Nous avons profité de son passage au Lyon BD festival le 14 juin dernier pour demander à Libon de nous accorder un entretien. Malgré la chaleur étouffante du très bel Hôtel de Ville où se passait le festival, il a accepté avec gentillesse de répondre à nos questions.
© Emmanuelle DESSEIGNE – 2025
Les Amis de la BD :Bonjour Libon, Merci beaucoup d’avoir accepté cet entretien. Tout d’abord, comme je suis curieuse, j’aurais voulu savoir d’où venait ce pseudo ?
Libon : J’ai un nom à consonance polonaise et quant, au début, j’utilisais mon vrai nom, personne ne l’orthographiait comme il faut. C’était un peu pénible. A peu près à la même époque, une de mes nièces, qui avait elle aussi du mal à prononcer mon nom (je m’appelle Ivan), m’a appelé Libon, j’ai choisi de le prendre en pseudo et personne ne l’a jamais mal orthographié !
Les Amis de la BD : Les Amis de la BD connaissent bien vos séries, d’Animal Lecteur aux Cavaliers de l’apocadispe, en passant par Jacques, le petit lézard géant. A chaque fois, on retrouve un « style » Libon : des situations cocasses, de l’humour absurde et un comique de situation réussi. Avez-vous toujours voulu faire des BD humoristiques ?
Libon : Oui, vraiment depuis toujours. Petit j’adorais les BD et des dessins de Gotlib .
© 2025 – Les Cavaliers de l’apocadispe T5 – Libon – Dupuis
Les Amis de la BD : Comment vérifiez-vous le potentiel comique de vos gags ?
Libon : En fait, je me fais plutôt confiance, quand je tiens un gag, je le mets en scène, je le retouche et je vois si le résultat me convient. L’humour, c’est très subjectif. Tout le monde ne rit pas des mêmes gags. Par exemple, moi petit, j’adorais les Monty Python, mais mes parents ne comprenaient pas du tout cet humour. Je me dis que du coup, si je demande l’avis à d’autres personnes, et que nous n’avons pas le même humour, si je modifie mes histoires, elles seront trop éloignées de ce que je voulais au départ, elles perdraient de leur sel. Et si un gag tombe un peu à plat, c’est pas si grave !
© 2025 – Les Cavaliers de l’apocadispe T5 – Libon – Dupuis
Les Amis de la BD : Votre actu récente, c’est la sortie du Tome 5 des Cavaliers de l’apocadispe. Dans ce volume, le trio vit quatre aventures dont deux plus longues que le format habituel. Pourquoi ce choix ?
Libon : Le format des Cavaliers de l’apocadispe est de quatre pages, donc assez court, puisque leurs aventures sont prévues pour être publiées dans le Journal de Spirou. Toutes les histoires parues dans Spirou ne sont d’ailleurs pas toutes éditées en recueil. Pour ce cinquième tome, j’avais envie et besoin de changer de format, de pouvoir emmener mon trio un peu plus loin, de voir comment ils se comporteraient sur des histoires plus longues. Mais même en histoires plus longues, je ne peux rien faire pour eux ! Ils ne changeront jamais !
Les Amis de la BD : Comment se passe la création d’une histoire ?
Libon : Ce qui m’amuse, c’est de trouver des moyens de transformer leurs idées, qui sont souvent un peu idiotes au départ, en véritables catastrophes. Souvent, je pars d’un thème général (comme un voyage) ou d’une idée ( et si quelqu’un se prenait un frigo sur la tête, par exemple). J’imagine ensuite comment ça peut arriver et tout ce qui peut se passer autour. Je pense à mes histoires assez longtemps à l’avance, mais sans les scénariser ou les mettre sur papier. Sur des histoires de 4 pages, je n’ai pas besoin de storyboard, je sais exactement comment l’histoire va se dérouler. Sur des histoires plus longues, cette partie est nécessaire. Je ne peux pas aborder de la même manière, des gags très courts et des histoires plus longues en gardant le même ressort humoristique. C’est d’ailleurs quelque chose qui m’a un peu fait peur quand Dupuis a décidé de publier Jacques, le petit lézard géant en intégrale. Il était prévu en trois tomes indépendants, pas pour être un récit complet. J’avais peur que le changement de forme modifie un peu la dynamique du récit.
© 2025 – Jacques le petit lézard géant – Intégrale – Libon – Dupuis
Les Amis de la BD : Justement je voulais vous en parler. La sortie de cette intégrale, c’est votre deuxième actu du moment. Comment vous est venue cette idée de lézard atomiquement modifié ? C’est un clin d’oeil à Godzilla ?
Libon : Oui, c’est clairement la référence du début. C’était un prétexte pour démarrer l’histoire. Jacques, c’est un petit lézard qui devient géant (mais pas trop) et qui voit le monde d’une manière totalement personnelle. Il est innocent et en complet décalage avec tous ceux qu’il croise. Eux, en revanche ont tous un avis ou une réaction complètement exagérée quand ils le voient.
Les Amis de la BD : Est-ce que, vous aussi, quand vous étiez petit, vous aviez comme les cavaliers, un petit coté danger public, vous n’aimiez pas l’école et vous traîniez avec vos copains pour faire des bêtises ?
Libon : Pour ce qui est du contexte, je pourrais dire qu’il est très légèrement autobiographique. Moi aussi, comme mon trio, j’habitais à la campagne et j’étais assez libre. A cette époque, nos parents nous laissaient vadrouiller dans la nature et on faisait forcément des bêtises… mais sans aucune comparaison possible avec les leurs !
© Les Cavaliers de l’apocadispe – Libon – Dupuis
Les Amis de la BD : Quelle est votre BD à gag préférée ?
Libon : Gaston Lagaffe de Franquin. C’est un de mes piliers !
Les Amis de la BD : Vous avez été le premier auteur à effectuer une dédicace dans un roller coaster. Vous avez d’autres idées de défis sensationnels à relever ?
Libon : Ah oui ! C’était au Parc Spirou. Le journal réunit tous ses auteurs sur un week-end et une année, ils avaient eu cette idée un peu folle de nous faire dédicacer un ouvrage pendant un tour de manège à sensation. J’avais adoré ! J’avais surtout pu dessiner pendant la montée du manège. J’ai très envie de tenter de nouveau l’expérience sur un autre rollercoaster que j’ai repéré, toujours au parc Spirou, mais les gérants trouvent que ce serait trop dangereux. Je pense me fabriquer des crayons en mousse pour pouvoir le faire quand même !
© 2025 – Le Journal de Spirou – Dupuis
Les Amis de la BD : Avez-vous des projets de nouvelles séries ?
Libon : Non, pas pour le moment. J’ai encore envie de passer un peu de temps avec les Cavaliers. Leurs bêtises sont un sujet inépuisable, alors je vais poursuivre leurs aventures. Je continue de dessiner aussi la série Un petit pas pour l’homme qui est prépubliée dans la revue Fluide Glacial. J’invente les origines très premier degré et bien entendu totalement bidon, à tout un tas d’inventions humaines. Le deuxième tome de cette série devrait sortir en septembre prochain.
Les Amis de la BD : Pour conclure, avez-vous envie de dire un petit mot aux amis de la BD ?
Libon : Je leur dirai merci et surtout continuez à lire des BD !
Les Amis de la BD : Merci à vous pour votre disponibilité et votre gentillesse, et nous allons bien sûr tous suivre cet excellent conseil !
Propos recueillis par : Emmanuelle Desseigne