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Les métiers de la BD – épisode 12 : Christophe Vilain, profession journaliste spécialisé BD

Pour ce nouvel épisode de notre feuilleton de l’été sur les métiers de la BD, nous avons rencontré Christophe Vilain, véritable passionné d’écriture et de bande dessinée, professeur au collège et en IUT, membre de l’ACBD, et rédacteur en chef de Zoo le Mag. Il nous parle aujourd’hui de son métier de journaliste.

©Guillaume Berthier

Les AmBD : Bonjour Christophe, merci beaucoup d’avoir accepté notre demande d’interview. Pour commencer, pourrais-tu me parler de ta formation ?

Christophe Vilain : Je n’ai pas de formation de journaliste parce qu’à la base, je suis enseignant. Comme tout le monde, petit, j’avais des BD à la maison, les grands classiques de l’époque, mais aussi Reiser et Cabu. Mon père était ingénieur du son à l’ORTF, à la SFP, puis à France Télévision et j’ai eu la chance qu’il m’emmène sur les différents plateaux de télévision, notamment Récré A2 où j’ai pu voir Cabu dessiner. Cette expérience m’a sensibilisé au dessin de presse et à la bande dessinée. Plus tard, comme beaucoup de jeunes des années 80, j’ai découvert des auteurs tels que Franck Margerin et son personnage Lucien. Lorsque j’étais étudiant à Jussieu, une de mes amies était vendeuse « à la criée » pour Charlie Hebdo et grâce à elle, j’ai pu visiter leurs locaux. J’ai rencontré pour la première fois Tignous, avec qui je suis devenu ami, et toute l’équipe de l’époque.

Quand je suis devenu enseignant à Meaux, ma priorité a été de créer un festival BD afin de favoriser les projets scolaires. Même si je ne connaissais encore pas tous les auteurs, beaucoup ont répondu favorablement : Yslaire, Pedrosa, Tignous, Margerin… Le festival a eu trois éditions en 2001, 2002 et 2003. A l’époque, j’ai fait travailler toutes les structures scolaires de la ville de Meaux autour de cet évènement, de l’atelier à la rencontre, de l’organisation d’expositions à l’organisation de débats par des étudiants… 

©Christophe Vilain

En 2003, j’ai pris une disponibilité et j’ai emmené toute ma famille aux Sables d’Olonne afin d’ouvrir une galerie spécialisée en bande dessinées et photographies. Une quinzaine d’auteurs m’ont confié leurs planches dont Didier Crisse, Pedrosa, Margerin ou Edika. Cette aventure a duré trois ans elle aussi.

A la fin de ma disponibilité, de retour dans l’enseignement, j’ai fait un peu de radio. Je me suis rapproché de la plus ancienne radio associative du Loiret pour leur proposer d’organiser des interviews d’auteurs dans un format un peu long, d’environ 1 heure. J’ai d’ailleurs pris la présidence de cette radio locale à l’époque.

En 2015, une amie journaliste m’a présenté le patron de Ouatch TV, spécialisée dans les loisirs et le high-tech. Le patron, Benjamin Vincent intervient d’ailleurs sur France Info avec une chronique sur le numérique. Je lui exposé ma volonté de faire une émission télé autour de la BD. Il a adhéré et je me suis lancé. Même si j’avais eu une expérience radiophonique, ce projet a été ma première vraie expérience journalistique. J’ai dû construire mon émission, mensuelle d’une durée 1h pour commencer, puis hebdomadaire sur un format plus court de 30mn.
Les deux dernières années, j’ai animé mon émission avec Laurent Turpin, journaliste BD lui-aussi. Malheureusement, comme beaucoup d’autres petites chaînes, Ouatch TV s’est arrêtée. J’ai essayé de proposer mon émission à d’autres canaux mais il semblerait, curieusement, que la BD intéresse peu la télévision. L’émission s’est donc arrêtée en 2019 mais la chaîne YouTube associée, Trait pour trait a continué de se développer avec des interviews et des chroniques. Quand la COVID est arrivée, j’ai créé une pastille qui s’intitulait 1, 2, 3, libraires dans laquelle, chaque semaine, un libraire différent présentait ses coups de cœur en visio.

