Notre feuilleton de l’été autour des métiers de la BD continue avec le métier de lettreur. Afin de mieux percevoir en quoi consiste ce travail, Léopold Prudon, lettreur de la BD Watership Down aux éditions Monsieur Toussaint Louverture, a accepté de répondre à nos questions.
©Renaud Monfourny
Les AmBD : Pour commencer, pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours et de vos études ?
Léopold PRUDON : Je suis Léopold Prudon, j’ai 32 ans et je suis auteur et dessinateur de bande-dessinées. J’ai étudié l’illustration à l’école Estienne, à Paris, où j’ai réalisé la BD De l’Autre côté pour mon diplôme de fin d’année, publiée en 2015 aux éditions des Enfants Rouges. Puis j’ai continué mes études à la HEAR à Strasbourg, où j’ai cofondé avec 7 amis illustrateurs le fanzine Mökki. J’ai ensuite suivi une année de post-diplôme à Shanghai avec l’école Offshore, pendant laquelle j’ai réalisé le livre Shanghai Chagrin, publié en 2021 aux éditions l’Association, suivi de La Roue sans merci dans la collection patte-de-mouche. Je travaille à présent sur une longue BD à paraître l’an prochain aux éditions Monsieur Toussaint Louverture, projet pour lequel je suis parti en résidence en Serbie, au Mexique, en République-Tchèque et en Italie. Mon travail réalisé pour Watership Down a constitué mon premier travail de lettreur à proprement parler, si on exclut le lettrage de mes propres bandes dessinées.
© Watership Down – Joe Sutphin, James Sturm d’après Richard Adams – Monsieur Toussaint Louverture – 2025
Les AmBD : A quelle étape de la BD intervient le lettreur ?
Léopold PRUDON : Le lettreur intervient tout à la fin du processus de création d’une BD, quand les dessins et les couleurs sont finalisés et que le texte est relu et corrigé. Ce travail intervient parfois très peu de temps avant l’impression, comme ça a été le cas avec Watership Down.
Les AmBD : Comment êtes-vous recruté par les maisons d’édition ?
Léopold PRUDON : Je n’ai été recruté qu’une seule fois dans ma jeune carrière de lettreur, précisément par Monsieur Toussaint Louverture pour Watership Down. Il se trouve que le lettreur avec qui travaillait cette maison d’édition est tombé malade, et comme je travaille depuis plusieurs années sur une BD à paraître chez eux, et pour laquelle ils ont pu voir à quoi ressemblait mon lettrage, ils ont eu l’idée de me demander de m’en occuper à sa place.
©Léopold Prudon
Les AmBD : Utilisez-vous des polices de caractères déjà existantes ou devez-vous en créer des inédites ? Si c’est le cas, sont-elles protégées par un copyright ?
Léopold PRUDON : Je n’utilise pas de police de caractère existante, mais je ne créée pas non plus de police, puisque chaque page est lettrée à la main. On ne trouvera donc pas de caractères exactement similaires, ils sont tous singuliers et gardent ces imperfections qui, peut-être, les chargent d’une émotion qui les différencie des polices de caractère. Pour Watership Down, par exemple, j’ai cherché à me rapprocher de l’expressivité de l’édition originale, quelque chose de plus gestuel que mon écriture habituelle, tout en conservant ma manière « naturelle » de tracer les lettres.
© Watership Down – Joe Sutphin, James Sturm d’après Richard Adams – Monsieur Toussaint Louverture – 2025
Les AmBD : Quels sont vos projets en cours ?
Léopold PRUDON: En ce moment, je finalise donc une BD pour les éditions Monsieur Toussaint Louverture. Il s’agit d’un livre en noir et blanc d’environ 300 pages qui raconte les errements d’un frère et d’une sœur après la mort de leur père, dans une ville plongée dans le chaos. Je travaille aussi sur un projet de BD en tant que dessinateur pour les éditions Allary, avec Louise Moaty au scénario. Et je cherche un éditeur pour un projet de science-fiction qui prend place dans le jardin botanique de la ville de Caen, où je réside. Je me charge évidemment du lettrage de ces différents projets.
Propos recueillis par : Emmanuelle DESSEIGNE
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