Le Grimoire d’Elfie : Les reflets de Walpurgis

serena

il y a 8 mois

Elfie revient dans un album toujours aussi poétique, coloré et ensorcelant. Et cela ne signifie qu’une chose : une nouvelle aventure dans un tout nouvel endroit. Car Elfie et ses sœur voyagent de village en village, nous emmenant avec elles sur les routes avec magie et malice.

Pour ce cinquième album, Elfie, Magda et Louette font étape dans le Marais poitevin, une région avec une faune et une flore très riches, et dont la magie est déjà très présente grâce aux nombreux contes et légendes du coin. Elfie, jeune sorcière qui fait de la magie sous forme d’origamis, convainc ses sœurs d’y aller à l’occasion de la fête de Walpurgis, pendant laquelle des dizaines de sorcières et sorciers se retrouvent pour célébrer Mélusine, la Fée Bâtisseuse, protectrice du marais. C’est aussi le seul jour où les « gommeurs », ceux qui ne pratiquent pas la sorcellerie, peuvent voir la magie, permettant pour une fois à Elfie de partager son secret avec ses frangines qui n’ont pas hérité de pouvoirs.

Une fiction qui reflète des risques réels

Une nouvelle fois, le scénario est richement brodé entre mythes régionaux et sorcellerie. En alliant habilement magie et enjeux écologiques, Audrey Alwett (qui a écrit Magic Charlie et scénarisé Princesse Sara, ainsi que Le Jardin des Fées) et Christophe Arleston (au scénario des Forêts d’Opale, le Monde de Troy et Ekho, Monde Miroir) amènent le lecteur à se questionner sur la fragilité des marais. En effet, même si la plupart des espèces croisées lors de la lecture sont imaginaires, comme les trolls ou des feux follets multicolore pleins de vie, l’important est de sentir que l’équilibre de chacun vacille quand leur milieu naturel change brusquement. Le Marais poitevin, aussi appelé la Venise Verte, est d’ailleurs réellement menacé, notamment par la construction de barrages en amont, et les auteurs veulent attirer l’attention sur le danger qui pèse sur ce lieu classé « Grand Site de France ».

Faune, flore et magie

Le dessin de Mini Ludvin, (illustratrice de Yézédie, et qui a aussi dessiné un magnifique puzzle de Mélusine, la Fée Bâtisseuse, personnage dont il est question tout au long de cet album) est toujours aussi lumineux et coloré. Il exprime parfaitement chacune des formes de magie utilisées par chaque sorcier, et rend magnifiquement hommage à toute la faune et la flore présentes dans le livre, qu’elles soient réelles ou enchantées. Tout prend vie sous son pinceau, que ce soit personnages, animaux, ou encore des clefs et autre objets saupoudrés de magie. Les personnages continuent d’être poétiquement démonstratifs, et certaines bouilles feront sourire, tant leurs expressions semblent vivantes.

De multiples références qui s’invitent

D’album en album, le scénario gagne en profondeur et les dessins s’enrichissent, et traite des problèmes plus mature d’épisode en épisode, comme l’écologie ou le militantisme. À chaque tome, le scénario semble plus recherché, et les dessins plus riches. Le lecteur prend plaisir à découvrir une grande diversité de magie grâce à la multiplication des sorciers parmi les personnages. Le souvenir de la défunte mère des trois sœurs revit grâce aux remémorations d’Elfie qui se font de plus en plus précises, ainsi qu’à travers des traits plus détaillés de la part de la dessinatrice. En conséquence, Mélusine, la maman d’Elfie, Magda et Louette se dévoile de plus en plus comme un personnage à part entière, et moins comme un simple souvenir. Mini Ludvin ne ménage pas ses efforts et s’amuse à cacher maintes références au cours des pages, à tel point que le lecteur ne peut que céder à l’envie de relire les tomes précédents, au cas où des détails lui auraient échappé.

Si Elfie voyage de village en village, la lecture de son grimoire transporte les curieux d’aventure en aventure. Cette merveilleuse lecture jeunesse permet de découvrir les petits recoins de la France avec une sublime touche de magie.