Buck Danny Classic tome 12 : Atomic City

mathieudepit

il y a 4 semaines

Dans les heures les plus sombres et les époques les plus dangereuses, seul un héros, un vrai, peut sauver la situation et redonner un semblant d’ordre et de sécurité quand tout semble perdu. Buck Danny, vaillant gradé de l’armée américaine est l’archétype de ce genre de personnage : incorruptible, brillant, patriote à l’esprit de sacrifice incroyablement développé. Mais chaque homme a ses failles et ses faiblesses et l’aviateur blond le mieux peigné de la BD ne déroge pas à la règle. Dans Atomic City, l’ennemi de Buck Danny est sa propre conscience.

©Dupuis / Zéphyr – Buck Danny « Classic » tome 12 : Atomic City – Lebras, Marniquet, Zumbiehl

En 1947, seulement deux ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, un nouveau conflit larvé, sans réel terrain d’affrontement ni conflit direct se met en place : la guerre froide entre l’Ouest, mené par les Etats-Unis d’Amérique et l’Est, guidé par l’URSS. L’enjeu principal de Staline est de mettre au point la bombe atomique, ce que les USA ont déjà fait, et mis en pratique à Hiroshima et Nagasaki. Buck Danny, présent sur le tournage du dernier film d’Howard Hugues, a pour mission de mettre fin aux agissements de l’Ombre Rouge, espion soviétique infiltré dans le tournage, et dont l’objectif est de voler les plans de l’arme atomique. Pour ce faire, il a reçu carte blanche de Moscou et est prêt à tout et notamment à des sabotages meurtriers ayant failli tuer Tumbler, l’ailier de Danny. Ayant reçu un ultimatum de Staline, l’Ombre Rouge n’a désormais plus le choix : il lui faut vaincre ou mourir. Il décide alors d’un plan crapuleux : kidnapper Timmy, le frère de Buck, pour obliger l’aviateur à l’aider à subtiliser les dossiers nucléaires. Celui qui n’est encore que major va devoir choisir entre sauver son frère ou trahir son pays.

©Dupuis / Zéphyr – Buck Danny « Classic » tome 12 : Atomic City – Lebras, Marniquet, Zumbiehl

Un héros face à lui-même

Buck, Sonny et Tuckson sont ainsi plongés de plain-pieds dans les tourments que connaît le monde de l’après-guerre. Atomic City, suite de L’Ombre Rouge, en conserve le même décor : le tournage d’un film de guerre dans la vallée de la mort. L’endroit, avec ses montagnes, son désert et son horizon qui semble sans fin, est un lieu parfait pour y tourner un film d’aventures, mais il est surtout proche de Los Alamos, où les scientifiques américains développent leur programme nucléaire. Les scénaristes Zumbiehl et Marniquet s’emparent évidemment de ce point pour conclure leur histoire. Celle-ci, typique de la guerre froide, est en grande partie fondée sur l’espionnage ainsi que sur les moments de bravoure traditionnels de personnages n’ayant pas froid aux yeux. Mais les deux scénaristes ne s’arrêtent pas à ces éléments, certes importants pour un tome de Buck Danny Classic, puisque, dans ce 12^ème opus de la série, ils décident de malmener psychologiquement leur héros. Buck, l’intégrité et le sens du devoir personnifiés, devra faire un choix impossible, celui de trahir son drapeau, ou d’abandonner son jeune frère. Et le héros ne va pas vivre cette situation inédite sans souffrir. Tout au long de l’histoire, où il accapare l’action face à un Sonny spectateur et un Tumbler presqu’absent, Danny va montrer un caractère détestable, lui qui d’ordinaire se montre mesuré et maître de lui. Ce schéma du héros ayant un cas de conscience, si elle est traitée pour le seul personnage de Buck pour l’une des premières fois, n’en reste pas moins classique dans les fictions américaines des 40s et 50s, sillon dans lequel les scénaristes placent leurs pas avec bonheur, comme il se doit dans cette série dérivée. On trouve en effet dans Atomic City des scènes rappelant ces inspirations, comme celle où les héros regardent un essai d’explosion atomique sans trop se protéger. Les fans de la série Buck Danny trouveront aussi des références à plusieurs albums de la collection, comme Menace au Nord, Pilotes d’Essai, ou à Buck Danny Origines.

©Dupuis / Zéphyr – Buck Danny « Classic » tome 12 : Atomic City – Lebras, Marniquet, Zumbiehl

Une fiction en Technicolor

Fidèle à son style réaliste sans être trop détaillé, le dessin de Le Bras est tout à fait adapté à l’histoire. Comme s’il établissait le story board du film de Howard Hugues présent dans l’intrigue, Le Bras sait montrer une ambiance et une atmosphère du Hollywood de la grande époque. Que ce soit dans les costumes des personnages, les uniformes des militaires, les toilettes de l’actrice principale, les blousons des motards ou bien encore les vestes et chapeaux des gangsters, le dessinateur arrive à restituer un climat rappelant le cinéma d’antan et la beauté du désuet. A noter que Atomic City propose un grand nombre de scènes de batailles en plein ciel et que celles-ci, dignes d’une superproduction des années 50, si elles sont agréables à la lecture, permettent également de montrer la beauté des avions d’alors, parfaitement représentés par Le Bras. Cependant, et comme lors de l’album précédent, certains gros plans peuvent parfois surprendre le lecteur, mais cela n’entrave pas la progression dans l’album, visuellement réussi. On note aussi les belles couleurs de Tenaga Romanazzi, accueillantes par leur lumière, sans être trop appuyées, et digne du Technicolor, particulièrement lors des scènes de nuit.

©Dupuis / Zéphyr – Buck Danny « Classic » tome 12 : Atomic City – Lebras, Marniquet, Zumbiehl

Atomic City achève donc le cycle « Raid sur Los Alamos » débuté dans l’album précédent. Dans ce nouvel opus, le lecteur y retrouvera un Buck Danny qu’il n’a pas l’habitude de voir et se demandera jusqu’au bout ce que le héros à la chevelure blonde va décider. Si l’ensemble reste classique, ce qui est l’objectif de cette série dérivée, le cas de conscience inédit du héros apporte une touche de mystère dans un album parfaitement digne de l’univers créé par Hubinon et Charlier.