©Christophe Vilain

J’ai organisé beaucoup d’évènements autour de la BD. Les Banquets de la BD, à Paris, par exemple. Quatre fois par an, j’organisais un repas avec un auteur BD (Franck Pé, François Boucq ou encore Florence Cestac, pour ne citer qu’eux) et une quinzaine d’invités, dans un petit restaurant parisien du 17è arrondissement tenu par un ami amateur de BD.

En parallèle, j’écris depuis plusieurs années des articles dans Siné Mensuel et Beaux-Arts magazine. En août 2024, Nicolas Gouju, le patron de Zoo m’a contacté pour me proposer la rédaction en chef du magazine et du site web que j’ai acceptée !

Les AmBD : Quels sont tes canaux pour suivre l’actualité ? Que cherches-tu à mettre en avant par ton métier de journaliste BD ?

Christophe Vilain : Chez Zoo, nous avons une politique de découverte de nouveautés. Nous nous tenons donc régulièrement informés des sorties par les maisons d’édition. Je fais beaucoup de recherches sur internet pour découvrir des BD qui parfois passent sous nos radars, je regarde ce que vous publiez sur votre site des Amis de la BD, bien sûr ! Internet regorge de sites et de blogs liés à la BD. Les dessinateurs et les scénaristes postent leurs actualités sur les réseaux : c’est très riche ! J’essaye d’équilibrer le magazine entre les sorties que je qualifierai d’ »incontournables », et celles des petites maisons d’édition moins médiatisées, mais toujours avec un regard assez bienveillant.

©Zoo le Mag – 2025


Zoo est partenaire de plusieurs évènements, notamment Le Cabaret Vert dont on parle dans notre dernier numéro de juillet-août. A chaque parution, on couvre les expositions de ces festivals que nous soutenons. De nouvelles rubriques ont vu le jour pour sortir du côté « catalogue de BD », une sur les ateliers d’artistes afin de trouver et comprendre l’ambiance dont ils ont besoin pour créer et une autre à la découverte des petits éditeurs. Dans le numéro de l’été, nous visitons l’atelier-musée de Franck Margerin et nous présentons les éditions bretonnes Locus Solus.
Zoo c’est aussi une application et un site internet avec 80 000 visiteurs mensuels. Nous faisons des liens entre le format papier et le site avec des QRcode qui renvoient vers plus de visuels et d’interactivité.

Les AmBD : Quelles sont les qualités requises pour être journaliste ?

Christophe Vilain : La première qualité, c’est d’être curieux, de lire le plus possible. Il faut être ouvert aussi. Ça fait maintenant 30 ans que j’évolue dans le milieu et au fil des rencontres, les liens que j’ai créés avec certains dessinateurs ou dessinatrices sont devenus des liens d’amitié.

©Christophe Vilain

Les AmBD : Aurais-tu pu devenir journaliste non spécialisé dans la BD ?

Christophe Vilain : Je suis devenu journaliste BD par passion mais il m’est arrivé d’intervenir sur d’autres sujets, par rapport à mon travail d’enseignant ou sur des sujets de société, particulièrement dans Siné magazine.

Les AmBD : Te souviens-tu de la première BD que tu as chroniquée ou mise en avant ?

Christophe Vilain : Il y a 7 ou 8 ans, je faisais des chroniques dans un journal local de Montargis sur les BD de l’été. Je ne me souviens pas du tout premier titre que j’avais choisis mais je me souviens parfaitement d’avoir présenté Sex Story de Laetitia Coryn qui était idéal pour la période estivale !

Les AmBD : Pour conclure, est-ce que tu aurais un petit mot pour les Amis de la BD ?

Christophe Vilain : Lisez des BD tout l’été !

Propos recueillis par : Emmanuelle DESSEIGNE

Vous pouvez discuter de l’interview de Christophe Vilain sur notre groupe Facebook des Amis de la bande dessinée.

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