lourd héritage familial. Orpheline de mère, elle vit avec son frère Natt, et les deux ont repris l’activité de leur père, disparu tragiquement. Et cette activité n’est pas banale car, la nuit venue, Cassiopée et Natt deviennent des cambrioleurs professionnels, réglant les contrats de puissants commanditaires. Le premier vol à effectuer dans la ville lumière provoque des tensions dans la fratrie : il s’agit en effet de détruire un diagnostic de pollution pour un mystérieux homme d’affaires en lien avec le milieu politique. Coup dur pour Cassiopée, qui a une forte conviction écologique ! Ébranlée par ce dilemme, la jeune fille va également devoir gérer une situation délicate au collège où une bande de harceleurs mène la vie dure à ses nouveaux amis.
©Dupuis – Cassiopée tome 1 : Collège, cabrioles et cambriole – Amélie Sarn et Luisa Russo
De l’ancien sous un vernis d’aujourd’hui
Un duo de voleurs effectuant des opérations athlétiques la nuit pour des hommes influents est une intrigue qui a déjà été maintes fois explorée dans tous les types de fiction. De Fantômas aux romans de G. Leroux en passant par les Cat’s eyes citées plus haut ou bien encore Fantomette, le lecteur connaît cette situation. Avec Collège, cabrioles et cambriole, la scénariste A. Sarn part ainsi sur des bases traditionnelles. Mais si celles-ci permettent au lecteur de se sentir rassuré par une atmosphère réconfortante, il attend tout de même quelques surprises, un développement inédit ou tout simplement une ambiance qui lui feront aller vers l’évasion et de nouveaux chemins à découvrir. Or, malgré l’insertion de quelques problématiques actuelles comme le harcèlement scolaire, la scénariste n’arrive pas à faire décoller le lecteur, ni à lui faire oublier les classiques du genre. De plus, certaines thématiques modernes, comme les conflits entre Cassiopée et Natt du fait de leur différence d’âge tombent un peu à plat (Cassiopée est un génie de l’informatique quand son frère « boomer » écrit sur du papier) par manque d’originalité. Le sujet de l’écologie, qui aurait pu être intéressant à traiter n’est que survolé et les instants où une certaine émotion aurait pu être ressentie – notamment lorsque le frère et la sœur parlent de leurs parents – ne provoquent pas l’effet escompté, du fait du rythme assez lent et mal réparti de l’action. Pourtant, malgré la fin très anticipable de l’album, il y a quelques beaux moments, notamment ceux où Cassiopée est au collège. On peut aussi nourrir quelques attentes pour le prochain épisode, par exemple, celle de savoir si le contrat des deux voleurs est relié à leur passé familial.
©Dupuis – Cassiopée tome 1 : Collège, cabrioles et cambriole – Amélie Sarn et Luisa Russo
Une palette sans saveur
La dessinatrice L. Russo produit un travail à la fois lisible et étonnant. D’inspiration manga, les personnages de Collège, cabrioles et cambriole sont nets et assez réussis. L’héroïne et son frère sont ainsi reconnaissables et portent bien leur fratrie, tandis que, s’ils ne sont pas exempts de certains clichés, l’ensemble des collégiens sont eux aussi assez bien vus. En revanche, les décors et l’univers développés par L. Russo sont réduits à leur portion congrue. Le lecteur peut ainsi se demander si, comme on lui explique, l’histoire de Cassiopée se passe bien à Paris, tant les décors typiques de cette capitale sont peu explorés et presque absents. Seuls les fameux toits, l’apparition furtive d’une tour Eiffel et le symbole des bouches de métro font (un peu) penser à la ville française. De plus, on pourra s’étonner de la multiplication de gros plans ou de points de perspective assez approximatifs notamment lors de l’escapade finale de l’héroïne, … Gageons cependant que ce type de dessin, assez présent dans l’univers bédéphile actuel, pourra cependant plaire aux jeunes générations.
©Dupuis – Cassiopée tome 1 : Collège, cabrioles et cambriole – Amélie Sarn et Luisa Russo
Collège, cabrioles et cambriole inaugure donc la nouvelle série Cassiopée, en reprenant des thèmes assez classiques. Si le lecteur peut être légitimement frustré de ce premier opus, il attendra tout de même le développement de l’histoire dans les prochains tomes pour savoir si cette nouvelle héroïne pourra, sans forcément marquer l’histoire de Marcinelle, au moins y trouver une place.
©Dupuis – Cassiopée tome 1 : Collège, cabrioles et cambriole – Amélie Sarn et Luisa Russo
Une chronique écrite par : Mathieu Depit
Informations sur l’album :
- Scénario : Amélie Sarn
- Dessins : Luisa Russo
- Couleurs : Hélia
- Editeur : Dupuis
- Pagination : 64 pages en couleurs
- Date de sortie : Le 28 mars 2025
©Dupuis – Cassiopée tome 1 : Collège, cabrioles et cambriole – Amélie Sarn et Luisa Russo